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McCourt face à l’échec
FIASCO L’Américain voit ses investissements à l’OM partir en fumée et son projet s’égarer. Pas sûr qu’il s’en satisfasse très longtemps...
Au point mort. Et même pis, en régression. Lorsqu’il s’est posé à Marseille à la fin de l’été 2016, Frank McCourt n’avait qu’un mot à la bouche : gagner. Avec son conseiller Didier Poulmaire et l’homme qu’il allait choisir pour le représenter à la tête de l’OM Jacques-Henri Eyraud, le milliardaire américain rêvait en grand. Il déroulait son Champions project, parlait de conquêtes, de rivalité avec le PSG, de Ligue des champions, d’investissements massifs. "Le but est de bâtir une équipe capable de remporter le championnat, compétitive saison après saison. Dans mon esprit, quel serait le but ou l’intérêt d’être 2 e ? Où est la passion, l’excitation, l’envie, le défi ? Nous voulons être le club N.1", posait-il dans ces colonnes, quelques semaines avant de devenir officiellement propriétaire de cette vénérable institution.
Près de 1 000 jours plus tard, ce discours bien rodé ne résonne plus de la même manière. Après avoir semé des promesses au cours des deux premières saisons et connu une progression au classement, son OM s’embourbe dangereusement. À moins d’un miracle auquel plus grand monde ne croit, le club vivra une sixième saison sans Ligue des champions, objectif pourtant inscrit dans son tableau de marche. Soit un manque à gagner d’une cinquantaine de millions d’euros. Il pourrait même ne connaître aucune aventure européenne, l’équipe de Rudi Garcia se trouvant en ballottage très défavorable pour la qualification en Ligue Europa. L’accident industriel pointe, le fiasco pourrait s’avérer retentissant.
McCourt peut-il s’en contenter et continuer à prôner "la stabilité et la continuité", comme il nous l’avait confié le 25 janvier dernier, et attendre de jours meilleurs en restant les bras croisés ? L’échec qui se profile ne le conduira-t-il pas à revoir ses plans et à couper des têtes, alors qu’il a consenti tous les efforts financiers promis et réclamés par les hommes qu’il a mis en place ? Présent au Vélodrome dimanche dernier pour assister à la nouvelle défaite contre Nantes (1-2), il a également pu se rendre compte que le contexte s’alourdissait et mesurer le rejet des supporters envers Eyraud et Rudi Garcia, qu’ils ne supportent plus. Le départ du président et de l’entraîneur est régulièrement réclamé.
Depuis l’éviction plus ou moins provoquée de Poulmaire du premier cercle, McCourt ne dispose plus que d’un seul relais, Eyraud en l’occurrence, pour lui rendre compte de la situation. Il apprécie le bilan extra-sportif de ce dernier, ainsi que les compétences qu’il lui prête. Même si le football n’appartient pas à son univers, il n’est pas dupe. Il demeure conscient que quelque chose ne tourne pas rond.
Ce n’est sans doute pas un hasard si, selon nos informations, l’Américain demande depuis quelque temps à rencontrer des personnalités du monde de l’entreprise (dont les identités n’ont pas filtré) pour connaître leur sentiment sur la situation de l’OM. Cette démarche ne signifie pas pour autant qu’il va trancher dans le vif prochainement. Mais il écoute, s’ouvre à d’autres analyses. Sans jamais perdre de vue son objectif initial : gagner. Il demeure persuadé qu’il peut y parvenir avec une bonne stratégie et des idées claires, comme le lui a soufflé, un jour, un certain Arsène Wenger. "Il veut vraiment gagner et croit dur comme fer à son David contre Goliath, ce n’est pas de la communication, insiste son entourage. Mais il est pragmatique et changera si les résultats ne sont pas au rendez-vous."
Cette fin de saison et l’échec qui s’annonce pourraient lui en donner l’occasion. Histoire de donner un second souffle à son Champions project.
"JHE", un président dans le "tur-fu"
Jacques-Henri Eyraud peut-il continuer à mener à bien sa mission à la tête du plus fada des clubs français ? Entre les mauvais résultats sportifs, le bilan économique désastreux et le rejet des supporters, son avenir à Marseille devrait en théorie s’écrire en pointillés à l’heure où le Champions project fait désormais partie du "Grand bêtisier de l’OM". La question reste pourtant entière.
Homme de confiance de Frank McCourt, le président olympien est l’objet d’un feu nourri de critiques. Il faut dire que le professoral dirigeant accumule les erreurs. Avec le recul, sa faute originelle aura sans doute été de donner les pleins pouvoirs à Rudi Garcia au poste d’entraîneur tout en lui laissant coopter Andoni Zubizarreta en directeur sportif. Un choix dicté par une démarche pédagogique. Novice dans le football, JHE voulait voir pour apprendre auprès d’un technicien français. Aujourd’hui, au vu des dépenses astronomiques et des manques criants dans l’effectif, il pourrait le payer au prix fort. Surtout que la prolongation accordée au coach de l’OM en octobre a toujours du mal à passer.
Avoir méprisé les groupes de supporters en ne prenant jamais position pour les défendre, quitte à devancer les instances pour sanctionner les "défaillants", selon son vocable, ne l’a pas non plus aidé. Aussi, sa cote de popularité dans les virages est proche du néant et les invitations à la démission foisonnent. Avant cela, il avait pourtant proposé aux fidèles sa fameuse tisane pour patienter durant le mercato estival de 2017. Une blague qui lui revient encore comme un boomerang, à l’image de son célèbre "Dire, c’est faire rire, faire, c’est faire taire" ou, plus récemment, de sa "fin de cycle" annoncée dès le mois de mars. Pour un cador supposé de la communication et du management, c’est du grand art !
En revanche, l’ancien dir’com’ d’EuroDisney n’arrête pas de se perdre en élucubrations sur les buts à deux points, les ménisques en titane, la rivalité avec EA Sports, Netflix ou Overwatch, et même sur le brain-doping. Un vrai président dans le "tur-fu", comme diraient les minots, à défaut d’être dans le présent. Et peu importe si sa révolution digitale consiste seulement à dupliquer les comptes du club sur les réseaux sociaux en diverses langues, à faire des partenariats 2.0 (Giphy, Waze, Viber...) et à copier les jeux vidéos pour l’arrivée de nouveaux joueurs, quand ce n’est pas plagier des artistes... Kevin Strootman a ainsi eu droit à son avatar de Fortnite quand Balotelli était modélisé en Super Mario. Le hic, c’est que l’OM n’est pas une franchise de e-sports, mais un club de football avec des joueurs et des supporters. Et que seule la réalité du terrain compte.
JHE prouve surtout qu’on peut être un visionnaire autoproclamé de tendances sans avoir la même acuité au moment de gérer les comptes du club marseillais : le déficit d’exploitation ne cesse de se creuser (78,5M¤ la saison dernière, près de 90M¤ cette année), la masse salariale a explosé alors que l’actif joueurs, composé d’une garnison de trentenaires, s’est dégradé au fil de la saison. Le pari était certes osé. Il a fonctionné l’an dernier avec l’épopée en Ligue Europa en guise de cache-misère. Mais ce matin, le parcours chaotique en championnat et la probable absence de compétition européenne la saison prochaine, conjugués aux éliminations piteuses au premier tour de chaque coupe, soulignent un peu plus l’ampleur de l’accident industriel qui se profile. Sa seule victoire cette saison, finalement, est d’avoir récupéré l’exploitation du stade Vélodrome. Est-ce que cela sera suffisant pour sauver sa tête ? Mystère. Sortir de l’OM tout en restant dans le giron de McCourt pour gérer ses affaires en France est une possibilité avancée par certains.
Garcia, plus que jamais sur la sellette
F.L.
Les trois dernières journées de championnat s’avancent. Et Rudi Garcia tâtonne encore, en quête désespérée de la bonne formule. Il aura couru derrière toute la saison, sans parvenir à mettre la main dessus, si ce n’est de manière épisodique. Il incarne l’échec annoncé de cet exercice 2018-19, lui qui s’est vu octroyer les pleins pouvoirs dès son arrivée et dont le contrat a été prolongé hâtivement par le seul Jacques-Henri Eyraud, fin octobre.
Lié à l’OM jusqu’en 2021, le technicien devrait être incapable de remplir l’objectif assigné : terminer sur le podium. Selon le dénouement de la Ligue 1, il pourrait même en être éjecté très loin, relégué à un rang indigne du club sans même la Ligue Europa pour tenter de sauver les apparences, de ses ambitions assumées et de ses 200 millions d’euros de budget. Le tout après avoir été bouté dès le premier tour des trois coupes dans lesquelles son équipe était engagée.
Garcia paierait-il le prix fort de ce fiasco aux allures de scénario catastrophe ? L’hypothèse a longtemps irrité le flegmatique Eyraud. Les imprudents qui, en interne, osaient l’évoquer cet hiver se voyaient congédier sans demander leur reste. Le dirigeant n’est plus aussi hermétique sur la question. Il a récemment ouvert la porte à un tel changement publiquement. Au centre Robert Louis-Dreyfus, certains salariés attendent qu’un bilan objectif de la saison soit dressé et se demandent comment l’ancien entraîneur de Lille et de la Roma pourrait s’en sortir, cette fois. "Il a fait le recrutement, la préparation de la saison, les entraînements... On attend des décisions maintenant. Après une telle année, c’est normal que la direction fasse le point", avoue-t-on du côté de La Commanderie sans oublier qu’un limogeage se chiffrerait autour de 10 M¤.
Après l’avoir longtemps soutenu même quand le navire coulait en décembre-janvier, certains joueurs s’interrogent sur la gestion du groupe et les décisions de leur entraîneur, déjà lesté de 12 défaites. Il faut remonter à la saison 2011-12 pour trouver trace d’un parcours plus désastreux (14 revers). Celui-ci avait, d’ailleurs, été fatal à Didier Deschamps malgré une place de quart-de-finaliste en Ligue des champions.
Sans compter que la personnalité et la communication de Garcia ont fini par user les amoureux de l’OM, déjà agacés par un fonds de jeu inexistant, des progrès collectifs insignifiants et des choix déroutants. Il a accordé trop de crédit à ses supposés cadres et mis trop de temps à se résoudre à les sortir de ses onze de départ. L’arrivée de Mario Balotelli lui a offert un bon bol d’air avant que celui-ci se raréfie de nouveau.
Son incapacité à battre les gros bras du championnat depuis son arrivée n’arrange rien avec, jusqu’ici, six défaites contre une seule victoire (face à Saint-Étienne) face au quatuor de tête. Il se sait menacé au moment où son nom circule en Italie ou en Espagne.
Qu’en est-il d’Andoni Zubizarreta ?
Le directeur sportif est le seul dirigeant du triumvirat qu’il forme avec Eyraud et Garcia à passer entre les gouttes. Il échappe aux critiques des supporters. Ce qui n’empêche pas certains d’entre eux de s’interroger sur son manque de poids dans les décisions liées au recrutement et sa propension à s’effacer. Mais c’est sans doute aussi pour cette raison qu’il avait été préféré à Luis Campos au moment du casting olympien, à l’automne 2016.
La grande lessive marseillaise
Le parcours de l’Ajax Amsterdam peut inspirer l’OM : finaliste de la Ligue Europa il y a deux saisons contre Manchester United, l’institution néerlandaise a vécu une entrée en matière catastrophique l’an dernier en étant éliminé dès le 3e tour de qualification de la C1 (par Nice) avant de retrouver l’ivresse des sommets, cette saison, dans le dernier carré de la Ligue des champions.
De quoi donner des idées au club olympien ? Si ce positivisme échevelé ne déplairait pas à Rudi Garcia, la réalité du terrain devrait être bien différente. Et à défaut de pouvoir imiter l’Ajax cet été, l’OM devra se résoudre à une grande lessive. Ce serait la suite logique pour un vestiaire "en fin de cycle", comme le président Eyraud l’a reconnu. Mais là encore, entre des trentenaires en bout de course, des vedettes au rabais et des minots issus du centre de formation, rien ne sera simple.
Les seules certitudes concernent les départs de ceux qui sont en fin de contrat en juin prochain : Tomas Hubocan, Aymen Abdennour (prêté par le Valence CF) et le Colosse du Cabo Verde, Rolando. Pour le reste, en revanche, tout ne va pas être si facile. Conserver et s’appuyer sur les cautions marseillaises Maxime Lopez (courtisé en Espagne) et Boubacar Kamara fait évidemment partie des plans, sauf offre mirobolante. La stratégie n’est pas la même pour Florian Thauvin et Morgan Sanson, deux joueurs dont la valeur marchande pourrait permettre à l’OM de renflouer ses caisses. Le cas de Dimitri Payet est lui aussi différent : si le capitaine olympien a formalisé son envie de rester, jeudi, son avenir s’écrit peut-être dans un championnat plus exotique et plus rémunérateur, comme la Chine. Que faire également de Steve Mandanda et d’Adil Rami, deux monuments en péril ? Quid de Mario Balotelli ? Recruté cet hiver pour une luxueuse pige de 158 jours, l’Italien n’est pas certain de rester à Marseille en l’absence de compétition européenne, ni d’avoir d’autres prétendants. Quel avenir offrir à la paire Gustavo-Strootman ? Dans tous les cas évoqués, les salaires mirobolants distribués par les dirigeants actuels pourraient aussi être des freins.
Une fois que l’OM aura répondu à toutes ces questions, il devra reconstruire quasiment à tous les postes : gardien, latéraux, milieux, ailiers, attaquants, sans oublier des joueurs de complément en charnière. Pour l’heure, aucun contact n’a été établi par la direction. Preuve qu’il faudra attendre de connaître l’identité du président, du directeur sportif et de l’entraîneur (Eyraud, Zubizarreta, Garcia ou d’autres), ainsi que la politique choisie, avant d’y voir plus clair. J.-C.L. (avec F.L.)
son avenir à Marseille devrait en théorie s’écrire en pointillés
uToPi a écrit:
La grande lessive marseillaise
Le parcours de l’Ajax Amsterdam peut inspirer l’OM : finaliste de la Ligue Europa il y a deux saisons contre Manchester United, l’institution néerlandaise a vécu une entrée en matière catastrophique l’an dernier en étant éliminé dès le 3e tour de qualification de la C1 (par Nice) avant de retrouver l’ivresse des sommets, cette saison, dans le dernier carré de la Ligue des champions.
De quoi donner des idées au club olympien ? Si ce positivisme échevelé ne déplairait pas à Rudi Garcia, la réalité du terrain devrait être bien différente. Et à défaut de pouvoir imiter l’Ajax cet été, l’OM devra se résoudre à une grande lessive. Ce serait la suite logique pour un vestiaire "en fin de cycle", comme le président Eyraud l’a reconnu. Mais là encore, entre des trentenaires en bout de course, des vedettes au rabais et des minots issus du centre de formation, rien ne sera simple.
Les seules certitudes concernent les départs de ceux qui sont en fin de contrat en juin prochain : Tomas Hubocan, Aymen Abdennour (prêté par le Valence CF) et le Colosse du Cabo Verde, Rolando. Pour le reste, en revanche, tout ne va pas être si facile. Conserver et s’appuyer sur les cautions marseillaises Maxime Lopez (courtisé en Espagne) et Boubacar Kamara fait évidemment partie des plans, sauf offre mirobolante. La stratégie n’est pas la même pour Florian Thauvin et Morgan Sanson, deux joueurs dont la valeur marchande pourrait permettre à l’OM de renflouer ses caisses. Le cas de Dimitri Payet est lui aussi différent : si le capitaine olympien a formalisé son envie de rester, jeudi, son avenir s’écrit peut-être dans un championnat plus exotique et plus rémunérateur, comme la Chine. Que faire également de Steve Mandanda et d’Adil Rami, deux monuments en péril ? Quid de Mario Balotelli ? Recruté cet hiver pour une luxueuse pige de 158 jours, l’Italien n’est pas certain de rester à Marseille en l’absence de compétition européenne, ni d’avoir d’autres prétendants. Quel avenir offrir à la paire Gustavo-Strootman ? Dans tous les cas évoqués, les salaires mirobolants distribués par les dirigeants actuels pourraient aussi être des freins.
Une fois que l’OM aura répondu à toutes ces questions, il devra reconstruire quasiment à tous les postes : gardien, latéraux, milieux, ailiers, attaquants, sans oublier des joueurs de complément en charnière. Pour l’heure, aucun contact n’a été établi par la direction. Preuve qu’il faudra attendre de connaître l’identité du président, du directeur sportif et de l’entraîneur (Eyraud, Zubizarreta, Garcia ou d’autres), ainsi que la politique choisie, avant d’y voir plus clair. J.-C.L. (avec F.L.)
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