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Ciccolunghi entre dans l’arène
Surnommé « Cicco », le successeur italo-suisse de Vincent Labrune prend ses fonctions de président de l’OM aujourd’hui. Pour une période de transition qu’il lui faudra mener sur tous les fronts. Ciccolunghi entre dans l’arène
Mathieu Grégoire MARSEILLE – Sur les façades qui marquent l’entrée du parc Borély, des affiches jaunies annoncent la future sortie de l’album Chico et les Gypsies, revival coloré des hérauts de la musique gitane. Du côté de la Commanderie, on guette « Cicco » et son orchestre. Cet après-midi, Giovanni Ciccolunghi (72 ans) va être désigné président du directoire par le conseil de surveillance de l’Olympique de Marseille, qui se réunira à 14 h 30 au cabinet de l’expert-comptable Jean-René Angeloglou, président du conseil de surveillance du club.
La nomination de Gunter Jacob, le bras droit sportif de l’Italo-Suisse, étant connue, le dernier point d’interrogation concerne l’identité d’un éventuel directeur général. Le contrat de Dominique Bernard, intérimaire à ce poste, s’achève au 31 juillet. « Cicco », lui, est là pour quelques mois et des défis multiples.
S’implanter et se faire de bons réseaux
Ciccolunghi n’était pas le premier choix de Margarita Louis-Dreyfus. Si le job était sans risques, Igor Levin, l’avocat de Margarita Louis-Dreyfus, l’occuperait depuis longtemps.
La moustache et le regard facétieux de Ciccolunghi le rendent sympathique, il a toujours été un bon soldat, chez Adidas comme au board du groupe Louis-Dreyfus. « Je n’ai pas le souvenir de l’avoir entendu une fois prendre la parole, confie un ponte de la compagnie. Il applique les consignes. » Il débarque au milieu de fidèles de Vincent Labrune (Luc Laboz, directeur général adjoint, et Basile Boli, ambassadeur du club) et de José Anigo (à tous les étages du club). Le cas de ce dernier, chargé de mission de l’OM jusqu’en juin 2017, symbolise ce passé. « La première mission est de se familiariser avec tous les mécanismes du club, le plus surveillé de France par les médias, les supporters, la justice aussi, confie un ancien président marseillais. Cela prend un à deux ans, selon moi. » Ciccolunghi n’aura pas ce luxe.
Construire un effectif potable
Bien démarrer la saison comme l’avait fait Élie Baup en 2012, avec six victoires d’affilée, peut soulager des plaies encore vives (le départ de Didier Deschamps à l’époque). « Tout le monde s’attend à une année encore pire que la dernière, explique un dirigeant. Quelques bons résultats d’entrée prendraient l’allure d’un miracle ! »
Dans une Ligue 1 affaiblie, l’OM a suffisamment de moyens pour bâtir un groupe honorable, capable de viser les huit premières places. Le club s’apprête ainsi à offrir un salaire conséquent (3 millions d’euros) à Bafétimbi Gomis, attendu à Marseille en ce début de semaine.
Incarner la fonction et remplir le Vélodrome
Sûr de lui et se contentant d’influencer les esprits en coulisses, Vincent Labrune s’est coupé du grand public, apparaissant rarement devant les caméras, sauf pour qualifier certains supporters « d’abrutis » le 23 août 2015. Au lieu de remplir le costume présidentiel avec sérénité et détachement, il a endossé l’habit étonnant d’un super VRP fourmillant d’idées. La détestation des fans qui en a découlé fut irrationnelle, même si beaucoup, comme Christian Cataldo, responsable des Dodgers, la mettent en perspective : « Le départ de Labrune, c’est bien. Mais ce qu’on veut vraiment, c’est la vente du club et le départ de Margarita Louis-Dreyfus. » Les dés seront-ils pipés pour Ciccolunghi ? Un peu de rondeur et quelques recrues peuvent relancer la campagne d’abonnements.
Préparer la vente
Dans ce domaine, la propriétaire et son mari Philipp Hildebrand ont cerné le double jeu de Labrune, qui poussait certains dossiers pour en écarter d’autres. Ciccolunghi sera en lien direct avec Levin, Angeloglou et le banquier François de Breteuil, les hommes de la vente. Les informations ne s’égareront pas, la confidentialité sera de mise et « Cicco » pourra aussi présenter un bilan financier à l’équilibre.
Voire dénicher un éventuel repreneur, par le biais de ses réseaux en ex-URSS. « Plutôt que de gérer le club au quotidien, le principal objectif fixé à “Cicco” par MLD sera peut-être de le maintenir dans un état d’immobilisme absolu en attendant le repreneur, explique un ancien cadre de l’OM. Mais cet état ne peut durer très longtemps à Marseille. »