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Si l'OM ne se qualifie pas pour la prochaine Ligue des champions, ses dirigeants devront vraisemblablement demander un coup de pouce à la propriétaire, Margarita Louis-Dreyfus, et laisser partir plusieurs joueurs.
MALGRÉ SES DISCOURS alarmistes, Vincent Labrune avait pris tout le monde à contre-pied l'été dernier. Le président de l'OM avait investi fort dès le premier mois du mercato sur Michy Batshuayi (7,5 M€) et Romain Alessandrini (5 M€) malgré un exercice 2013-2014 conclu par un déficit de 12,5 M€. Pour dégainer aussi vite, le dirigeant olympien avait demandé une enveloppe à sa patronne Margarita Louis-Dreyfus. Elle devrait encore être sollicitée cet été si l'OM, aujourd'hui quatrième de L 1, continue de glisser dangereusement au classement. Sans podium en fin de saison et donc sans Ligue des champions pour la deuxième année d'affilée, l'aide de la propriétaire ne suffira pas. Un proche du club résume avec des mots simples : « Sans C 1, ils sont dans la m… » C'est bien résumé et cela vaut pour une élimination à l'un des deux tours préliminaires, cadeau empoisonné offert par la troisième place. MLD est une actionnaire puissante, capable de faire face à un manque à gagner estimé entre 30 et 40 M€. Mais, après deux étés très calmes dans le sens des départs, Labrune ne pourrait pas y couper cette fois : il devra vendre. Sans C 1, le renouvellement de l'effectif continuera, mais des joueurs vont partir. Combien et lesquels ? André-Pierre Gignac (330 000 € brut mensuels), André Ayew (320 000 €) et Rod Fanni (200 000 €), tous en fin de contrat, ne seront pas prolongés, contrairement à Jérémy Morel. C'était déjà dans les tuyaux quand l'OM était sur le podium et ça sera inéluctable sans C 1. On ne peut pas tout avoir : ces départs affaibliront l'effectif mais feront énormément de bien à la masse salariale. Sans eux, l'OM économisera environ 15 M€ la saison prochaine, l'équivalent de leurs salaires annuels « chargés ». En plus de ces trois-là, au moins deux autres joueurs pourraient être vendus, sans compter le départ de Lucas Ocampos, dont l'option d'achat à 11 M€ ne sera pas levée sans C 1, ce qui n'est pas une si mauvaise nouvelle vu ses prestations depuis janvier.
Imbula, Thauvin, Payet, les « bankables »
Ce ne sera pas un exode non plus mais, dans la catégorie des partants, la liste des candidats est aussi longue qu'il y a de situations différentes. Le latéral gauche Benjamin Mendy (20 ans) ne serait pas contre un départ si le club ne dispute pas la Ligue des champions. Le milieu défensif Alaixys Romao (31 ans), en fin de bail en 2016, entend aller chercher ailleurs un plus gros contrat que le club ne lui proposera pas. Nicolas Nkoulou (25 ans) ou Steve Mandanda (30 ans) espèrent voir autre chose depuis longtemps déjà. Mais le premier n'a quasiment pas joué lors de la deuxième partie de saison, ce qui est un handicap dans la dernière ligne droite, et le second, qui a des touches en Premier League, ne connaît que trop bien la complexité du marché des gardiens. Et puis il y a les « bankables », ceux qui devraient assez facilement être sollicités. Les dirigeants olympiens misent sur une vente de Giannelli Imbula (22 ans). Le hic, c'est que, pour l'instant, le milieu défensif, joueur le plus utilisé par Marcelo Bielsa, ne veut pas partir. Pour avoir une chance de disputer l'Euro 2016, il estime que rester à l'OM est la meilleure solution. Le raisonnement n'est pas si différent pour l'international Dimitri Payet (28 ans), meilleur passeur de L 1 (12 passes) et qui a encore plus de chances, lui, de faire partie de l'aventure avec les Bleus, où il est régulièrement appelé. Le milieu offensif ne serait pas contre, même, une prolongation à Marseille, où il se sent bien. Reste le cas Florian Thauvin (voir ci-dessous), qui s'interroge alors que ses dirigeants l'ont averti qu'ils pourraient le vendre cet été. L'entraîneur de l'OM aura-t-il son mot à dire ? Il faudrait déjà que Marcelo Bielsa se décide quant à son propre avenir. Avec la participation ou non à la C 1, c'est l'autre grande incertitude qui pèse sur Marseille et el Loco a assuré la semaine dernière que les deux choses n'étaient pas liées.
S'il reste, Bielsa ne devrait pas s'opposer à cette politique pour peu qu'on la lui explique clairement. Mais il lui faudra quand même des renforts et pas uniquement des jeunes. Des joueurs plus expérimentés sont attendus aussi, alors que, sans C 1, il sera plus difficile de convaincre les cibles. Les noms d'éventuels renforts ont été rares à fuiter (le milieu caennais Ngolo Kanté ou l'attaquant toulousain Wissam Ben Yedder notamment). Peut-être parce que les choses n'avancent pas beaucoup… Mercredi, en conférence de presse, Bielsa, qui avait transmis une liste de voeux à ses dirigeants la saison dernière, a indiqué ne pas s'occuper du prochain mercato. Il est peut-être temps qu'il s'y mette s'il veut avoir une équipe compétitive. D'autant que son mode de fonctionnement – des heures à regarder des vidéos de recrues potentielles – n'est déjà pas très réactif. À moins que l'avenir de l'OM ne lui importe peu finalement et que son choix ne soit déjà arrêté.
Thauvin, la fin de la love story
L'ailier marseillais, longtemps protégé par Marcelo Bielsa et chouchouté par Vincent Labrune, pourrait quitter le club cet été. Il n'est pas forcément contre.
IL Y EN A D'AUTRES qui n'ont pas fait grand-chose pendant deux ans, avant de se réveiller. À l'heure de faire le bilan de sa saison, Florian Thauvin (22 ans) pourra toujours être optimiste et se rappeler l'histoire d'André-Pierre Gignac à l'OM. En attendant, il se doit d'être réaliste. Son année 2015, un seul but, est une longue traversée du désert, sous les sifflets en plus. Pris en grippe par une partie du Vélodrome, l'attaquant, avec cinq buts et trois passes décisives en tout, peut encore faire mieux que la saison dernière (8 buts, 3 passes). Cela ne dissipera pas les sérieux doutes qui commencent à l'escorter sur sa réussite à Marseille. « Il s'est planté à l'OM mais c'est un bon joueur », note, au passé, un observateur du club. L'histoire n'est pas encore terminée. Mais la love story, oui. Marcelo Bielsa, son entraîneur, l'a longtemps protégé en le titularisant systématiquement malgré des performances assez ternes. Le technicien n'avait pas de mots assez forts pour décrire son joueur, « l'un des meilleurs » qu'il ait eus à entraîner. Les choses ont changé. Remplaçant à Saint-Étienne (2-2) en raison d'une gastro-entérite puis à Toulouse (6-1), pour des raisons sportives cette fois, Thauvin a encore goûté du banc face à Nantes (0-1) la semaine dernière. Bielsa n'avait pas aimé sa manifestation de colère lors de son remplacement à Bordeaux (0-1). En début de saison, le joueur s'était mis une pression terrible. « Il pensait qu'il allait tout casser », note une connaissance. Sa déception est d'autant plus grande.
L'OM ATTEND UNE OFFRE D'ANGLETERRE
Elle est partagée par ses dirigeants. Vincent Labrune en avait fait la tête de gondole de son recrutement 2013. Il attendait le nouveau Franck Ribéry ? Il semble un peu moins sûr de la réussite de celui qui a été son « chouchou », comme l'appelaient entre eux certains joueurs de l'effectif. Son président l'a longtemps couvé et protégé, jusqu'à lui fournir les avocats du club dans son litige financier, aujourd'hui en sommeil, avec son ancien représentant. Il fut une époque où Thauvin avait pleinement confiance en « Tonton Adil », à qui il avait même donné une procuration sur son compte en banque. Aujourd'hui, le joueur n'a plus de représentant mais ça ne devrait pas durer car les agents se bousculent autour de lui.
En cas d'offre intéressante, l'OM, qui l'avait raflé à Lille pour une somme comprise entre 12 et 15 M€, n'hésitera pas à le vendre cet été avant qu'il perde trop de valeur. Thauvin a d'ailleurs été prévenu de cette éventualité. Les dirigeants en espèrent entre 15 et 20 M€. Ils en sont persuadés : le joueur a encore la cote en Angleterre, du côté de Tottenham notamment, dans un contexte où les clubs de Premier League dépenseront beaucoup cet été. Ils ont le droit de rêver.
D'un côté de la balance, il y a ses deux saisons marseillaises très moyennes. De l'autre, il a pour lui sa jeunesse, son salaire relativement bas (environ 150 000 € brut annuels) et les éloges de Marcelo Bielsa. El Loco lui a beaucoup donné. L'inverse n'est pas forcément vrai. L'ailier droit ou gauche est persuadé que le travail défensif demandé par son entraîneur l'a pénalisé et ne verrait pas un départ d'un mauvais oeil, surtout si le technicien argentin reste. Le joueur, qui a refusé toutes nos demandes d'interview cette saison, veut jouer dans l'axe, où Dimitri Payet crève l'écran. En aura-t-il l'occasion avec l'OM ?