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Michel, une évolution cinq étoiles
Il a déjà choisi ses hommes
Le changement d'entraîneur a modifié certains statuts dans le groupe.
QUI A GAGNÉ. Sans trop de suspense, le grand vainqueur de ce changement d'entraîneur est… DORIA. Placardisé par Marcelo Bielsa dès son arrivée, l'été dernier, le jeune Brésilien (20 ans), prêté lors de la seconde partie de saison à Sao Paulo, n'a jamais joué avec l'Argentin. Et ce malgré des séances plutôt convaincantes aux yeux de beaucoup de ses coéquipiers. Fin juillet, son départ vers Sao Paulo était même acté. Des raisons contractuelles ont fait achopper le deal au dernier moment. Depuis sa nomination, la semaine dernière, au-delà d'un soutien public appuyé, Michel a intégré Doria à l'ensemble des oppositions. Hier matin, le Brésilien était même aligné dans l'équipe des titulaires. Un statut sans doute précaire puisque l'OM cherche avec le Belge Jason Denayer à recruter dans ce secteur de jeu. Mais si le défenseur de Manchester City ne signe pas, comme c'était la tendance hier soir (voir page 4), le Brésilien a des atouts pour concurrencer le Néerlandais Karim Rekik. Priorité du président de l'OM Vincent Labrune, Lassana DIARRA, avec son expérience XXL (Chelsea, Real Madrid…), aurait sans aucun doute été titulaire avec Marcelo Bielsa. Mais l'arrivée de Michel a accéléré son intégration. Pas du tout sûr en effet qu'« el Loco », qui ne cachait pas ses craintes sur la capacité de l'ancien Madrilène à être prêt rapidement, ait aligné l'international dès le match contre Troyes. Michel n'a, lui, pas hésité. Avec le résultat que l'on connaît…
QUI A PERDU ? Dès l'été dernier, Karim REKIK faisait partie de la liste des joueurs souhaités par Marcelo Bielsa. L'OM a mis finalement un an à exaucer le souhait du technicien argentin, convaincu par les qualités de ce défenseur élégant à la relance précise. L'arrivée de Michel fragilise le statut de l'ancien défenseur de Manchester City pour au moins deux raisons : il a relancé Doria et a validé l'arrivée de Jason Denayer. Apparu à quatorze reprises l'an dernier, Baptiste ALOÉ, devenu international Espoirs, devrait être prêté rapidement à Valenciennes. Dans l'esprit de Michel, Stéphane Sparagna peut couvrir le poste de 6 et de défenseur central de complément. Élément important du système Bielsa, Alaixys ROMAO, titularisé lors des deux premières journées, a vu cet été son statut s'effriter. Du fait de l'arrivée de Lassana Diarra bien sûr, mais surtout en raison du statut de leader donné à l'ancien Madrilène par Michel. Lors de ses premières prises de parole publiques, le technicien s'est longuement arrêté sur le rôle essentiel que tiendra Diarra. Difficile dans ce contexte de trouver une place à l'ancien Lorientais, convoité en Turquie. Si Lucas OCAMPOS a été recruté cet été, après son prêt de six mois l'an dernier, c'est aussi (et avant tout ?) pour faire plaisir à Marcelo Bielsa. L'Argentin voyait dans le Monégasque une alternative crédible à Michy Batshuayi au poste de numéro 9. Michel, lui, le considère davantage comme un joueur de couloir. Et à ces postes, il y a du monde (Cabella, Alessandrini, Sarr, Nkoudou). Dans un premier temps écartée sous Bielsa en raison de la présence d'Ocampos, l'arrivée d'un numéro 9 à même de concurrencer Michy Batshuayi a été expressément demandée par Michel. Le technicien espagnol l'a répété jeudi : « Je veux qu'il y ait de la concurrence. Je veux un joueur qui vienne et qui fasse comprendre à Michy : "Je suis là" et que Michy lui réponde simplement comme il l'a fait dimanche contre Troyes. Ce serait fantastique pour moi. »
Il a simplifié le jeu
Comme son prédécesseur, Michel veut une équipe offensive. Mais l'ancien joueur du Real souhaite l'organiser différemment.
MÊME SI ELLE a été un peu courte, entre la fin du match contre Troyes (6-0), dimanche, et le départ pour Guingamp, hier après-midi, Michel vient d'accomplir sa première semaine de travail complète à la Commanderie. Au travail depuis le 20 août, le technicien espagnol n'a encore que quelques séances d'entraînement et un match de compétition derrière lui, mais il laisse déjà deviner quelles vont être ses orientations techniques et tactiques, par rapport au travail effectué avant lui par Marcelo Bielsa.
LE SYSTÈME : DIFFÉRENT MAIS PROCHE
Bielsa utilisait un 4-2-3-1 ou un 3-3-3-1 face aux équipes qui évoluaient à deux attaquants axiaux. Le système de base des débuts de Michel à Marseille est un 4-3-3. Le milieu est en effet composé d'un joueur à vocation défensive (Lassana Diarra), d'un relayeur susceptible de se projeter vers l'avant mais aussi de revenir aider derrière (Mario Lemina aujourd'hui, bientôt Lucas Silva) et d'un créateur qui occupe presque le poste de meneur de jeu (Abdelaziz Barrada), avec une très grande liberté de mouvement en phase offensive. De ce point de vue, le 4-3-3 de Michel est assez proche du 4-2-3-1 que Bielsa avait imaginé pour sa deuxième saison marseillaise.
L'ATTAQUE : TRÈS PROCHE
Très naturellement, la culture de Michel, comme du staff qui l'a accompagné à Marseille, est profondément espagnole. Ses principes de jeu, un football de possession à vocation offensive, prioritairement fondé sur des passes courtes et qui repart proprement de derrière, ne sont pas non plus éloignés de ceux de Bielsa. Les défenseurs latéraux sont aussi appelés à participer beaucoup au jeu d'attaque et à combiner avec les ailiers. À gauche, les montées régulières de Benjamin Mendy vont aussi pousser Rémy Cabella à venir dans l'axe, sa position naturelle. « Le coach m'a dit de le faire encore plus, de rentrer davantage pour permettre à “Ben” d'aller sur le côté », explique ce dernier. Michel semble aussi accorder une attention particulière aux combinaisons sur coups de pied arrêtés. Il les avait travaillées le matin du match contre Troyes, ce qui avait permis à Diarra de marquer sur corner. Il a fait de même hier.
LA DÉFENSE : TRÈS DIFFÉRENTE
La saison passée, l'OM a parfois souffert de ses déséquilibres. Avec Michel, les prises de risque seront sans doute plus mesurées. « Parfois, on est très pressés quand on a le ballon, mais aussi quand on veut le récupérer, et on se désorganise un peu, estime l'entraîneur marseillais. On a beaucoup de passion dans le jeu et il faut jouer un peu plus avec la tête. Le meilleur exemple, c'est la manière dont a joué “Lass” (Diarra) contre Troyes. » Un pressing assez haut devrait rester l'une des bases du jeu de l'OM, même si les prochains matches permettront de jauger plus précisément cette volonté. « Je ne vais pas tout vous dire, sinon les équipes vont nous attendre, sourit Romain Alessandrini. Mais on a un système bien en place, différent de la saison passée. On s'épuise un peu moins. Cela nous permet de récupérer les ballons au milieu de terrain et de contre-attaquer. » Le principal changement, sur cet aspect du jeu, réside dans l'abandon du marquage individuel instauré par l'entraîneur argentin la saison passée. Très exigeant pour les joueurs mais intéressant pour la pression qu'il pouvait infliger aux adversaires, cette manière de défendre ne sera pas utilisée par Michel, beaucoup plus classique, par bien des aspects, que Bielsa, et qui a décidé de s'en tenir à une défense en zone.
Il a libéré Labrune
Avec Michel, le président de l'OM évolue au côté d'un entraîneur plus conciliant, qui lui permet de retrouver davantage d'influence sur la politique sportive .
LE VIRAGE a été aussi abrupt que la démission de Marcelo Bielsa. Un exemple ? Au hasard, Milton Casco, ce défenseur latéral de Newell's Old Boys que les dirigeants de l'OM avaient accepté de recruter à contrecoeur, pour répondre à une demande de Bielsa. Le 8 août au matin, Casco était attendu à Marseille sous quarante-huit heures. Le soir même, après l'au-revoir du technicien argentin, il n'en était plus question.
De ce point de vue, même si le départ inattendu de Bielsa l'a d'abord placé devant une situation d'urgence délicate à gérer, la position de Vincent Labrune paraît aujourd'hui plus confortable que tout au long de l'année écoulée.
Une communication plus fluide
Les demandes de Bielsa sur le recrutement, pas assez respectées à ses yeux lors du mercato estival 2014, étaient devenues le principal axe de travail des dirigeants marseillais, qui avaient notamment recruté Karim Rekik, Javier Manquillo et Lucas Ocampos sur ses recommandations. Une nuance tout de même : Lassana Diarra comme Abou Diaby étaient d'abord des idées de Labrune, validées ensuite par Bielsa. De la même façon, ce dernier avait aussi subi et accepté la vente de Dimitri Payet à West Ham, qui ne faisait pas partie de la stratégie initiale.
Mais avec le départ de Bielsa, le président de l'OM a retrouvé une liberté d'action plus importante. La vente de Florian Thauvin et l'arrivée en prêt de Rémy Cabella ont ainsi été menées à son initiative, très rapidement après la démission de l'ancien entraîneur, qui comptait énormément sur Thauvin. Entre Bielsa et Labrune, la communication, qui s'effectuait surtout par mails ou par l'intermédiaire de Luc Laboz, le directeur général adjoint, était lourde, ce qui compliquait et ralentissait les processus de décision. Aujourd'hui, la ligne paraît plus directe entre l'entraîneur et son président, qui a clairement repris la main.
Vincent Labrune a ainsi relancé ces derniers jours la piste menant à Jason Denayer, évoquée une première fois au printemps et pour laquelle Bielsa avait donné son accord. Sur le dossier de l'attaquant supplémentaire, future doublure de Michy Batshuayi, la position de l'OM a aussi changé après le départ de Bielsa, qui considérait que Lucas Ocampos pouvait tenir ce rôle. Michel n'est pas de cet avis et Labrune s'est donc mis en quête d'un avant-centre sur le marché. Même s'il apparaît moins précis dans ses exigences, le nouvel entraîneur espagnol ne reste pas, toutefois, complètement en retrait sur le recrutement. Il a ainsi entériné le choix de Denayer et c'est lui, par exemple, qui a proposé l'arrivée de Lucas Silva, avant que Labrune ne travaille à la venue du milieu brésilien.
Il est plus ouvert... en apparence
C'est sans doute dans le rapport affiché face aux médias que la rupture entre Marcelo Bielsa et Michel est la plus nette. L'Argentin s'en tenait aux apparitions obligatoires en conférence de presse, avant et après chaque match. L'Espagnol respecte le même programme mais il accepte aussi les interviews, alors que Bielsa n'en donne aucune. Il a ainsi accordé, mardi, son premier entretien individuel à la presse française, dans le quotidien régional la Provence, et il en donnera d'autres. De ce point de vue, son passé de consultant à la radio et à la télévision le différencie, bien sûr, de son prédécesseur. Visuellement, entre la posture de Bielsa, les yeux baissés face à son auditoire, et celle de Michel, incontestablement plus naturelle de ce point de vue, le contraste est évident. Face à la presse, l'entraîneur espagnol joue (surjoue ?) sur son empathie et peut même répondre sur le ton de la boutade, sourire à l'appui, alors que Bielsa s'en tenait à une froide neutralité.
Pourtant, sur le fond, il n'en dit pas plus que lui. Voire moins, puisque Bielsa annonçait souvent la composition de son équipe avant les matches. Avec Michel, qu'il y a peu de risques de voir s'emporter publiquement contre ses dirigeants, le ton reste mesuré et les réponses aussi langue de bois que celles des autres entraîneurs de L 1. Les séances d'entraînement sont aussi restées fermées, aux supporters comme aux médias. Pour l'instant, la Commanderie a seulement été ouverte au public une demi-heure, lundi après-midi, au lendemain de la victoire contre Troyes (6-0).
Il soigne son look
Si Marcelo Bielsa semblait n'accorder aucune importance à son apparence, son successeur sur le banc de l'OM y est très attentif. Décryptage avec un pro de l'image.
Dès son arrivée à Marseille, Michel a affiché sa différence. Avec lui, pas de bedaine. Et pas de survêt en dehors de l'entraînement. À la différence de son prédécesseur, l'Espagnol de cinquante-deux ans s'est immédiatement distingué par son look avenant.
Nous avons demandé à Sylvain Gouédard, coach en image et fondateur du Label SG, de décrypter le style de Michel. Devant les photos de l'entraîneur phocéen, le spécialiste tombe immédiatement sous le charme. « Il est déjà beau, mais si on le met entre mes mains, il deviendra une bombe », affirme-t-il. Pour Gouédard, « le bleu qu'il porte (contre Troyes), c'est pour aller à un mariage. Ce look est trop monobloc. »
« Une chemise à petites fleurs »
Et le coach de tiquer, quand même, sur la coupe de la veste de Michel, notamment sur la longueur des manches, qui doivent « arriver à la naissance du pouce ». « Il a l'air d'avoir de bonnes cuisses, remarque-t-il (logique pour un ancien footballeur...) Il faut donc adopter les pantalons à pli pour mieux redessiner sa cuisse. » Des détails insignifiants au regard de l'outrage que constitue, pour lui, la ceinture portée par Michel au Vélodrome : « Elle est beaucoup trop large. Il faut quelque chose de plus discret ! »
Finalement, le successeur de Marcelo Bielsa s'en sort quand même bien. « Il peut garder la chemise blanche mais il pourrait aussi adopter quelques motifs. Cela lui donnerait de l'allure. Je le vois bien avec un pantalon chino, une chemise blanche, un coupe-vent et une paire de Richelieu aux pieds. Il faut qu'il porte plus de jeans, de jolis blazers, une belle chemise à petites fleurs », détaille Gouédard. « C'est un bel homme, charismatique, poursuit le relookeur professionnel. Les couleurs comme le bleu, le rouge, le jaune, le marron et le vert lui vont bien. Je vois quelqu'un de déterminé, qui va au bout des choses. »
Et la coupe de cheveux ? « C'est très bien. Pas plus court car il perdrait ce côté séduisant, méditerranéen. J'aime beaucoup son poivre et sel, très chic, qui lui donne un air de George Clooney. » What else ?