L’Olympique de Marseille doit d’abord digérer la «déception», mais sa saison manquée ne l’a pas «déstabilisé», dit vendredi à l’AFP le propriétaire américain Frank McCourt, car «maintenant, il faut aller de l’avant».
McCourt, qui s’exprimait en marge du match OM-Montpellier, assure qu’il fera face au fair-play financier et que le président, Jacques-Henri Eyraud, et le directeur sportif, Andoni Zubizarreta, poursuivent leurs missions.
Q: Êtes-vous déçu par cette saison ratée?
R: «J’ai été très clair au sujet de ma déception. Nous avions dit au début de la saison que nous voulions finir sur le podium, nous ne sommes pas sur le podium, c’est une déception, c’est aussi simple que ça.»
Q: Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné?
R: «Je laisse ces aspects techniques à d’autres, mais de mon point de vue, nous avions très bien commencé à construire, l’an dernier nous avions fini sur une très bonne note. Nous avons procédé à quelques ajustements sur l’équipe qui, pensions-nous, la rendraient encore plus forte, mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Vous savez, quelquefois, en sport, les plans les mieux conçus ne marchent pas. Mais je suis aussi focalisé sur l’avenir, plutôt que de me plaindre du passé. Je sais que les supporters sont déçus, je l’ai partagé avec eux, mais nous le sommes tous. Maintenant, il faut aller de l’avant.»
Q: L’absence de coupe d’Europe pose-t-elle un petit ou un gros problème financier?
R: «La vie est pleine de problèmes, des gros, des petits... Ce n’est pas cela qui va nous arrêter. Le fair-play financier est réel, nous ne faisons pas les règles, mais nous les suivons, cela signifie que nous devons faire des ajustements et que nous les ferons. Nous avons déjà commencé à en parler, Jacques-Henri (Eyraud, le président), moi-même et Andoni (Zubizarreta, le directeur sportif), pas seulement du changement d’entraîneur, mais d’autres changements que nous allons faire. Je préfère appeler un problème un challenge. Un challenge vous force à penser différemment, à agir différemment, vous contraint à mettre en place une nouvelle stratégie. C’est ce que nous devons faire, transformer les problèmes en opportunités.»
Q: Quelles solutions?
R: «La première décision a été prise (le départ de Rudi Garcia), le moment était venu, maintenant, nous cherchons son remplaçant. C’est le début de la prochaine phase du projet, avec d’autres changements.»
Q: Pas de nom pour le prochain coach?
R: «Nous n’aurions plus rien à nous dire si je vous disais tout dès maintenant» (rires).
Q: Vous continuez donc avec Eyraud et Zubizarreta?
R: «Oui, bien sûr.»
Q: Devrez-vous vendre des joueurs cet été?
R: «Je ne vais pas rentrer dans les détails, Jacques-Henri et Andoni vont résoudre ces questions, mais le fair-play financier est bien réel, nous devons en tenir compte. Mais encore une fois, nous ne sommes pas déstabilisés par cela, cela nous contraint juste à envisager d’autres stratégies. J’ai souvent eu l’expérience dans ma vie que parfois quand les choses changent, ce qui semblait un problème -un challenge- au premier abord s’avère finalement être la meilleure chose possible. Vous procédez à un ajustement, quelque chose que vous n’auriez pas fait si vous n’y aviez pas été contraint, et finalement, cela marche très bien. Je suis très confiant, nous allons continuer à faire avancer notre projet, et peut-être l’année prochaine, tout cela ne sera qu’un lointain souvenir. Attention! Je ne dis pas cela pour minimiser. Les fans sont déçus, je suis déçu, Jacques-Henri est déçu, tout le monde impliqué au club est déçu, mais c’est parce que nous nous sentons concernés. Tout le monde travaille dur pour ce projet, nous avons pris de nombreuses décisions, nous avons investi des moyens pour que cela marche, mais cela n’a pas marché. Alors oui, c’est une déception, mais c’est le sport, il faut aller de l’avant.»
Q: Allez-vous réinvestir?
R: «Je remplirai tous les engagements que j’ai pris, j’ai toujours été fidèle à ma parole à ce sujet, nous allons continuer à investir dans le club, mais nous allons aussi jouer selon les règles, et encore une fois, le fair-play financier est bien réel. Ces décisions ne dépendent pas que de moi et de mon portefeuille.»
Q: Allez-vous annoncer une qualification pour la Ligue des champions dès la saison prochaine?
R: «Je ne vais rien dire de tel, non pas parce que nous aurions peur de nous fixer des buts, mais parce que ce serait inapproprié maintenant, cela pourrait sonner comme si nous n’étions pas réellement déçus. Là maintenant, nous devons ressentir cette déception, tout le monde au sein de l’organisation doit sentir ce que ça fait, et croyez-moi, nous le sentons, moi y compris. Nous nous en sortirons, mais nous devons vivre un petit peu avec ce sentiment.»
Q: Des banderoles de supporter vous ont égratigné, l’une disait: «Tu t’es fait arnaquer » («You get scammed», contre Lille le 25 janvier), comment réagissez-vous?
Q: «Je n’ai aucune réaction, les gens ont le droit d’avoir une opinion. Tout ce que je peux dire c’est que j’ai rempli tous les engagements que j’avais pris, j’ai investi des ressources significatives dans le club, et je sais que tout le monde travaille très dur pour atteindre nos objectifs. Les supporters sont déçus que l’équipe n’ait pas performé comme attendu, je le comprends totalement, et je le partage. Mais on n’attend pas vraiment que je réponde à tel ou tel commentaire, moi, je dois surtout penser à la vision d’ensemble et m’assurer que tout le monde fait son travail pour bâtir un vrai champion ici. Pour construire un champion, vous comprenez bien que je ne peux pas réagir à chaque commentaire, et j’ai la peau dure.»