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L'OM a conclu la saison par une victoire qui n'aura fait que sauver sa quatrième place, au bout d'une soirée perturbée par ses supporters.
PUISQUE SA SAISON tout entière avait fait battre les coeurs jusqu'à des rythmes endiablés, l'OM ne pouvait pas conclure sur une soirée sans émotions mais si le Vélodrome a parfois vibré, hier, il s'est vidé dans la déception et les regrets. Jusqu'au bout, ou presque, les Marseillais ont lorgné la troisième place, mais la porte du rêve s'est refermée dès la 78e minute, alors qu'ils menaient tranquillement face à des Bastiais pas trop coriaces : à quelques centaines de kilomètres de là, Monaco venait de battre Lorient (1-0) et de les scotcher au pied du podium, au bout d'un Championnat où leurs espoirs les avaient plutôt envoyés en Ligue des champions. Ils se contenteront de la Ligue Europa, qui a de moins grandes oreilles et, surtout, un plus petit portefeuille, et leurs dirigeants vont devoir jouer serré sur le prochain mercato, contraints par les moyens (voir par ailleurs).
La Ligue 1 a donc rendu ses derniers verdicts et ils sont peut-être un peu cruels, pour Marseille, qui aura quand même été installé sur le podium entre la 5e et la 32e journée, soit entre septembre et avril, avant de céder au pire moment, plombé par un mois d'avril terrible (quatre matches, quatre défaites), usé physiquement et mentalement par les exigences nouvelles imposées par son entraîneur, Marcelo Bielsa. L'Argentin, à l'avenir encore incertain, aura laissé une trace indélébile mais, pour cette première année, le bilan reste forcément mitigé, terni par cette impression tenace qu'il y avait moyen de faire mieux, avec davantage de continuité et, peut-être, d'adaptation tactique quand le plan A ne fonctionnait plus : son OM aura été exceptionnel en termes de spectacle, mais son classement final est moins enthousiasmant, forcément. Le dernier quart d'heure de folie contre Monaco, il y a quinze jours (2-1), n'aura pu qu'entretenir une flamme qui vacillait depuis trop longtemps, à force de largesses défensives et de défaites malvenues, dont la plus mémorable restera la démonstration lorientaise au Vélodrome (5-3).
UN QUART D'HEURE D'INTERRUPTION
Bastia ne s'est pas permis les mêmes gourmandises, parce que Marseille a retrouvé sa forme et ses jambes, en mai, signant quatre victoires pour finir. Il n'a jamais tremblé, hier, parce que le maillot camouflage des Corses n'a pas suffi à leur donner le goût du combat, eux qui avaient déjà gagné la bataille du maintien et qui, logiquement, n'avaient pas tout à fait le même appétit. Sans être renversants, non plus, les Marseillais ont vite pris la soirée par le bon bout, ils ont marqué deux buts, par l'incontournable et toujours juste Payet (1-0, 14e) puis sur une frappe de Morel détournée par Djiku (2-0, 39e). Ils ont maîtrisé, ensuite, en tout cas sur le terrain : dans les virages, c'était moins sage et, après plusieurs mises en garde relayées par le speaker, M. Buquet finissait par interrompre le match au retour des vestiaires, alors que quelques projectiles avaient menacé Jean-Louis Leca, le gardien bastiais.
Sous la menace d'un huis clos partiel, le virage nord pourrait voir le sursis se transformer en sanction, mais le pire a été évité puisque, une fois le calme revenu et après un bon quart d'heure de négociations dans le vestiaire des arbitres, le match a pu reprendre et l'OM éloigner la menace d'une défaite sur tapis vert qui aurait clairement gâché la fête. Parce que, malgré la frustration d'un épilogue décevant, il y a eu la fête quand même, avec un joli numéro d'Ocampos pour le but du 3-0 et avec, surtout, les adieux de Fanni, Ayew et Gignac, honorés par Vincent Labrune avant le coup d'envoi, et par tout le stade à la fin du match, alors que Bielsa et son staff étaient restés dans le rond central, debout pour entendre les émouvants discours. Les yeux humides, Ayew remerciait un club qui « lui avait tout donné », pendant que les enfants des joueurs gambadaient sur la pelouse. Les travées s'étaient un peu clairsemées mais étaient encore bruyantes pour scander le nom de Gignac, dernier à prendre la parole, devant un public qui l'aura autant sifflé qu'applaudi, en cinq saisons. « C'était un peu je t'aime moi non plus entre nous, souriait l'attaquant. On n'a pas bien commencé, mais on a bien fini. » Tout le contraire de son équipe cette saison, donc.
Pour Labrune, le plus dur commence
Marseille quatrième, son président va encore devoir composer sans les recettes de la Ligue des champions en 2015-2016. Les chantiers qui l'attendent sont nombreux. Et compliqués.
VINCENT LABRUNE est arrivé à la tête de l'OM en 2011. En quatre saisons, Marseille n'a fini qu'à une seule reprise sur le podium. Ce qui ne favorise pas sa compétitivité. Cette fois encore, les quelque 30 M€ que génèrent une qualification pour la Ligue des champions feront défaut dans le bilan financier.
C'est dans ces conditions compliquées que Labrune va devoir reconfigurer l'effectif. Sa priorité va d'abord consister à éclaircir l'identité du prochain entraîneur. Le président marseillais et l'actionnaire, Margarita Louis-Dreyfus, veulent poursuivre l'aventure avec Marcelo Bielsa, le héros local. Mais la réciproque est-elle valable ? L'Argentin entretient le flou au détour de formules assez vagues. Mais il devrait se faire plus précis cette semaine avec Labrune.
S'il reste, il ne travaillera pas avec le même groupe. André-Pierre Gignac et André Ayew ont disputé leur dernier match, hier soir. Leur départ va laisser un grand vide, et pas uniquement au niveau de la masse salariale, que Labrune devra de toute façon réduire.
Vendre, une nécessité
L'OM a ciblé quatre profils pour aiguiller son recrutement : un défenseur central capable d'évoluer dans le couloir droit, un milieu défensif, un milieu droit et un avant-centre qui sera la doublure de Michy Batshuayi. Le nom de Wissam Ben Yedder circule. Le Toulousain est un jeune talent comme les aime Labrune et il est conseillé, comme Batshuayi et Benjamin endy, par Meissa Ndiaye, un agent qui a ses entrées à l'OM et l'oreille du président. Mais Marseille aura-t-il les moyens de verser les 10 M€ réclamés par Olivier Sadran ? Le nom du Caennais N'Golo Kanté circule. L'intérêt existe, mais Marseille n'a pas encore accéléré sur ce dossier.
En réalité, l'OM va d'abord devoir vendre puisque Gignac et Ayew s'en vont libres, ce qui ressemble quand même à une erreur de gestion. Pour réaliser une cession à forte plus-value, Labrune mise surtout sur Giannelli Imbula. Bien plus en tout cas que sur son protégé, Florian Thauvin, dont le rendement très décevant a fini par mettre en cause l'immense potentiel qu'on lui prête. À Marseille, l'été sera triste. Mais pas de tout repos.
Bielsa : " Ce n'est pas positif "
MARCELO BIELSA, l'entraîneur de l'OM, n'a pas dissipé le flou autour de son avenir et n'est pas totalement satisfait de sa saison.
QUEL BILAN TIREZ-VOUS de cette saison ?
- Il ne manque pas grand-chose pour obtenir un meilleur classement. Cette quatrième place est frustrante car on était capables de faire mieux et, j'insiste, il n'y avait pas grand-chose à faire de plus pour faire mieux. En ce qui concerne mon bilan personnel, ce n'est pas positif. Cette équipe avait les ressources pour finir sur le podium et peut-être espérer plus. Quand on n'obtient pas ce que les outils peuvent nous donner, on ne peut pas dire que son travail est bien fait. Ce travail ne mérite pas d'être souligné car il y a un groupe exceptionnel, des installations uniques, un environnement efficace et on a joué dans des stades pleins, à domicile ou à l'extérieur. J'exagère car le Vélodrome n'a pas toujours été plein. Mais avoir pu profiter du Championnat français, c'est une grande satisfaction. Il est difficile d'avoir cela ailleurs. Je félicite la Ligue pour ce Championnat.
Où se situe le tournant de la saison ?
- Si on fait le bilan des points perdus, vous allez en trouver beaucoup. Il n'y a pas beaucoup de matches où nos défaites étaient méritées. Il y a eu beaucoup de défaites qui n'auraient pas dû se produire. En observant ce qu'il s'est passé sur le terrain, vous allez trouver sept ou huit matches où on aurait pu gagner des points qui nous ont échappés.
N'est-ce pas mieux de finir en phase de groupes de Ligue Europa que de faire des tours préliminaires de Ligue des champions ?
- Je ne sais pas. Mais j'aurais aimé finir une place au-dessus, voire mieux.
Quelles émotions avez-vous ressenties ?
- Le match d'aujourd'hui, c'est un reflet du coeur de ce club, de son histoire et de son potentiel. Il donne la reconnaissance et la fidélité. Aujourd'hui, il y a eu trois départs, Fanni, Gignac et Ayew. Tous avec beaucoup d'émotions, à fleur de peau. Pour moi, ça restera un bon souvenir dans ma carrière.
Allez-vous rester à l'OM ?
- C'est un thème que j'ai déjà évoqué.
Qu'avez-vous dit à vos joueurs, adieu ou on se retrouve en juin ?
- Je les ai salués. J'ai pu diriger de grands joueurs ici et certains d'entre eux font partie des meilleurs que j'ai eus à entraîner dans ma carrière.
Fixez-vous un ultimatum pour une proposition de vos dirigeants ?
- Je ne mets jamais de conditions à une institution.
Quand allez-vous rentrer en Argentine ?
- Je n'ai pas décidé. »