Information
Après deux journées de Ligue 1, l’OM est déjà dans le dur. Franck Passi est en difficulté, plombé par les décisions de ses dirigeants sur plusieurs dossiers, mais doit pourtant faire bonne figure. Etat des lieux.
A l’OM plus qu’ailleurs, quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, il faut trouver un responsable, un bouc-émissaire. Et vite. Si beaucoup de supporters sont encore très sceptiques quant à la capacité de Franck Passi à tirer la quintessence de son groupe, l’entraineur marseillais a de nombreuses circonstances atténuantes. En ce début de saison, il semble surtout payer les tergiversations des nouveaux dirigeants olympiens, notamment en matière de recrutement.
Le dossier Rolando
Le portugais apporterait un peu de solidité et d’expérience en défense centrale. Mais le board olympien a décidé que son salaire était un peu trop élevé et qu’il devait partir. Résultat : Rolando, en forme physiquement, n’a pas été aligné lors des deux premiers matchs de la saison, laissant place à une charnière Hubocan-Doria loin d’être un gage de sécurité.
Passi subit clairement les choix de sa direction, qui ne veut pas prendre de risques, puisqu’une blessure pourrait remettre en cause un transfert du Portugais. Rolando avait parfois haussé le ton et, selon certains membres du vestiaire, s’était pourtant « comporté en capitaine » pendant la préparation et les matchs amicaux d’avant-saison.
Le dossier Diarra
Le capitaine, justement. Passi paye là aussi, en partie, la politique des dirigeants, prêts à laisser partir Lassana Diarra pour économiser un gros salaire et s'épargner un éventuel bras de fer avec leur milieu de terrain, si Lass était amené à trouver une porte de sortie, qui pourrait être Galatasaray. Désigné capitaine lors d’un vote effectué dans le vestiaire, Diarra n’est pas concentré à 100% sur l’OM comme il peut le prétendre. Nerveux, comme on l’a vu récemment en conférence de presse, à court de forme, la preuve face à Guingamp, il est l’exemple même de cet OM qui navigue à vue.
Un joueur qui a le brassard de capitaine mais qui peut s’en aller du jour au lendemain : cette situation paradoxale a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses critiques ces derniers jours de la part des supporters, au point que le sujet était au menu des discussions lors de la visite de Giovanni Ciccolunghi dans un local de supporters. Le président de l’OM, gêné, a convenu que la situation n’était pas des plus idéales, mais que c’était le groupe qui avait choisi. Pour asseoir son autorité, Franck Passi n’aurait-il pas été inspiré de passer outre le vote des joueur et donner ce statut de capitaine à un autre joueur, vu la situation personnelle de Diarra ? Gomis, vice-capitaine, prend par exemple énormément la parole dans le vestiaire ou lors des séances d’entrainement.
Le dossier Nkoudou
Le dossier Nkoudou est enfin l’exemple ultime d’une gestion approximative qui oblige Franck Passi à bricoler et qui va à l’encontre des résultats sportifs. Nkoudou, dont le transfert à Tottenham n’a pas encore été officialisé, est à Londres depuis un mois. Pendant que N'Jie, qui devrait faire le chemin inverse, s'entraînait toujours avec les Spurs, les dirigeants marseillais, eux, n'avaient pas ordonné à Nkoudou de revenir sur Marseille. Une situation ubuesque pour une équipe comme l'OM qui manque d'atouts offensifs et qui aurait bien besoin de l'un de ses meilleurs joueurs de la saison passée, ne serait-ce qu'en ce mois d'août, pour les premiers matchs de la reprise.
Il n'est évidemment pas rare de voir des joueurs dont le départ est acquis et autour duquel il y a des négociations continuer de s’entraîner et de jouer avec leur club en attendant que le transfert se concrétise. A Marseille, pour ne citer qu'un exemple, ce fut le cas d'Azpilicueta. Avant son départ pour Chelsea en 2012, transfert donné comme acquis, l'Espagnol s'était donné à fond avec l'OM en attendant la signature de son contrat.
Passi n'en pense pas moins
Corporate, Passi renvoie vers le directeur sportif Gunter Jacob (qui, lui, ne répond pas) pour ne pas polémiquer. Mais l'entraineur de l'OM n'en pense pas moins. Passi confie qu'il aurait bien eu besoin de Nkoudou pour apporter un peu de percussion offensive en ce début de saison. En résumé, il galère mais doit faire face sans faire de vagues, car le mot d’ordre de la patronne Margarita Louis-Dreyfus est de donner l’image d’un club serein, avec une atmosphère « coopérative et transparente ».
Pour la transparence du président et du directeur sportif, il faudra patienter. Giovanni Ciccolunghi et Gunter Jacob n’ont pas pipé mot dans les couloirs du Roudourou après la défaite (1-2), laissant une nouvelle fois Franck Passi assumer face aux micros. « Lorsqu'on est entraîneur de l'Olympique de Marseille, on est sous pression, j'ai accepté ce rôle et j'accepterai la pression aussi », a déclaré Passi dimanche. Il attend surtout avec impatience l’arrivée de nouveaux joueurs, pour enfin assumer ses propres choix, lui qui a été impliqué sur la signature de la majorité des recrues cet été.