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peezee a écrit:boodream, je sais pas quelle vie tu as, mais franchement si tu penses que tout est pire que ça, que tu n'as pas un minimum le choix, que tu n'es pas obligé de tout accepter sans moufter, bah c'est triste.
Y'a encore des gens bien tu sais, dans la "vraie vie". Beaucoup même, je t'assure.
Des salauds ? Un gros paquet ouais, merci je suis au courant.
Les McKay, parents de la balle
REPORTAGE William le père, Mark le fils. Ces deux agents, qui contrôlent le marché anglais, dessinent la carte du monde du football.
Costumes mal cintrés, mocassins élimés, teint d’une pâleur prohibée à Marseille, accent écossais incompréhensible même quand ils commandent un Coca au serveur du Sofitel du Vieux-Port : les quatre hommes qui débarquent dans l’établissement en ce dimanche après-midi ont l’allure de commerciaux venus pour un séminaire sous le soleil provençal. Et pourtant…
Alex Neil, 34 ans, est l’entraîneur de Norwich City. David McNally est le directeur général de ce club promu en Premier League. Quant à William et Mark McKay, agents de père en fils, ils jouent les guides érudits, ils leur ont promis une rencontre au sommet. Les quatre non fantastiques vont assister à OM-Troyes au Vélodrome, ils peuvent acheter la moitié de l'équipe marseillaise s'ils dégainent leur chéquier. Après avoir filé au stade, ils sont conduits à l'espace VIP par Séverine Grandemange, chargée du contrôle de gestion à l'OM. Puis, après le match, apparition dans la loge du président phocéen, Vincent Labrune. Ils lui proposent 20 millions d’euros pour son défenseur central, Nicolas Nkoulou. Froidement.
Labrune s’étouffe. Pas sur l’offre, non, elle est finalement refusée. Plutôt à la suite des trois maillots dédicacés que William McKay lui donne «comme cadeaux, pour s’excuser» : ceux d’Idrissa Gueye (Aston Villa), de Jordan Ayew (Villa aussi) et d’André Ayew (Swansea). Labrune, interloqué : «Là, je me demande s’il se fout de ma gueule. William McKay a mis Gueye à Aston Villa alors que ce milieu de terrain lillois devait signer à Marseille. Quant à Andre Ayew, il est parti libre [c’est-à-dire au bout de son contrat, ndlr] sans nous rapporter un euro à l'OM. Willie est gentil, mais il me pourrit la vie. On s’est fâchés notamment à cause de ces dossiers.» Le président de l’OM ajoute : «Il me reproche de ne pas lui avoir payé la moindre commission depuis qu’il a travaillé sur des joueurs de l’OM. Mais ce sont les clubs anglais qui doivent le payer. Il a fait un deal en loucedé avec l'agent de Dimitri Payet pour le placer à West Ham. Dès le mois de mai, Mark McKay a commencé à envoyer une première offre, à hauteur de 4 millions d'euros.» L'international est finalement parti pour 15 millions d'euros, fin juin.
On coince Willie. A 56 ans, il n’a plus aucune licence d’agent, a déclaré sa société en cessation de paiement en avril dernier, mais il continue de fanfaronner : «Vincent devrait m’ériger une statue. En 2012, je lui ai trouvé des clubs pour Alou Diarra et Stéphane Mbia, comme pour Loïc Rémy ou Morgan Amalfitano. Et un autre joueur, mais je ne me souviens plus lequel. On s’embrouille souvent, mais je l’aime bien. Il sait que je suis là s’il a besoin. D’ailleurs, toi, tu ne connais pas un joueur qui veut aller en Angleterre ?» lance-t-il en notre direction.
«Spécialistes»
L'aimable et discret Mark McKay (28 ans) est enregistré auprès de la fédération anglaise et sert de «structure» à son père, selon son expression, il va recevoir un mandat de 750 000 euros de l'OM pour le transfert de Payet. Quant à l'agent historique de Payet, il percevra entre 5 et 10 % sur les revenus du joueur (450 000 euros brut par mois, sur cinq ans). «Tout le monde voulait Payet, glisse Mark McKay, qui a fait des études de Sciences Po à York et s'interrompt à la seconde quand le nom de «Dad» s'affiche sur un de ses deux smartphones. On a montré le chemin à West Ham. S’ils allaient discuter sans nous avec Marseille, ils auraient fini par payer 25 ou 30 millions. Quand un club de Premier League vient en France, les prix sont doubles. Je peux le comprendre. A part le Paris-SG et quelques grandes équipes européennes, personne ne peut rivaliser.»
Labrune glisse : «Willie te harcèle, t’envoie des dizaines de mails, t’appelle entre minuit et trois heures du matin, se permet de te parler comme jamais Jorge Mendes ou Mino Raiola ne se l'autoriserait. J'ai parfois envie de le tuer... Mais il faut reconnaître que les McKay bossent comme des dingues, et font partie des quelques spécialistes du marché français. Ils ont une capacité à te ramener des offres de clubs anglais qui dépassent l’entendement.»
«Cracher dans la soupe»
Une fois lancé, Willie McKay ne sait pas s’arrêter. Willy Ndangi, le père de Giannelli Imbula, milieu de l’OM parti à Porto fin juin, soupire : «McKay m’appelle et me dit : "J’ai une offre de West Ham pour Imbula, et trois autres clubs que je dois garder secret. Si on fait le deal, j’ai un million d’euros pour vous." Puis il contacte le président Labrune et lui annonce : "Je suis le nouvel agent d’Imbula." En fait, Jacques-Olivier Auguste, le représentant de Payet, et McKay voulaient enchaîner sur un second transfert juteux.» Le père d’Imbula n’est pas un perdreau de l’année, il est associé à la réussite et aux transferts de son fils. Mais quand la ficelle est trop grosse… «J’avais encore son numéro enregistré dans mes contacts car il avait été mandaté par les Queens Park Rangers en janvier 2013 pour acheter Giannelli, alors à Guingamp, poursuit-il. Mais lui, il ne se rappelait même pas qu’on avait discuté à l’époque ! McKay, il prend ses sous et il se casse. Le football, ça ne le regarde pas.»
On se souvient des propos d’Alou Diarra, dans l’Equipe, en janvier 2013 : «West Ham est venu me chercher. Ils ont mandaté un agent (Willie McKay, of course) qui a sorti le grand jeu, débarquant à Marseille en jet privé, me promettant monts et merveilles.» En Angleterre, Diarra n’a pas joué. «J’ai le sentiment d’avoir servi de poisson dans une affaire financière. Certains se sont fait de l'argent sur mon dos.»
L'ancien capitaine de Bordeaux n'a pas été payé au SMIC, rassurez-vous. En juin, les McKay ont obtenu 8 millions d'euros de prime à la signature et 3 millions nets de salaire annuel pour André Ayew à Swansea, sans compter une belle enveloppe pour son papa, Abedi Pelé. Mais la candeur de Diarra interpelle. Le landernau sait que Willie McKay préfère ses canassons aux joueurs du foot, à l'exception peut-être des barrés Joey Barton et El-Hadji Diouf. «Avec Barton, ils se paient des chevaux comme un footballeur français achète des montres», raconte Habib Beye, l’ancien capitaine de l’OM. Beye a fini sa carrière à Doncaster en 2011-2012. Le boss de ce club de seconde division a filé les clés à McKay, qui habite dans le coin dans une large demeure victorienne avec écuries. Il lui offre un recrutement rappelant le multiplex de L1 du samedi soir, mais du début des années 2000: Bagayoko, Bamogo, Chimbonda, Diatta, Diouf, Ilunga, Plessis... Il fait payer le salaire de Beye par Aston Villa, lui rajoute des primes, et lui permet même de s’entretenir à Paris et de ne venir dans le Yorkshire que pour les matches.
Un cheval de course nommé Van Ruymbeke
Beye, dont le premier représentant a été Pape Diouf, compare : «Pape, je le considère comme un père spirituel. Avec Willie, ils ne faisaient pas le même boulot. Pape était proche de ses joueurs, Willie fait du business. Certains lui reprochent ses méthodes discutables, mais j’appelle ça cracher dans la soupe. Quand tu fais appel à Willie McKay, tu sais très bien avec qui tu signes. Il veut faire de l’argent. Moi, à Doncaster, il m’en a fait gagner. Un agent rêve d’avoir 100 en Angleterre, mais il aura 0 sans Willie, qui lui propose 50-50. Libre à chacun d’accepter ou non, en fonction de son éthique personnelle.»
A la fin des années 90, Diouf et McKay ont construit un nouveau tunnel sous la Manche. Ils ont placé des talents africains en Premier League, dégraissé des gros salaires, comme celui d’Anelka (expédié en 2002 à Manchester City depuis le Paris-SG). Dénoncés dans une lettre anonyme auprès de la Fédération française de football début 2004, Diouf et McKay ont été aussi entendus dans l’affaire des comptes du Paris-SG. Le 2 mars 2005, McKay est cuisiné par la brigade financière de Nanterre et par le juge Van Ruymbeke, qui note qu’il a perçu 15 millions d’euros de commissions entre 1999 et 2004. Alors basé à Monaco, au régime fiscal avenant, McKay a viré 5,6 millions d’euros auprès de tiers et a retiré 5,1 millions en cash. «Je fais ce que je veux de mon argent. Je n’ai pas à me justifier sur mes dépenses en espèces. Ce chapitre est clos», tonne-t-il devant les policiers.
Willie McKay, simplement renvoyé comme témoin assisté, donnera le nom de Van Ruymbeke à l’un de ses meilleurs chevaux de course. Diouf a aussi eu droit à cet honneur. «Il y a "Pape Diouf One", "Pape Diouf Two"… Je prends ça comme une marque de respect et de son humour british, explique-t-il. J’ai passé des moments de franche rigolade avec Willie. Il s’autocaricature souvent, étale ses liasses de billets, vous répond : "Non, je n’ai pas vu le match, je m’en fous du foot." Mais il est plus complexe. Il a arrosé tous ses copains de la banlieue de Glasgow.» Un jour, McKay a voulu jouer le gros bras des bas-fonds d’une cité écossaise auprès de l’agent Jean-Luc Barresi. Le sketch a tenu une minute, vite conclu par un Barresi considéré par tous les services de police de France comme le patron du banditisme marseillais des années 1990.
Diouf voit plutôt un vrai pro, doublé d’un roublard : «C’est un pitbull. On s’est connus il y a vingt ans, il arrivait à trouver des clubs anglais ou écossais à des joueurs qui n’avaient plus rien, ou presque. Sur cinq joueurs qui partaient à l’essai, quatre étaient pris. Un sacré ratio. On a commencé avec Roger Boli, Jimmy Adjovi-Boco… On voulait récupérer Jean-Michel Ferri, l’ancien capitaine de Nantes. Il était en Turquie, on savait que Liverpool était sur lui. Willie a appelé Ferri et s’est fait passer pour Peter Robinson, le chief executive des Reds: ‘‘Bonjour Monsieur. Vous nous intéressez, mais nous sommes un club sérieux, nous ne pouvons travailler avec n’importe qui. Nous connaissons bien Pape Diouf, et c’est avec lui que nous aimerions régler votre dossier. Mais c’est à vous de décider…’’ Ferri m’a appelé dans la minute, on l’a placé à Liverpool.»
Mark McKay, qui a passé de nombreuses semaines auprès de Joey Barton lors de son exil à l’OM en 2012-2013, est moins madré. «J’ai aussi des chevaux, plaisante-t-il. Mais je m’occupe de mes petits frères jumeaux, Jack et Paul, ils ont 18 ans, jouent à Doncaster. Je vois ce qu’ils traversent, ça me donne de l’empathie. Ils vivent comme des moines sans être sûrs de réussir.»
«Les dirigeants français sont vraiment lents et coincés!»
Cet été, huit clubs anglais ont dépensé 130,5 millions d’euros (plus 12 de bonus) sur onze joueurs de L1. Les McKay ont sauvé les finances de Lille avec le transfert de Gueye, ripoliné celles de Lorient avec celui de Jordan Ayew. «Loïc Féry faisait traîner les négos, les dirigeants français sont vraiment lents et coincés!», badine Willie McKay. Leurs réseaux, que l’on dit déclinants, vont de David Sullivan, ancien pape de la pornographie et actionnaire de West Ham à hauteur de 25 %, aux entraîneurs Harry Redknapp ou Sam Allardyce.
«Son fils est plus discret, mais ce n’est pas une simple boîte aux lettres, il apprend le métier auprès de son père, confie Julien Fournier, le directeur général de l’OGC Nice. J’ai une relation saine avec lui, je ne le considère pas comme un simple nettoyeur. J’appelle souvent Willie pour sonder le marché, il m’avait notamment ramené des offres pour Kolodziejczak à l’été 2014, en vain. Il ne cache pas une motivation purement économique, mais c’est un intermédiaire réactif, une passerelle entre les clubs anglais et français. S’il fait un dossier qui satisfait l’OGC Nice, je mandaterai Mark sans problème.»
Un ancien collaborateur des McKay conclut : «En France, il y a une certaine hypocrisie sur le job d’intermédiaire. Willie n’amènera jamais un dentifrice au joueur entre deux mercatos. Et alors? C’est la mentalité en Premier League. La Ligue 1 s’y met discrètement, avec des agents référents dans certains clubs : Fabrice Picot sur de nombreux deals à Nantes, Franck Belhassen à Reims ou David Wantier à Saint-Etienne, carrément devenu conseiller en recrutement.» En moins fun. Dans l’ascenseur du Sofitel, dimanche, McKay nous dit : «Barton va à West Ham, tu peux l’écrire.» Quatre jours plus tard, l’enfant terrible signait à Burnley.
Mathieu GRÉGOIRE Envoyé spécial à Marseille
peezee a écrit:Putain de nausée, de dégoût profond...
Je devrais décrocher du foot complètement, là tout de suite, si j'en avais le courage et la volonté.
Parce que ce "sport" (lol) est de plus en plus éloigné de certaines "valeurs" (ouais ça existe encore ça, dans l'esprit en tous cas) qui me semblent non négociables. A moi, perso. Et je dois pas être le seul.
Écœuré.
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