Information
DOCUMENT RMC SPORT. Au micro de RMC Sport, l’Américain Frank McCourt, futur propriétaire de l’OM, s’est longuement confié sur le rachat du club phocéen. Il confie sa vision, ses ambitions et les moyens qu’il compte se donner pour remplir ses objectifs.
Quand avez-vous entendu parler de Marseille pour la première fois ?
Il y a deux ans, enfin… Pas vraiment pour la première fois bien sûr, je connais Marseille depuis le début de ma vie d’adulte. C’est une belle marque connue partout dans le monde. Quand je suis devenu plus impliqué ? C’était il y a deux ans. J’étais à un mariage à Aix-en-Provence. Le club n’était pas en vente, mais il y avait des discussions au mariage car il y avait pas mal de fans de l’OM, se demandant quand le club serait vendu… probablement bientôt à l’époque, et si j’étais intéressé par un rachat. Donc je me suis fait « un post-it dans ma tête » car cela me semblait intéressant.
A lire ici >> OM - McCourt : "Nous arriverons à être numéro 1"
Quand avez-vous été vraiment intéressé par ce rachat ?
C’était il y a trois mois. J’ai été approché, le club était ouvertement sur le marché, Margarita Louis-Dreyfus avait décidé de vendre, donc là je me suis penché sérieusement sur le dossier. Le cheminement s’est fait par séquence.
Vous évoquez Margarita Louis-Dreyfus, pouvez-vous nous raconter la première fois que vous l’avez rencontré ? Et ce moment où elle vous a annoncé que vous étiez le futur repreneur…
C’était un super sentiment, un super moment car c’est un club fantastique. C’est vraiment spécial, il n’y a qu’un seul OM. Quand Margarita a pris sa décision, que j’allais être l’acheteur, j’étais très heureux, et très excité aussi.
Marseille est une ville avec une ferveur exceptionnelle, avec des supporters qui sont souvent magnifiques et derrière leur équipe. Comptez-vous garder cette accessibilité, quand on voit aujourd’hui que les abonnements sont peu coûteux ?
Je pense qu’il est très important d’être sûr que le Vélodrome soit accessible, que les fervents supporters continuent de venir avec leur famille afin d’assister à un match. Quand je serai en possession de l’OM, et que je pourrai réellement étudier la situation, nous prendrons les décisions sur ce que sera le futur. Mais je peux promettre qu’il y aura toujours des places réservées et accessibles financièrement aux Ultras.
« Je ne vais pas faire chèque sur chèque comme les Qataris »
Cette passion dont vous parlez M. McCourt est essentiellement liée au football ici à Marseille. Vous dites vouloir jouer les premiers rôles en championnat, voici une question très concrète : voulez-vous être champion dès la saison prochaine ?
C’est important d’avoir un projet, de fixer des objectifs et de mettre en place un plan pour les réaliser. Il faut être réaliste sur ces projets. Il est important de faire mieux que la promesse, plutôt que de voir grand et faire moins bien. Nous n’avons encore rien fait, cela fait seulement quelques semaines que je suis là. Faire des annonces sans pouvoir les assumer ensuite serait une erreur. Nous aspirons à être les meilleurs, je pense sincèrement que nous arriverons à devenir les numéros 1, et à le rester. Mais cela va prendre du temps. Nous allons donc fixer l’objectif, être clair, et travailler pour l’atteindre. Les résultats sont ce qui comptent, pas les mots.
Peut-on rivaliser avec un club au budget illimité comme le PSG ?
Honnêtement non, je ne suis pas les Qataris. C’est impossible. Mais je vous le dis, je mettrai plus de moyens qu’il ne l’a été fait dans le passé. Je vais augmenter le budget du club. On va avoir un plus gros budget, et on va recruter de bons joueurs, tout en développant nos jeunes talents afin de nous développer localement, mais aussi autour du monde. Il y a beaucoup de joueurs qui veulent jouer pour l’OM, mais nous devons devenir le genre de club qui fait venir les grands joueurs. Mais je ne vais pas faire chèque sur chèque comme les Qataris car cela est impossible. Mais on peut investir les fonds nécessaires afin de gagner, on le fera. Et on sera plein de ressources, et très intelligents sur la façon de le faire, c’est mon travail et celui de tous ceux travaillant dans mon groupe.
Quelles sont les limites de votre projet ? Rêvez-vous de gagner la Ligue des champions ?
C’est ce pourquoi nous faisons cela, être les numéros 1. J’ai le même rêve que les supporters de Marseille. Nous devons avancer étape par étape et mettre cela en place, encore une fois, c’est un projet que nous allons réaliser ensemble.
« Nous avons besoin de stars »
Comment redorer la marque OM ?
Grâce à mon expérience dans le sport, j’ai compris que l’on ne pouvait pas remplacer une marque iconique. Elles sont iconiques pour plein de raisons : elles sont là depuis longtemps, elles ont connu le succès, elles ont une tradition, une histoire, elles veulent dire quelque chose pour des gens. De temps en temps, ces marques perdent leur aura. C’est comme une pièce en argent qui perd son éclat. Il suffit de la regarder et de la polir un peu, vous découvrirez que l’éclat est toujours là, il suffit juste de lui prêter attention. C’est ce dont a besoin l’OM. Il a besoin d’un plan, une stratégie, une vision, un bon management que l’on doit appliquer. C’est largement faisable car l’OM est un élément précieux. Rapporter les lustres d’antan sera largement faisable.
L’une des stratégies est-elle de ramener une star ?
C’est l’une des façons de faire, ce n’est pas une question : nous avons besoins de stars ! Mais on peut acheter tous les joueurs, rien ne vaut les victoires. Cela doit être notre focus. Les stars pourront nous aider à gagner, et ce seront les joueurs que nous voulons. Je ne veux pas de stars pour le marketing et qui ne sont pas concernées par la victoire. S’ils nous aident à gagner, je les veux ici avec nous. Nous devons amener de l’expérience, des joueurs talentueux, et développer nos jeunes talents en formation afin d’avoir un vivier de talents. C’est comme cela que l’on construit et que l’on reste des gagnants.
Avant la fin du mercato, vous avez appelé Lassana Diarra. Pouvez-vous nous raconter cet échange car vous avez participé au fait qu’il soit resté...
Nous avons signé l’accord 48h avant la fin du mercato. J’ai senti que je pouvais faire certaines choses, et l’une d’entre elle était de garder l’un de nos meilleurs joueurs, même si nous étions limités par le temps. C’est un super joueur, il peut beaucoup aider cette équipe. C’était mieux de le garder plutôt que d’en recruter un nouveau. On a discuté, je lui ai dit ce que je vous dis là, mon projet. Je l’ai encouragé à rester et à jouer à fond pour le club. J’espère que tout sera bien pour tout le monde.
« Le Vélodrome n’est pas à vendre »
Allez-vous mettre de l’argent pour acheter le Vélodrome ?
Il n’est pas à vendre. On me l’a expliqué, on l’a accepté. Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin y est très attaché. On peut y jouer, et ramener à Marseille des titres, et la ville peut rester propriétaire. Ce n’est pas un sujet auquel nous pensons. Nous pouvons être champions sans être propriétaire du Vélodrome.
Vous avez déjà gagné le cœur des supporters. Que voulez-vous leur dire ?
J’apprécie leur soutien. Nous sommes ensemble maintenant dans ce projet, moi, ma famille et les fans de l’OM. Nous avons beaucoup de travail à réaliser ensemble pour que cela fonctionne. Je veux qu’ils sachent qu’ils m’aimeront encore plus quand on gagnera, je le sais ! Ils ne m’aimeront pas tant que cela si nous ne gagnons pas. Nous avons beaucoup de travail, je donnerai tout. J’ai beaucoup apprécié de vous parler car quand je m’adresse à vous, je m’adresse aux supporters. Ils sont le cœur et l’âme de ce club, et je le comprends car j’ai été moi aussi un supporter.
Vous avez investi plus de 100 millions d’euros dans l’université de Georgetown… Que comptez-vous faire pour Marseille dans la ville ?
C’est une bonne question car nous avons parlé des quatre piliers de notre projet. Le premier est de gagner. C’est construire une équipe compétitive. Le numéro 2, ce sont les supporters. On veut assurer aux fans la meilleure expérience dans toute la Ligue 1. Le troisième est d’assurer la bonne santé du club en dehors des terrains aussi. Le quatrième est celui dont vous parlez, la communauté. Il est important que l’OM soit un modèle, redonne à la communauté, à la ville. C’est un rôle important pour un club tel que Marseille. Le club est tellement important pour les Marseillais, il y a tellement de passion, de fierté, que c’est important que l’équipe donne en retour au peuple, c’est un pilier très important pour nous.