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«OM Champions Project». C'est le nom de code du projet de Frank McCourt pour l'OM. Dans la voiture qui l'a mené à la mairie de Marseille, à la rencontre de Jean-Claude Gaudin, cet homme d'affaires américain de 63 ans, en négociations exclusives pour le rachat du club marseillais avec Margarita Louis-Dreyfus, nous a parlés de ses ambitions.
«Quelle est votre expérience dans le domaine du sport ?
Elle est longue ! Mon père était déjà propriétaire de club, et j’ai détenu moi-même la fameuse équipe de baseball des Los Angeles Dodgers. Je suis aussi le propriétaire du Marathon de Los Angeles.
«Je vois loin. (...) C'est un engagement personnel, total»
Quels sont vos objectifs pour l’OM ?
Je veux une équipe qui vise le titre chaque saison, c’est mon aspiration numéro 1. Je veux construire une formation cohérente, stable, compétitive, qui va permettre d’installer de la régularité. Ensuite, je veux créer la meilleure expérience possible pour le supporter de l’OM, la meilleure ambiance de toute la Ligue. Je veux créer un club modèle, qui fera le plaisir de toute la communauté des fans. Et enfin, le management doit être solide, viable, en place sur une longue durée. Je veux de la pérennité, du professionnalisme. On doit être les plus professionnels en France.
Combien de temps allez-vous rester ? Vous projetez-vous ?
C’est un engagement de long terme de ma famille et moi. Je suis le seul actionnaire de mon entreprise familiale. J’aimerais, qu’un jour, un de mes enfants reprenne le club. Je vois loin. Je ne suis pas un fonds d’investissement qui achète et revend, c’est un engagement personnel, total. J’aime le sport, j’aime la victoire.
Quelle est l’étendue de votre fortune ?
(Il se crispe). Je ne veux pas parler de ma fortune personnelle, il y a beaucoup d’articles là-dessus. Pareil pour la cession des Dodgers, je ne veux pas m’étendre là-dessus. Je suis quelqu’un de très fortuné.
«Le sport, c'est un business différent, et je sais faire»
Parlez-nous de votre famille ?
J’ai cinq enfants, quatre garçons et la petite Luciana, neuf mois. Mes gars sont des grands sportifs, et des fans de beaucoup de disciplines, notamment le foot. La petite Luciana, j’ai le sentiment qu’elle sera la supportrice numéro 1 de l’OM. Moi, je suis né et j’ai grandi dans les faubourgs de Boston, j’ai aussi vécu à Los Angeles, quand je possédais les Dodgers, et à New York. Adolescent, à Boston, j’ai touché à tout, le foot, le basket, le hockey, le golf, le tennis. Aujourd’hui, je me contente de sports d’eau et de ski.
Pourquoi passer du baseball au foot ?
J’ai commencé à m’intéresser à un projet de reprise d’un club européen en 2014. On m’a parlé de l’OM, et les choses se sont accélérées depuis trois mois. Le football devient le sport le plus exposé à l'international, on le voit à travers la Coupe du monde, la Premier League, qui a créé un business model fantastique. Je pense que le futur du football français peut être aussi brillant, je suis très optimiste sur ce point.
Allez-vous vous installer en France ?
Je vais essayer de venir le plus souvent possible. Je n’ai pas encore défini les contours de mon équipe de management, je prendrai les meilleurs, quelque soit leur nationalité. Je peux vous dire une chose : on va tout faire pour réaliser le projet de mes rêves. Je ne veux que des gens qui savent gagner dans mon équipe.
«On veut construire cette équipe qui rivalise avec les meilleurs chaque année»
Comment se sont passées les négociations avec MLD ?
Ce furent des pourparlers normaux, ni simples, ni compliqués. Margarita a toujours été claire : elle voulait que l’OM soit dans les mains de la personne la plus forte, la plus solide. Elle me l’a bien fait comprendre. Le sport, c’est un business différent, et je sais faire.
Avez-vous assisté au match OM-Lorient, vendredi dernier ?
Non, mais je suis déjà venu au Vélodrome. C’est un stade incroyable. L’atmosphère est fantastique, c’est une enceinte avec une énergie folle, des supporters en transe. Quel avantage pour une équipe !
Est-ce un problème que le club ne soit pas propriétaire du stade Vélodrome ?
Je ne pense pas. Je n’appellerais pas ça un problème. On reparlera de ce sujet dans le futur. Vous savez, la propriété d’un stade ne fait pas gagner des matches, le soir venu. Ce sont les moyens humains qu’on a mobilisés, qui permettent la victoire. C’est l’équipe la plus compétitive qui gagne, et on veut construire cette équipe qui rivalise avec les meilleurs chaque année. La tradition, l’histoire de l’OM l’exige. Je suis parfaitement conscient de la notoriété de ce club, la fan base est son atout principal.»
Mathieu GREGOIRE, à Marseille.