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Le patron de l'OM s'attaque aux Gafa
Le propriétaire de l'OM a présenté à New York le protocole open source et décentralisé issu de Project Liberty. Il a déjà prévu d'investir 250 millions de dollars dans ce projet.
Pour Frank McCourt, le défi est au moins aussi grand que de s'attaquer, avec l'Olympique de Marseille, au Paris-Saint-Germain et ses moyens colossaux. L'entrepreneur américain, propriétaire de l'OM, veut redonner aux utilisateurs le contrôle de leurs données et s'attaquer ainsi aux Gafas. «Le PSG, c'est comme la big tech», lance-t-il, alors qu'il présente à New York son «Projet Liberty» qui lui tient à coeur et pour lequel il a déjà prévu de dépenser 250 millions de dollars (contre 100 millions annoncés précédemment).
Son équipe a créé un nouveau protocole décentralisé et open source, qui s'appuie en partie sur la blockchain (DSNP pour Decentralized Social Networking Protocol). L'objectif désormais est qu'il régisse l'Internet 3.0 et permette aux utilisateurs de récupérer le contrôle de leurs données, via un «graphe social», la représentation de toutes nos interactions en ligne, similaire à celui que Facebook a créé, mais qui échapperait aux sociétés privées.
Trois piliers
«Ce projet a trois piliers: la technologie, la 'gouvernance' ou comment capter les valeurs que nous voulons retranscrire dans la technologie, et le mouvement à impulser, la communauté qui va développer les produits», résume Frank McCourt, qui compte allouer 100 millions de dollars à la «gouvernance», via un institut qui a déjà établi des partenariats avec Sciences Po et Georgetown, et 75 millions de dollars pour chacun des autres piliers. Pour ce qui est de la communauté, elle était réunie cette semaine à New York lors d'un événement physique, Unfinished Live.
Pour le moment, le modèle économique derrière ce Projet Liberty reste incertain. «Ce n'est pas la priorité aujourd'hui. Nous développerons nous-mêmes certains produits, nous créerons des entreprises qui gagneront de l'argent. Et d'autres, dans la communauté, s'approprieront les outils et développeront d'autres produits», ajoute Frank McCourt.
A Marseille?
Le projet est né il y a deux ans des discussions de Frank McCourt avec Braxton Woodham, qui a déjà créé plusieurs entreprises et qui est passé, notamment par le site de critiques de cinéma Rotten Tomatoes ou le service de streaming Flixster. «Nous avons fait le constat que le 'capitalisme de surveillance' et les réseaux sociaux ont érodé la confiance dans la démocratie. Il devenait de plus en plus évident que la technologie était sans doute le problème principal, mais qu'elle pouvait aussi être la solution», explique Frank McCourt. Les deux hommes étant alors au pied de la Statue de la Liberté, le projet s'appellera «Projet Liberty».
Frank McCourt a un autre rêve: celui d'installer Projet Liberty à Marseille, une ville dont il est tombé amoureux après avoir racheté l'OM. «La ville attire de plus en plus les talents, en particulier les artistes, il y aurait une vraie cohérence», plaide-t-il.
Nicolas Rauline
Les Echos