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Margarita Louis-Dreyfus vexée !
La propriétaire de l’OM rendra bientôt les clés de la maison. En attendant, elle n’aime pas qu’on la fasse passer pour une radine patentée. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Et un communiqué, un ! Bientôt, avec toutes les « mises au point » de Margarita Louis-Dreyfus publiées sur le site officiel de l’OM, un éditeur pourra constituer un recueil. Le titre ? Pourquoi pas « Vive l’OM », la devise du club qu’elle a inventée au printemps, évacuant sans ménagement l’historique « Allez l’OM ».
Hier midi, donc, MLD a trempé la plume dans ses plaies : « Depuis quelques années, il y a des commentaires dans la presse qui indiquent de manière maladroite que je disposerais d’une importante fortune personnelle. Les titres du Groupe Louis-Dreyfus ne m’appartiennent pas, mais sont portés par une Fondation. C’est pourquoi je ne peux en aucun cas valoriser ces titres pour moi et ne possède pas les milliards qui me sont prêtés par la presse. » Pour un des conseillers de la patronne, « les mots sont savamment pesés ». Totalement incompréhensibles pour le profane, mais pesés, et surtout portés par une ardeur qui ne déplairait pas aux plus ultras du virage sud du Vélodrome. « Avec MLD, le diable se niche dans les détails, et parfois, elle part en vrille », confie un proche.
Un trésor estimé à 6,8 milliards de dollars par Forbes
La raison de son courroux ? Des propos de Christophe Bouchet, ancien président de l’OM (2002-2005) dans la Provence, mardi : « McCourt ne va pas mettre 500 M€, j’en suis sûr. Il est beaucoup moins riche que Margarita Louis-Dreyfus, il ne faut pas s’attendre à grimper aux arbres. »
Attendez, attendez, attendez… McCourt est milliardaire, il va investir dans l’OM, MLD est encore plus riche, mais elle gère le club avec la fermeté d’un Thénardier. Suffisant pour que la proprio se vexe.
À la mort de RLD, en juillet 2009, elle a récupéré les biens personnels, l’OM, mais aussi un siège à la fondation Akira, qui détient les intérêts familiaux dans le groupe Louis-Dreyfus, spécialisé dans le négoce de matières premières. Elle représente ses trois enfants (Éric, les jumeaux Kyril et Maurice) jusqu’à leur majorité, fixée à trente-trois ans selon la biographe de MLD, Elsa Conesa, à vingt-cinq printemps selon d’autres sources.
Ils sont les héritiers des parts placées dans Akira, et donc les vrais bénéficiaires d’un trésor estimé à 6,8 milliards de dollars par Forbes. Pour le magazine américain, Margarita est la 171e fortune mondiale, la 13e femme la plus riche de la planète. La femme d’affaires russe, cernée par les exécuteurs testamentaires suisses de RLD, Martin Foster et Ivo Hungerbühler, ne l’entend pas de cette manière. « Elle raisonne seulement avec ses liquidités personnelles et ses dividendes, explique un intime, et se considère seulement nantie de quelques centaines de millions d’euros. » Moins que McCourt. Et moins que son fils, Kyril, dix-huit ans et actionnaire de l’OM à hauteur de 5 %, qui aura un jour le cash… pour se payer un beau club de foot.
MLD fait ainsi le grand écart. D’un côté, les classements de Forbes, sa fortune « professionnelle », ses traders du groupe Louis-Dreyfus payés rubis sur l’ongle, sa puissance dans le milieu des affaires et le prix de la capitaliste de l’année. De l’autre, l’OM, sa politique d’austérité, ses investissements inexistants, ses salariés rémunérés au tarif syndical, le prix des dosettes à café qu’il faut surveiller, les jugements intraitables des supporters. Presque une double personnalité.