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L'as Diarra
Pour son premier match à l'OM, le milieu marseillais s'est offert un petit chef-d'oeuvre sur une frappe lointaine (47e).
QUE PENSAIT-IL à cet instant ? Lorsque, sur les coups de 22 h 08, les yeux vers le ciel, Lassana Diarra avait fait basculer le Stade-Vélodrome dans une folle ivresse estivale, le temps d'une frappe de vingt-deux mètres dans la lucarne droite de Petric (2-0, 47e). On aime à penser que l'ancien milieu du Real Madrid se répétait alors ce qu'il confiait à ses proches depuis quelques semaines. Que oui, en signant à l'OM, il allait montrer à cette France-là, avec laquelle il a entretenu des rapports parfois difficiles que, malgré son année sans compétition liée à un imbroglio juridique avec le Lokomotiv Moscou, malgré son exil russe depuis trois ans, il était toujours ce milieu puissant, technique qui avait un temps enchanté le stade Santiago-Bernabeu de Madrid. Il l'a d'ailleurs confirmé sur Canal + à la fin du match : « Je ne vis pas dans le passé. Ma carrière n'est pas finie. Je vais être honnête. Ce fut long. J'ai une pensée pour toutes les personnes avec qui j'ai travaillé ces quatorze derniers mois. »
Hier soir, le temps de soixante-cinq minutes, Diarra a montré ce talent-là par séquences. L'international avait commencé son premier match en compétition depuis quinze mois, doucement comme si, à trente ans, il voulait reprendre ses marques dans ce Championnat qu'il ne connaissait pas. Diarra demandait alors sans cesse le ballon et assurait ses transmissions. Il lui fallut, en fait, vingt minutes pour faire rugir de plaisir une première fois le Vélodrome. Ses appuis bas, ses crochets courts si caractéristiques, et ce slalom de vingt mètres au milieu de deux Troyens signalaient son vrai retour.
Standing-ovation à sa sortie
On faisait alors un saut dans le temps. Un saut dans ses années anglaises à Chelsea puis Arsenal. Et ensuite ? Ensuite, Lassana Diarra a fait ce qu'il a toujours fait. Être au duel, récupérer et transmettre rapidement. Ça mais pas seulement, malgré son peu d'entraînement (deux semaines) puisqu'il régala, sur au moins deux séquences, les fans marseillais par deux nouveaux rushes. Un festival ponctué donc par cette frappe lumineuse (47e). Il n'en fallait pas plus pour que le Vélodrome scande de puissants « Diarra, Diarra » pendant de longues minutes.
Comme s‘ il fallait réserver une première sortie digne à son milieu, comme si Michel anticipait déjà l'influence de Diarra dans les prochains mois, le technicien espagnol le fit remplacer. Une standing-ovation raccompagna « Lass ». Difficile de rêver mieux.
Son histoire avec l'OM s'est donc lancée hier soir sous les meilleurs auspices. Lui qui n'a marqué que huit buts dans sa carrière n'en inscrira pas tous les jours. Le Vélodrome le sait pertinemment. Mais son influence dans ce vestiaire jeune est, dit-on, déjà perceptible. Sur le terrain, il n'a fallu qu'une douce soirée d'été pour se rendre compte de ce que pourrait être Diarra le Marseillais…
Marseille " Michelisé "
Pour les débuts de Michel sur le banc, l'OM a lancé sa saison avec un succès tonitruant qui va aider l'entraîneur espagnol à s'installer.
LA DIFFÉRENCE est tellement énorme, entre la démonstration hier soir et le visage piteux affiché à Reims (0-1) une semaine plus tôt qu'il faut bien reconnaître une vertu à l'arrivée de Michel sur le banc de l'OM : elle ne lui a pas fait de mal. En trois jours, sauf s'il est le plus grand magicien du football européen, ce qui nous aurait échappé, le technicien espagnol n'a cependant pas pu transformer radicalement une équipe qui avait manqué ses deux premiers rendez-vous de la saison. Le 6-0 infligé à une formation troyenne qui a sombré corps et biens en seconde période, ce que la première ne laissait pas deviner, est sans doute un peu trop gros pour être vrai.
Il n'empêche que, ce que l'OM a dévoilé de ses possibilités, même face à un promu encore un peu tendre, était séduisant et porteur d'espoirs, après deux premières sorties qui ne l'étaient pas du tout. L'équipe de Michel a marqué six buts, trois d'entre eux vraiment superbes, grâce à son enthousiasme, son esprit offensif et une animation générale fluide sur l'ensemble de la rencontre. Et les bonnes nouvelles marseillaises de la soirée ne s'arrêtent pas là. Le plus prometteur, dans tout ce que l'OM a montré de bon hier, ce sont peut-être les débuts de Lassana Diarra, après plus d'un an sans jouer. Pour sa première au Stade-Vélodrome, l'international français a frappé fort, et pas seulement sur le but qu'il a inscrit d'un superbe tir du droit (2-0, 47e). Les autres nouveaux, Rémy Cabella et Javier Manquillo, lancé au dernier moment en raison de la blessure de Brice Dja Djédjé (cuisse droite) à l'échauffement, n'ont pas brillé autant, mais ils ont plutôt bien suivi le mouvement général.
Dans le 4-3-3 travaillé depuis jeudi par Michel, qui avait étudié son look (veste bleue sur chemise blanche), Abdelaziz Barrada a aussi déployé une intense activité, qui a mis l'OM en marche avant dès le début de la rencontre. Mobile, disponible, l'ancien joueur de Getafe a été le principal animateur de l'entame réussie des Marseillais. Après une frappe contrée dans la surface (4e), après un centre qui avait permis à Michy Batshuayi de toucher son premier ballon du match (16e), Barrada s'est ainsi retrouvé au bon endroit pour reprendre une tête de l'attaquant belge renvoyée par la transversale (1-0, 19e).
« On efface tout et on recommence »
L'agressivité et l'allant offensif de ces premières minutes étaient peut-être un peu trop lourds pour les jambes des joueurs marseillais, menacés par une reprise de Stéphane Darbion de peu à côté (25e) et plus en difficulté jusqu'à la pause. Mais la naïveté de leur adversaire en seconde période, les espaces laissés par les Troyens dans leur camp, ont alors donné des ailes à un OM devenu inarrêtable. Cette métamorphose a d'abord touché Batshuayi, impressionnant de puissance pour éliminer Ayasse et Pi, mais aussi lucide pour terminer son action individuelle dans la surface (3-0, 56e). À la peine à Reims une semaine plus tôt, maladroit contre Caen (0-1), il y a quinze jours, le successeur d'André-Pierre Gignac n'a pas tout réussi hier. Mais il a inscrit un doublé, le second but du genou gauche, en légère position de hors-jeu sur un centre délicieux d'Alessandrini (6-0, 90e), qui va aussi l'aider à lancer sa saison.
Dans cette soirée faite pour aider l'OM à décoller, personne n'est ressorti frustré. Ni Lucas Ocampos, remplaçant au coup d'envoi mais auteur d'un ciseau superbe (du tibia) sur le quatrième but marseillais (63e), ni Romain Alessandrini, qui a effectué beaucoup de mauvais choix pendant plus d'une heure mais qui termine la rencontre avec deux passes décisives et un but, grâce à une énorme erreur de relance de la défense troyenne et à son pressing (5-0, 88e). « On efface tout et on recommence, bienvenue Michel ! » avait lancé le Virage Sud avant la rencontre sur une banderole. En un match, l'OM n'a sûrement pas tout effacé mais il s'est bien rassuré, avec un spectacle qui n'aura pas déplu aux nostalgiques de la courte ère Marcelo Bielsa. Il y en avait vraiment pour tout le monde.
Top et flop
TOP
BATSHUAYI 8/10
Un début de match compliqué où il ne parvenait pas à être trouvé. Pas toujours en réussite dans ses dribbles ensuite, le Belge, mobile, est à l'origine de l'ouverture du score (19e). Mais que dire de son premier but ? Condensé de ses qualités : puissance pour mettre sur les fesses Ayasse et efficacité pour battre Petric. Il est passeur sur le cinquième but (87e) et s'offre un doublé plein d'opportunisme (6-0, 90e).
BARRADA 7/10
Michel, contrairement à Bielsa, ne voit pas dans le Marocain un pur meneur de jeu. Et sur ce qu'on a vu hier, l'Espagnol a raison. Placé en relayeur, l'ancien Parisien a disposé d'une constante liberté et a été trouvé très facilement. Opportuniste sur son but (1-0,19e), il aurait pu être double buteur seul face à Petric (38e). Blessé à une cuisse et remplacé par Ocampos (59e).
B. MENDY 7/10
Il a fait vivre à Martins-Pereira un match presque cauchemardesque. Très en jambes, sans cesse disponible, l'international Espoirs a multiplié des centres qui ont constamment apporté le danger (4e, 8e, 38e). C'est lui qui amène le but de Barrada en trouvant la tête de Batshuayi (19e).
FLOP
MARTINS PEREIRA 2/10
L'arrière droit de Troyes a souffert devant les puissantes montées de Benjamin Mendy, qu'il n'a pas pu empêcher de centrer sur le premier but marseillais (19e), entre autres. Et comme la soirée était décidément bien noire pour lui, il a été battu par Ocampos sur le quatrième but de l'OM (63e), une fois replacé dans l'axe.
SAUNIER 3/10
Si sa première période a été globalement bonne, le défenseur central gauche de l'ESTAC s'est fait dévorer, sur l'ouverture du score (19e), par Michy Batshuayi, qui a pris le dessus de la tête et envoyé sur la barre un ballon repris de façon victorieuse par Abdelaziz Barrada. Ensuite, il a été pris dans la déferlante.
AYASSE 3/10
Le naufrage troyen est tel qu'ils sont nombreux à postuler à cette rubrique. On a choisi Thomas Ayasse pour la façon dont il s'est fait « larguer » par Michy Batshuayi sur le troisième but de l'OM, où il n'a pas pu résister à la puissance du Belge (56e). Il a été très peu en vue au milieu, également.
Michel : " Beaucoup d'envie et de détermination "
Michel, le nouvel entraîneur de l'OM, a apprécié le jeu déployé par son équipe.
« Quel est votre sentiment, après ce premier match et ce premier succès, très large ?
- Je tiens vraiment à remercier mes joueurs, car ils méritent le résultat. Je crois que ce qu'on a vu n'est pas dû au coach, car le mérite en revient aux joueurs. Le résultat (6-0) est le fruit du jeu déployé. On a vu, surtout, beaucoup d'envie et de détermination à vouloir créer des attaques, c'est ce qui est intéressant.
Qu'avez-vous pensé, en particulier, de la prestation de Lassana Diarra, dont vous aviez dit du bien avant le match ?
- Il m'a donné raison, clairement. On ne peut pas mieux jouer au foot que ce qu'il a fait. Tout ce qu'il a réalisé aujourd'hui (hier soir) a vraiment été parfait. Il est clairement un exemple pour nous tous.
En effet, il a réussi 100 % de ses passes, selon la Ligue !
- Vu la manière dont il a joué et contrôlé le jeu au milieu, on a pu clairement s'apercevoir qu'il connaissait le foot. Quand on a un tel joueur au milieu de terrain, on peut être tranquille. Il fait plus de choses que je ne lui en demande.
Quel a été votre feeling avec le Stade-Vélodrome ?
- Je suis vraiment impressionné, je dois l'avouer. Je ne sais pas quel était le nombre exact de spectateurs, mais on aurait dit qu'il y en avait un million ! Il y avait une telle atmosphère avant le match aux alentours du stade qu'on avait l'impression d'être leader du Championnat. C'est très difficile de trouver des supporters qui vous encouragent avant le début du match. Ils sont très, très proches des joueurs, on sent beaucoup d'amour, c'est vraiment fantastique. »
Lemina à la Juve, ça brûle !
MARIO LEMINA a-t-il disputé son dernier match sous le maillot de l'OM hier, comme l'ont suggéré nos confrères de Canal + ? Le milieu de terrain marseillais, sous contrat jusqu'en 2018, fait en tout cas l'objet de l'intérêt très prononcé de la Juventus Turin. Le champion d'Italie cherche en effet un remplaçant à Sami Khedira, qui s'est blessé… contre Marseille (0-2), en amical, lors du Trophée Robert-Louis-Dreyfus, le 1er août. Ce jour-là, les dirigeants italiens, qui suivaient Mario Lemina depuis longtemps, sont passés à la vitesse supérieure. Ils ont rapidement proposé à l'OM un prêt avec option d'achat obligatoire en fin de saison, dont le montant avoisinait les 10 M€. Cette offre, démentie par l'OM, est cependant susceptible de faire réfléchir Vincent Labrune, le président marseillais, qui avait versé 5 M€ pour le faire venir de Lorient en 2013. On parlait hier soir d'un transfert oscillant entre 10 M€ et 15 M€. Les décideurs du club phocéen, qui se sont réunis après la rencontre d'hier pour faire le point sur les renforts qui doivent arriver d'ici au 31 août (le défenseur central belge Jason Denayer, un milieu relayeur, un attaquant et un latéral gauche), souhaitaient pourtant se laisser un peu de temps avant de prendre une décision concernant Lemina, dont le départ éventuel devrait aussi être compensé. À l'issue de la rencontre, le milieu marseillais a, lui, feint la surprise à l'évocation de son possible départ vers l'Italie : « C'est juste un bruit, ce n'est pas du tout vrai. Franchement, j'aimerais bien aller à la Juve. Mais l'OM m'a beaucoup apporté, m'a fait grandir. Je suis là, tant que le coach aura besoin de moi ». En juillet, Newcastle avait déjà tenté une approche auprès de l'OM pour Lemina. Le club pourrait donc être tenté d'attendre une nouvelle offensive venue d'Angleterre.