Information
UNE OUVERTURE POUR LES ULTRAS
Après des années de fermeté, le club parisien a été autorisé hier, par la police, à opérer le retour de ses supporters actifs au Parc des Princes. Mais sous des conditions très strictes. UNE OUVERTURE POUR LES ULTRAS
Après des années de fermeté, le club parisien a été autorisé jeudi, par la police, à opérer le retour de ses supporters actifs au Parc des Princes. Mais sous des conditions très strictes. ARNAUD HERMANT et imanol corcostegui
En une semaine, le Paris-SG vient de connaître une avancée décisive sur le sujet sensible du retour de ses supporters ultras au Parc des Princes. Le 22 septembre, Jean-Claude Blanc, le directeur général délégué du club, recevait leurs représentants et hier, à l’issue d’un déjeuner entre Nasser al-Khelaïfi, le président du club, et le préfet de police, Michel Cadot, la préfecture de police a autorisé leur retour au Parc, comme révélé hier sur lequipe.fr : « La préfecture de police prend acte de la volonté du Paris-Saint-Germain d’accueillir en tribune les supporters ultras du club par le biais de ventes individuelles de billets », a-t-elle déclaré tout en ajoutant qu’« en cas d’incidents constatés, la préfecture de police s’opposera à la poursuite de cette présence des ultras au sein du Parc des Princes ». Si ce revirement peut surprendre, tant les pouvoirs publics affichaient jusqu’à peu une fermeté totale sur la question, cette main tendue devrait s’accompagner de conditions de retour très strictes. Retour en trois points sur un dossier complexe qui vient de connaître une avancée importante.
La Coupe de France comme déclic
Depuis plusieurs mois, le sujet agite le club parisien. L’ambiance au Parc des Princes est toujours aussi décevante et la question a pris de l’épaisseur la saison dernière. Notamment en raison du phénomène des « no show » (les places vides laissées par les abonnés qui ne viennent pas à tous les matches) et l’échec de la politique de relance de la ferveur par d’autres fans choisis par le club.
Un match a fait basculer la donne : la finale de la Coupe de France face à l’Olympique de Marseille (4-2), le 21 mai dernier au Stade de France. Quatre semaines plus tôt, au même endroit, contre Lille (2-1) en finale de Coupe de la Ligue, le virage des supporters parisiens avait été « mangé» par celui des Lillois. La direction parisienne craignait beaucoup un nouvel échec face à l’OM. Finalement, si sur le terrain le PSG a aisément dominé son éternel rival, dans les gradins, ses fans, emmenés par un groupe du Collectif Ultras Paris (CUP), ont plus que rivalisé avec ceux de Marseille. Pour le plus grand bonheur de Nasser al-Khelaïfi. Cette soirée a convaincu le président de la nécessité de faire revenir les ultras.
Une volonté d’Al-Khelaïfi, certains joueurs favorables
Au PSG, qui est favorable au retour des ultras ? Au départ, pas grand monde à part le patron. C’est une certitude : le retour des ultras au Parc des Princes, six ans après la mise en place du plan Leproux, qui a été un élément décisif dans l’acquisition du club par le Qatar, répond à la volonté d’Al-Khelaïfi.
Le président du PSG a chargé Jean-Claude Blanc de gérer le dossier et de rencontrer les ultras. Au départ, le directeur général délégué n’était pourtant pas trop favorable. Mais il n’a pas eu le choix. Jean-Philippe D’Hallivillée, le directeur de la sécurité du club, qui cristallise les critiques de ces supporters, n’a jamais caché son opposition à ce retour. Il voit aujourd’hui sa position fragilisée en interne.
D’autres collaborateurs d’Al-Khelaïfi se sont aussi penchés sur le sujet à sa demande, et pas toujours de façon très discrète. Le président s’est laissé convaincre par deux de ses proches qu’un policier des renseignements territoriaux pourrait l’aider dans sa démarche. Ce fonctionnaire, Malik N., dont Le Canard enchaîné, dans sa dernière édition, a révélé l’identité, s’est ainsi rapproché des ultras et a fait l’intermédiaire entre Jean-Claude Blanc et eux. À tel point qu’il a été convié à la réunion du 22 septembre. Peut-être parce qu’il s’imagine en futur directeur de la sécurité du club, comme il l’a laissé entendre au Canard.
Enfin, certains joueurs de l’effectif, comme Thiago Silva notamment, avaient réclamé, déjà la saison passée, un regain d’ambiance au Parc. Il y a quinze jours, c’est Blaise Matuidi qui a apporté son soutien à la cause des ultras. Mais sa direction n’a guère apprécié sa sortie et le lui a fait savoir.
Une avancée sous conditions
Le rendez-vous du 22 septembre était une prise de contact et rien de concret n’avait encore été discuté entre le PSG et ses ultras. Comment organiser leur retour ? Quelle tribune leur attribuer ? Comment adapter le plan de sécurité ? Les nombreuses questions qui se posent n’ont pas encore été abordées par les deux parties.
Hier, lors du déjeuner à la préfecture, jugé constructif par le PSG, la direction parisienne et le préfet de police ont échangé sur la problématique et ont fait part de leur souhaits respectifs. Ils sont tombés d’accord pour dire que la sécurité au Parc restait la priorité numéro un. Des avancées ont été actées, en attendant qu’elles soient confirmées dans les prochains jours. Le PSG a obtenu le retour de ses ultras mais au moindre incident, la préfecture promet de faire machine arrière. Ce retour sera donc encadré de conditions très strictes.
Le nombre de supporters de retour n’a pas été arrêté mais il ne devrait pas être très élevé au départ. Dans un premier temps, une période de test va être mise en place. Le club de la capitale va déjà permettre à certains de ses abonnés, membres du Collectif Ultras Paris (CUP) ou de l’Adajis (Association de défense et d’assistance juridique des intérêts des supporters), tous deux présents au rendez-vous du 22 septembre, de se regrouper s’ils le souhaitent pour recréer un noyau d’ambiance, vraisemblablement depuis le virage Auteuil.
Le PSG espère que cela pourra débuter dès demain, contre Bordeaux. Pour ce qui concerne le retour des anciens des ex-associations d’Auteuil et de Boulogne, le chemin devrait être plus long. La direction prévoit d’élaborer avec ses ultras une charte stricte, qui ne tolérerait pas le moindre incident.