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Joueur, entraîneur, avocat, agent, dirigeant… le nouveau directeur sportif de l’OM, âgé de quarante-huit ans, a eu plusieurs vies, mais a toujours fait preuve d’un savoir-faire certain de l’autre côté de la frontière. De notre envoyé spécial permanent.
Mathieu Grégoire MARSEILLE -«Je suis là si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Le week-end dernier, à l’heure du repas, Gunter Jacob (48 ans) a salué l’ensemble du groupe marseillais, leur a répété sa proposition avant d’aller s’asseoir sagement à la table du staff. « Un avis sur ton niveau, un point de droit fiscal, une clause de ton contrat… tu peux parler de tout avec Gunter, il est toujours prêt à rendre service » , confie Daniel Camus, quarante-quatre ans. Ce dernier et Jacob ont fait les belles heures du RWD Molenbeek dans les années 1990, formant un redoutable duo de récupérateurs : « Côté droit, j’étais un peu le Didier Deschamps de l’équipe. Côté gauche, Gunter était notre Redondo, lent, mais avec un pied gauche remarquable, une vraie qualité de centres et une frappe de mule. » Une grande gueule écoutée sur le terrain, respectée en dehors. « On le surnommait l’intellectuel du football, il a vite parlé quatre langues, il a passé son diplôme d’avocat tout en faisant une honnête carrière. Il a montré la voie aux autres, j’ai obtenu un master de sciences économiques et sociales en suivant son exemple. »
Homme d’affaires basé à Bruxelles, Camus a lancé une chaîne de centres sportifs axés sur l’électrostimulation. Lui n’a pas eu besoin d’un coup de jus pour muscler son jeu, il avait l’aiguillon Jacob pour le piquer : « Il a été mon entraîneur à Malines en 1999-2000 (D 2). Un précurseur, qui accordait sa confiance aux jeunes, savait leur parler. À vingt-huit ans, j’étais presque le doyen. On jouait un football hyper offensif, nous étions troisièmes à la trêve avant de craquer physiquement. Certains dirigeants old school se plaignaient qu’on prenait trop de buts, mais Gunter avait ses convictions, et il n’a pas dévié de sa ligne. » Jacob a trente et un ans, il boit des Jupiler avec ses hommes au troquet après les matches, et il les défend contre vents et marées. « La direction a voulu remanier l’effectif à l’intersaison, il était en désaccord, il a démissionné », explique Camus.
Gunter connaît ses responsabilités et les prend”
Dirk Degraen, ancien directeur général de Genk.
« Gunter, je l’aime, c’est un dirigeant passionné, et il n’y en a pas beaucoup dans ce milieu », glisse un autre Camus, Fabien. Passé par l’OM de dix-sept à vingt ans, il a connu Jacob au KRC Genk : « Il est juste. Il m’arrivait de rater des matches et de râler en sortant du terrain. Gunter me disait la vérité sur ce qui n’allait pas, puis me remettait en confiance. Il ne tourne pas autour du pot. Il adorait s’installer discrètement en tribune pour regarder l’entraînement. Parfois, il partait de chez lui pendant quinze jours pour aller observer un joueur. »
Camus se souvient d’une première partie de saison 2013-2014, où Genk marche sur le Championnat et régale en Ligue Europa : « L’équipe était taillée pour le titre, l’entraîneur de l’époque l’a sabordée. Mais Gunter peut être fier de tout ce qu’il a accompli dans ce club, de ces joueurs dénichés avec patience qui ont permis de gonfler les finances. » Pour vérifier son flair, on a appelé son acolyte de Genk, Dirk Degraen. « Je suis arrivé en 2010, et j’ai proposé de le prendre un an après comme directeur technique. Ecoutez, j’ai fait pas mal de transferts dans ma vie, et je crois que c’est le meilleur », dit l’ancien directeur général. Les tâches sont bien réparties. Degraen gère la préparation des contrats et les négociations clubs-agents, Jacob veille à l’équilibre du vestiaire et garde un œil sur le recrutement : « Il débarquait dans mon bureau et me disait : ‘‘Dirk, il faut agir ’.’ Cela a donné Koulibaly (acheté à Metz, revendu à Naples), Milinkovic-Savic (vendu pour 10 M€ à la Lazio), Kara Mbodj (Anderlecht), les perles actuelles, le Nigérian Ndidi (déjà sollicité par la Bundesliga), le Jamaïquain Bailey. Il y a surtout eu ce défenseur supervisé à Eupen, en Deuxième Division. Gunter m’a dit : “ Il est libre, il a de vraies qualités, il faut le faire.’’ Je lui ai répondu : ‘‘ Mais tu es fou ou quoi ? ’’ Il a tant insisté qu’on a pris Christian Kabasele, devenu depuis international Espoirs belge et vendu à Watford pour 10 M€. »
En conflit avec la présidence, Degraen part en 2014, mais refuse que son ami démissionne avec lui. Jacob rendra son tablier un an plus tard. « Gunter connaît ses responsabilités et les prend. Il a des expressions ironiques, et certains ne les comprennent pas, sourit Degraen. Reste qu’à sa fête de départ, il y avait tous les joueurs et dirigeants, à une ou deux exceptions près. Ça vous pose un homme. »