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Maître Ghevontian, vous avez fait acte de candidature pour devenir le prochain président de l’OM pour une éventuelle année de transition. Quelle est votre démarche ?
Aujourd’hui, le club est mis en vente officiellement par l’actionnaire Margarita Louis-Dreyfus. Le problème, c’est que l’on ne sait pas quand aura lieu cette reprise. Tant que la cession n’a pas lieu, il faut trouver une solution pour gérer les affaires courantes, faire cette transition. La fin de saison, le mercato, le début de saison prochaine.
Compte tenu de sa situation et des problèmes qu’il rencontre, tant avec les supporters qu’avec MLD, le président actuel Vincent Labrune n’est pas en mesure de gérer cette transition… Ce que j’ai proposé au conseiller de MLD, Igor Levin, qui ne m’a d’ailleurs pas répondu à ce jour, c’est d’assurer cette transition. Je connais l’OM, j’en ai été l’avocat de 1988 à 1995, j’ai noué des liens d’amitié avec d’anciens joueurs qui me suivent actuellement dans ma démarche. Pour preuve, vous avez vu l’intervention de Jean-Pierre Papin hier. Je connais les groupes de supporters, j’ai travaillé avec eux pour formuler les statuts de certaines associations.
Je connais l’association OM qui détient le numéro d’affiliation et qui gère le centre de formation. Je connais le football et l’OM en particulier. Même sur les transferts, j’ai participé à la signature des contrats, à leur rédaction avec le directeur général de l’époque, Jean-Pierre Bernès. Je suis Marseillais, j’ai une passion pour ce club. Je pense qu’il faut s’entourer d’anciennes gloires du club qui pourraient amener cette culture que l’OM n’a plus, pour passer le relais à ces générations actuelles qui n’ont pas conscience de ce qu’est véritablement l’OM dans le cœur des Marseillais. Deuxième point : il faut pacifier la relation avec les supporters qui désapprouvent les choix de la direction du club. Apaiser ce climat qui devenait préoccupant. Il y a deux intérêts : travailler sereinement, et faciliter la reprise du club.
Votre candidature serait toujours d’actualité avec un repreneur avant le début de saison prochaine ?
Cette décision ne m’appartient pas. Si le repreneur, tel qu’il soit, le souhaite, je pourrais continuer à postuler. Mais la question est prématurée. Je le répète, je ne viens pas pour un intérim, mais pour assurer la transition. Je me propose d’être le président délégué, entouré de personnes comme JPP qui occuperait un poste important dans le secteur sportif…
Une vente dans quelques semaines, c’est possible selon vous ?
Je ne sais pas. Si un repreneur sérieux se manifeste et fait sa proposition à l’actionnaire, cela prend du temps. Il faut rédiger des actes, rencontrer l’association, faire l’état des lieux. Mais je ne suis pas dans le secret des dieux. Si un repreneur avait déjà été trouvé, vous (les médias, ndlr) seriez au courant.
Quel poste aurait précisément JPP dans votre organigramme ?
JPP est quelqu’un qui connaît l’entité OM. Il a la culture de la gagne, c’est important. On vit beaucoup pour le football à Marseille, vous le savez. Un poste important qui permettrait de faire le lien entre l’administratif et le sportif. C’est un manque que l’OM
Donc plutôt comme directeur sportif ? Entraîneur ?
Directeur sportif, ça pourrait l’être. Quel que soit le poste qu’il occupe, il aura un poste important pour gérer le club et le rendre compétitif, et retrouver la confiance des supporters en l’OM.
Un directeur sportif, c’est peut-être ce qui manque actuellement à l’OM ?
C’est très important. Le directeur sportif fait le lien entre l’administratif et le sportif. Quoi qu’on pense de la gestion de Michel, le dernier entraîneur à avoir quitté l’OM, il manquait quelqu’un pour faire ce lien. Je crois que le poste a fait défaut pendant quelques années et il faut remédier à cela. Un président ne peut pas être recruteur, directeur sportif, entraîneur en même temps… Pour moi, c’est capital.
Ghevontian: « Ces anciennes gloires de l’OM seraient prêtes à me suivre… »
À part JPP, y a-t-il d’autres anciens joueurs du club prêts à travailler avec vous ?
J’ai d’autres contacts bien avancés. Ces anciennes gloires de l’OM seraient prêtes à me suivre. Il y a beaucoup de choses à revoir à l’OM. Sans prétention, ma connaissance me permet d’en parler. Au niveau de la formation et du recrutement régional, je trouve surprenant qu’il n’y ait pas de convention entre l’OM et les clubs régionaux, qui permettent à des jeunes d’évoluer partout en France. Certains jeunes ont réussi ailleurs et on ne les a même pas observés. Ceci est également une mission importante, surtout dans une époque de la crise, où aucun club français ne peut s’offrir de grands joueurs, excepté Paris et ses fonds illimités. Il faut faire un amalgame entre des joueurs chevronnés et des joueurs de formation, comme peut le faire un club comme Lyon, qui sort des joueurs issus de la région lyonnaise…
Qui sont ces anciennes gloires ?
Je me réserve le droit de donner les noms d’abord lors d’une rencontre avec l’actionnaire ou son représentant.
Vous avez déjà eu un retour de MLD ?
Pas encore. Le président actuel est encore en poste et ce n’est pas à moi de revendiquer. Je ne me base que sur une situation de fait évidente…
L’an prochain, il risque d’y avoir une large revue d’effectif. Sans argent, Marseille peut reconstruire une équipe compétitive ?
Oui. Le budget de fonctionnement est important, même si MLD a des réticences pour réinjecter de l’argent. L’OM génère des recettes importantes. Ce n’est pas le premier club venu. L’OM est mythique, réputé dans le monde entier et suscite un engouement dans les médias, sur les réseaux sociaux… Les Marseillais sont préoccupés par le contexte actuel du club. Pour répondre à votre question, il faut éviter de laisser partir les joueurs libres sans indemnité, c’est déjà un plus. Avant tout, je suis supporter de l’OM. L’époque où les Marseillais étaient impatients et voulaient tout de suite avoir de grandes vedettes est révolue. Avec les salaires qui circulent dans le football, c’est de plus en plus difficile, mais je pense qu’on peut avoir une équipe très compétitive avec les moyens de l’OM, qui ne sont pas négligeables.
Il faudrait un entraîneur de renom, un étranger ? un Français ?
Pour l’instant, je ne suis qu’un candidat. Mais mon opinion en tant que supporter, c’est qu’un entraîneur français peut être autant capable qu’un étranger, d’autant plus sans la barrière de la langue que l’on a connue avec les précédents (Bielsa puis Michel, ndlr). Avec une équipe soudée, et un entraîneur français qui connaît ce qui se fait dans la formation, avec un discours porteur… On peut gérer le club avec des moyens conséquents mais pas énormes non plus. Avant le match d’hier, nous étions 16e du classement, et de nombreuses équipes avec un budget inférieur étaient devant nous… Si le football n’était qu’une question d’argent, ça se saurait. Même si ça facilité d’avoir de grands joueurs. On peut avoir des résultats avec des joueurs bons techniquement et solidaires. Le collectif est d’autant plus important.
Concernant les transferts, vous avez sûrement eu écho de l’affaire des écoutes téléphoniques de Jean-Pierre Bernès. Est-ce que ça peut repousser certains investisseurs ?
Ces écoutes sont sorties à un moment qui peut poser question car ces écoutes sont anciennes…
Pensez-vous que cela peut servir certains intérêts ?
Je me pose la question comme tout supporter : pourquoi ça sort maintenant ? Mais je ne vise personne. C’est juste un constat.
Ça reste compliqué de gérer certains agents à Marseille ?
Pas plus qu’ailleurs. Il faut discuter, traiter les dossiers. On a l’impression que ça a changé de nos jours. Il y a de plus en plus d’agents, les salaires des joueurs sont plus importants qu’à l’époque…
Vous pensez qu’il faut bien connaître l’environnement marseillais pour présider l’OM ?
Ce n’est pas parce qu’on est Marseillais qu’on peut être président. Néanmoins, je pense que ça facilite les choses pour deux raisons. Premièrement, je connais l’historique du club, j’étais déjà supporter à l’époque des Skoblar, Magnusson. De plus, avec ma fonction d’avocat, je connais pas mal de monde, ça facilite les choses. Mais il faut arrêter de dire que les choses sont compliquées parce que c’est Marseille…
Basile Boli pourrait-il également faire partie de votre projet ?
Pour l’instant, je ne l’ai pas encore approché. Je connais bien Basile Boli, qui a fait partie de l’équipe qui a remporté la Coupe d’Europe, j’ai de bonnes relations avec lui. Maintenant, Basile a été mis en place par Vincent Labrune, et sur le plan éthique, ce n’est pas dans ma mentalité d’approcher quelqu’un qui est déjà en place. Pour l’instant, il ne fait pas partie des anciennes gloires que j’ai approché.