boodream a écrit:Globe Trotter, on a le quatrième budget de L1. Donc si tu retiens ce critère, on est à notre place en ce moment. Sauf que l’intérêt de prendre Bielsa, c'est d’apporter une valeur ajoutée qui nous fasse évoluer à un niveau collectif supérieur à la somme du talent de nos individualités. J'adore Bielsa, ne serait ce que parce que ça fait très longtemps qu'on a pas pris du plaisir à regarder du foot en tant que supporters. Mais la critique que JPP "refuse de formuler" est pour moi un vrai point central. Les joueurs sont des cons certes, mais si Bielsa le voit et ne s'adapte pas, ça pose problème.
Bien sûr qu'on ne l'a pas pris pour s'adapter ou mettre de l'eau dans son vin. Bien sûr qu'on ne peut pas se ravir de ses principes quand ça marche et lui vomir dessus quand ça ne marche pas. Mais clairement, et je le pense depuis le début, ça fait partie de son travail d'évaluation de l'effectif de voir qui que le matériel qu'il a dans les mains est insuffisant en intelligence pour s'adapter. Qu'il est capable d'appliquer des consignes mais pas autonome intellectuellement sur un terrain de foot. C'est criant, et Bielsa le voit aussi bien voire beaucoup mieux que nous. Mais il reste fidèle à son projet. C'est louable, mais des entraineurs qui ont perdu en ayant raison, ont en connait plein. De même que quand Deschamps fait du joga mochito dégueulasse contre Auxerre pour assurer le titre, j'ai envie de le fracasser, mais à la fin, on atteint l'objectif.
Bielsa est un coach de niveau mondial, avec une exigence qui ne devrait pas poser problème dans un grand club. S'il échoue, ça veut peut-être dire que nous n'en sommes pas un. Et si les joueurs ne le suivent pas, c'est peut-être justement parce qu'ils pensent, eux, être de grands joueurs.
Je ne critiquerai jamais Bielsa d'avoir tenté (parfois avec succès) de nous faire jouer un football offensif, avec intensité et dynamisme.
D'une part, parce que ce football nous a permis de nous régaler comme nous ne l'avions pas fait depuis bien longtemps, d'autre part parce que je suis convaincu que nous n'aurions jamais été dans la 1ère partie de tableau sans ce travail acharné de placement/replacement des joueurs et cette volonté de créer et entreprendre.
Notre effectif défensivement et tactiquement plus que limité ne nous aurait jamais permis de jouer "petit bras", repliés sur notre but, avant de nous projeter vers l'attaque.
C'était possible sous Deschamps, avec une défense Heinze, Diawara, Mbia, Azpi, ça ne l'est pas lorsque notre charnière centrale est composée de joueurs n'évoluant pas à leur poste de formation, souffrant de carences énormes à ce niveau en termes de technique et de marquage.
Le marquage individuel tout terrain est aussi une manière de pallier ces lacunes défensives, en ne faisant pas peser le poids du résultat et de la canalisation des offensives adverses à nos seuls défensifs, repliés sur leur but.
En quelque sorte, Bielsa a donc tenu compte de notre effectif. Il lui est arrivé de se tromper sur certains matchs, mais la responsabilité de nos échecs est davantage liée aux limites de nos joueurs qu'à celles de l'entraîneur.
Le football, c'est un jeu. Aller en Ligue des champions est un objectif sportif et financier, mais la manière dont on y parvient compte autant, sinon davantage, que le résultat en lui-même. Baup en est la meilleure illustration. Son football étriqué, défensif, chiant à mourir, nous a mené à une 2ème place, pour faire quoi la saison suivante ? Nous prendre branlée sur branlée en phase de poules et finir à une piteuse place en Ligue 1.
Le football offensif, la possession du ballon, créer du jeu, ce n'est pas que pour le spectacle, c'est la seule tactique intelligente à moyen et long terme pour un club cherchant à construire une identité de jeu et à trouver des repères collectifs lui permettant de s'inscrire sur un certain niveau de performance dans la durée.
Les "coups défensifs", ça ne marche qu'une fois : Chelsea, l'Inter de Mourinho, ont gagné la Ligue des champions une fois, avant de disparaître la saison suivante du très haut niveau en LDC.
Le Barca, le Real, Man Utd à son époque, le Bayern, se sont imposés au haut niveau sur plusieurs saisons par leur philosophie de jeu reconnaissables.
Nous en sommes à des années lumières, évidemment, faute de pouvoir rivaliser sur le plan technique et tactique individuel (il n'échappera à personne que Morel n'est pas Sergio Ramos, ni Imbula Busquets), mais la philosophie est la bonne.