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Le Qatar cerné, quelles répercussions sur la Coupe du monde 2022 et le PSG ?
Une mise au ban de longue durée de l'émirat par ses voisins du Golfe pourrait avoir des conséquences sur l'organisation de la Coupe du monde 2022.
De Doha à Boulogne-Billancourt, siège de QSI (Qatar Sports Investments), le propriétaire du PSG, le Qatar, avec ses 2,5 millions habitants, s'est réveillé, lundi, avec une terrible gueule de bois. Et elle n'avait rien à voir avec la défaite, la veille, des handballeurs parisiens en finale de la Ligue des champions contre les Macédoniens de Skopje (23-24).
Lundi, à l'aube, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), bientôt suivis par le royaume du Bahreïn, le Yemen et l'Égypte, ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec l'émirat gazier. Ces cinq pays accusent ouvertement le Qatar de « soutenir le terrorisme », et lui reprochent surtout ses relations jugées complaisantes avec l'Iran, le frère ennemi chiite de ces états sunnites.
«Il y a eu un peu d'affolement et de panique», Sabri Lamouchi
« Cette annonce (la rupture des relations diplomatiques) a été vécue comme un choc, ici, raconte l'ancien international français Sabri Lamouchi, actuellement à Doha. Il y a eu un peu d'affolement et de panique. Les gens se sont précipités dans les magasins pour remplir leur chariot, par peur des pénuries, un peu comme en France, au moment de la guerre du Golfe. » Arrivé au terme de son expérience d'entraîneur pour le club local d'Al-Jaish SC, Sabri Lamouchi espère retourner en France dès mercredi. Un voyage prévu de longue date : « Heureusement, nous allons voyager sur Qatar Airways, et il ne devrait pas y avoir de problème sur les vols Doha-Paris. »
Leur seule frontière terrestre est désormais fermée
Les compagnies aériennes Emirates, de Dubaï, et Etihad, d'Abu Dhabi, ont en revanche annoncé la suspension « jusqu'à nouvel ordre » de tous leurs vols vers le Qatar et en provenance de celui-ci. Encore plus préoccupant pour les Qatariens, leur unique frontière terrestre, avec l'Arabie saoudite, est désormais fermée, ce qui rend impossible l'acheminement de nombreux biens de consommation courante, mais aussi des matériaux de construction : « Une fermeture longue durée de ses frontières et des restrictions de son espace aérien pourraient avoir des conséquences très importantes dans les délais de livraison des stades pour la Coupe du monde 2022 », prévient Kristian Ulrichsen, un expert des pays du Golfe cité par l'agence Reuters.
La FIFA a rapidement affirmé, via un communiqué, « être en contact régulier avec le comité local d'organisation » de la Coupe du monde 2022, toujours prévue au Qatar.
Rien qu'en 2017, l'émirat a prévu d'organiser trente-neuf compétitions sportives internationales, dont une étape de la Coupe du monde de natation petit bassin, en septembre.
Le PSG qatarien sponsorisé par Emirates
Toute la question est donc de savoir combien de temps la crise va durer. « Même si l'Arabie saoudite fait preuve de beaucoup d'hypocrisie et de jalousie, cette affaire ne va pas redorer l'image du Qatar », souligne notre confrère du Figaro Georges Malbrunot, auteur de plusieurs livres sur l'émirat : « À force de vouloir être copains avec tout le monde, même avec les moins fréquentables, tout en donnant autant dans le "show off", les Qatariens ont fini par se faire beaucoup d'ennemis. »
Ces accusations de « soutien au terrorisme » avaient trouvé un écho jusque dans les stades de Ligue 1. À Bastia en 2015 et à Saint-Étienne en 2016, des supporters ont exhibé des banderoles anti-qatariens qui ont beaucoup ulcéré les dirigeants du Paris-Saint-Germain, sans qu'ils donnent pour autant de suites judiciaires.
Lundi, du côté du PSG, l'heure était à la dédramatisation. On parlait « d'une crise diplomatique et politique, comme il s'en est déjà produit par le passé, et qui n'a rien à voir avec l'engagement à long terme des Qatariens ». Reste à connaître l'attitude d'Emirates, le sponsor maillot du PSG. Les responsables de la compagnie aérienne ne se seraient pas encore manifestés pour dénoncer le contrat.
Une éventuelle rupture de l'engagement qui les lie aux vice-champions de France, pour 25 millions d'euros par an, jusqu'en 2019, coûterait très cher en indemnités. Sauf aggravation de la crise, c'est toujours à bord d'un avion d'Emirates spécialement affrété pour eux que les Parisiens devraient s'envoler, le 15 juillet, à destination de Miami pour leur tournée américaine d'été.