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Gomis était en transe
Capitaine de l’OM en l’absence de Lassana Diarra, le buteur a livré un match d’une intensité folle, dans le pressing comme dans ses attitudes. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
MATHIEU GRÉGOIRE NICE – « Balotelli ? Moi, j’ai Bafé Gomis », a dit Franck Passi vendredi, un peu bravache. Hier soir, son fier avant-centre a tout fait pour assumer la comparaison. Dans un état d’excitation avancée, Gomis a d’abord tenté de perturber l’attaquant italien lorsque celui-ci s’est avancé vers le point de penalty (7e). Balotelli a essayé d’écarter doucement le Marseillais en le prenant par la taille, et Gomis s’est alors mis à hurler, d’abord en direction de son gardien Yohann Pelé, puis de « Super Mario », dans une démonstration de « trash-talking » dont on ne le savait pas friand. Gomis, garçon policé en dehors des terrains, a plutôt l’habitude de s’exprimer comme un ministre des Affaires étrangères, avec des phrases longues comme un jour sans pain.
Après OM-Lorient (2-0), le 26 août, il minaudait d’ailleurs en évoquant le brassard de capitaine. Il verrait avec son entourage, il s’agit de ne pas « se disperser ». Capitaine à l’Allianz Riviera, en l’absence de Lassana Diarra, il a montré une attitude à la mesure du symbole. Balotelli, plus désarçonné par les questions de Laurent Paganelli dans le vestiaire que par les cris de Gomis, a transformé son penalty. Mais le buteur marseillais lui a répondu de la même façon, avec une frappe puissante sous la barre de Cardinale, à la 72e minute, et il est allé rugir dans les filets du gardien niçois, qu’il a failli transpercer. Toutes griffes dehors, la panthère a fait face aux Ultras de la Populaire Sud, provoquant une nouvelle vague de frissons dans un match haletant de bout à bout.
Exemplaire dans le travail défensif
Entre ces deux scènes incroyables, Gomis a été le fer de lance du pressing marseillais, gênant sans cesse les relances de Dante et de Paul Baysse, bien embêtés par ses déplacements rageux. À l’entraînement, à la Commanderie, les spectateurs sourient parfois quand ils voient Gomis, avec son physique solide, galérer lors des tours de terrain sous le cagnard marseillais. Il n’a pas la foulée d’Haile Gebreselassie ? Et alors ! Il sue à grosse gouttes et se dépense sans compter, son exemplarité dans le travail défensif, mais aussi ses remises sur les attaques placées, ont permis au bloc marseillais de remonter et il a semé la zizanie dans l’arrière-garde azuréenne. « Ils ont des joueurs très forts devants, ils ont une grande force de percussion, ils se sont créé trop d’occasions à mon goût », a ainsi relevé Lucien Favre, l’entraîneur niçois, en évoquant le quatuor offensif marseillais. Il aura juste manqué un peu de lucidité à Gomis, trop juste sur des centres parfaits de Thauvin (47e, 55e). Mais les mouvements produits, notamment lors d’une première période dominée par l’OM, laissent augurer des lendemains heureux. Gomis, à l’origine du 4-4-2 instauré par Passi depuis deux rencontres, se sent plus utile avec un deuxième attaquant qui tourne autour de lui (Leya Iseka hier, Njie bientôt). « Normalement à 2-1 on avait fait le plus dur. On a fait preuve de naïveté, on faisait moins de course, on ressortait moins bien les ballons. On méritait le nul mais on doit montrer plus de caractère », a dit Gomis au micro de Canal +. Il fera tout pour dissiper cette amertume le week-end prochain. Ça tombe bien, le rival qui se pointe au Vélodrome s’appelle l’Olympique Lyonnais. La panthère sera encore sous tension.