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145 millions de Chinois fans de Marseille
Jeudi 22/01/2015 à 17:24 La Provence
La série "Family on the go", qui séduit 145 millions de spectateurs en Chine, est en tournage dans la ville. Le tourisme chinois pourrait exploser...
En Chine, c'est la série de tous les records. Une sorte de Plus Belle la Vie puissance mille. Diffusée sur la chaîne leader CCTV, l'équivalent de TF1 pour la France, la première saison de Family on the go (titre original : Wenzhou yi jian ren) a décroché, en 2012, le titre de plus gros succès de l'histoire de la télévision chinoise.
un thriller au pied de Sainte-Victoire
Question : que représente un carton d'audience à la dimension de ce pays surpeuplé ? Accrochez-vous : en moyenne, 145 millions de téléspectateurs par épisode . "C'est une réussite exceptionnelle ! Il faut savoir qu'en Chine, il y a plus de 200 chaînes et que la concurrence est extrêmement forte", confirme Renaud Cohen, le producteur (français) de ce soap garanti "sans sexe ni corruption", censure oblige. Et qui raconte le destin tourmenté de deux familles du Wenzhou (région au sud de Shanghai) ayant immigré à travers le monde pour faire des affaires...
Fidèle, le public guette avec une folle impatience la deuxième saison, prévue pour août. Scotchés devant leur écran, ils pourront alors découvrir des images de France rarement diffusées dans l'Empire du Milieu : le Vieux-Port, le Panier, la Major, l'Opéra, le château Borély... Autant de sites où l'équipe de tournage, présente hier au Panier, s'active caméras aux poings depuis une grosse semaine. Et ce, jusqu'au 28 janvier.
"ça va donner envie à beaucoup de chinois de venir sur place"
"Une carte postale parfaite !", se frotte les mains Séréna Zouaghi, l'élue (UMP) à la mission cinéma, qui, au-delà d'importantes retombées directes, table sur "une explosion du tourisme Chinois". Un espoir parfaitement réaliste, selon Renaud Cohen : "Quand la série va être diffusée ça va donner envie à beaucoup de chinois de venir sur place. Surtout que les diffuseurs visent d'autres marchés asiatiques", décrypte encore ce fin connaisseur de l'Asie. "Ce tournage est une reconnaissance de Marseille en tant que ville glamour. C'est ce côté flamboyant qu'ils sont venus chercher, et pas, comme d'habitude, la violence ou la pauvreté ."
vidéo : le tournage de la série "The last panthers"
D'autant plus bénéfique en terme d'image que la cité phocéenne, vue sous son jour le plus alléchant, sera l'un des personnages principaux de ce feuilleton à l'eau de rose, 36 épisodes de 41 minutes tournés entre la France, les États-Unis, l'Afrique du Sud et la Chine.
"La fiction raconte des histoires croisées. On passera d'une ville à l'autre", dévoile Renaud Cohen. Le pitch marseillais ? Tao, une jeune étudiante coréenne en école de commerce, à Luminy, développe un commerce de porcelaine dans le quartier du Panier... Surtout, la très engageante jeune femme hésite entre deux prétendants : le fils d'un émir du Golfe, richissime et prétentieux, qui flambe en Ferrari. Et un jeune Chinois sans le sou mais "gentil et intelligent", qui le défie au volant de sa pauvre Lancia. Lequel des deux va remporter la course et le coeur de la belle ? On vous le donne en mille...
"Je suis content de tourner dans votre ville, très, très jolie, surtout le Port", confie Jin-Ze Hao, l'acteur chinois qui interprète l'heureux élu, peu avant le début du tournage du jour, en extérieur, face au bar des 13 Coins (Panier). Ce qu'il connaissait de Marseille ? "Je sais que vous avez une belle équipe de foot, qui a fait une grande partie de saison. J'aime beaucoup l'OM !", sourit-il. Un club qu'il confie avoir découvert... sur sa console Playstation !
Non loin, vêtu comme un nabab, Alaa Safi, son rival, n'en prend pas ombrage : "C'est une belle aventure de tourner avec des Chinois", souffle l'acteur français basé à Paris, même si c'est assez compliqué : tout change toujours au dernier moment, on improvise beaucoup...". En pleine séance de maquillage, la Coréenne Hong Soo Ah, elle, regarde les photos de la ville archivée de son smartphone. "J'étais déjà allée à Paris mais jamais ici", dit-elle. "Et je suis agréablement surprise. J'ai été émue en découvrant votre grande cathédrale".
Question : pourquoi ce choix plutôt que la capitale ou d'autres grandes villes européennes ? "J'ai filmé quelques séquences à Marseille et à Paris il y a trois ans", raconte Shen Kong, le réalisateur. "Mais comme on ne voulait tourner que dans une ville française, il a fallu trancher. J'avais envie de parler de la communauté chinoise, qui commence à être importante ici. On a aussi opté pour cette magnifique lumière, le soleil...". Certes, ce mercredi, il pleuvait à grosses gouttes. Mais Marseille, on le sait, ne peut s'empêcher de faire son cinéma.