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Éjectés du podium par Monaco, menacés par leurs poursuivants, les Marseillais, privés d'Ayew, ont besoin d'un résultat pour éviter la glissade. Problème : l'OM n'a plus gagné à Bordeaux depuis trente-sept ans !
COMME TOUTES LES SÉRIES qui durent trop longtemps, on finit par croire qu'elles sont éternelles et ce sera déjà un avantage psychologique non négligeable pour Bordeaux, à l'heure d'entrer sur la pelouse ce soir. Marseille en est à trente-sept ans sans victoire en Gironde, de Lescure au stade Jacques-Chaban-Delmas, et il n'y a pas une année sans qu'on rappelle cette statistique aux Olympiens. Ce qui explique aussi peut-être pourquoi elle s'étire dans le temps. « Je n'ai pas toutes les données pour analyser cette série », a botté en touche Marcelo Bielsa vendredi. Elle semble trop irrationnelle pour trouver une explication qui tienne la route.
Même si cette affiche oppose deux grands ennemis des années 1980 aux relations pacifiées, nul doute que les supporters bordelais ne bouderont pas leur plaisir si leur équipe fait chuter un vieux rival. D'autant qu'en cas de succès, les Girondins s'ouvriraient un printemps excitant, à trois longueurs de Marseille et quatre de Monaco, vainqueur à Caen vendredi (3-0) et plus que jamais candidat au podium.
Pour l'OM, la donne a déjà changé. Dans l'absolu, il suffit d'un résultat nul aux Marseillais pour reprendre la troisième place au bénéfice d'une meilleure différence de buts. Et sauver les apparences et une présence sur le podium qu'ils occupent depuis fin août.
À Bordeaux, il va leur falloir être costauds pour rebondir après leur défaite contre le PSG qui pèse très lourd dans la course au titre. L'idée, désormais, consiste à sauver les meubles pour ne pas gâcher une première partie de saison flamboyante. La menace monégasque se fait pressante surMarseille et ses deux succès aussi larges que spectaculaires en mars contre Toulouse (6-1) et Lens (4-0) ne suffisent plus, désormais, à masquer une réalité inquiétante. Avec seulement 16 points glanés en 12 matches depuis le début de la phase retour, l'OM ne carbure plus vraiment comme un champion. À part les deux rélégables précités, il n'a d'ailleurs battu que Guingamp (2-1 ) et l'Évian-TG (1-0) depuis janvier.
Alors que le Paris-SG et Lyon ne jouent pas en Championnat ce week-end, une victoire paraît indispensable à Mandanda et ses coéquipiers pour espérer encore se qualifier directement pour la Ligue des champions sans passer par les deux tours préliminaires fatals aux clubs français depuis deux ans. Avant un second déplacement d'affilée la semaine prochaine à Nantes, Bielsa l'a rappelé énergiquement vendredi : « On a impérativement besoin de gagner à Bordeaux. »
Sinon, la fin de saison, marquée par deux grosses affiches, contre Monaco (à domicile, le 9 mai) et Lille (à l'extérieur, le 16 mai), pourrait être tortueuse. La bonne nouvelle du jour, pour l'OM, est le retour au milieu de Giannelli Imbula, suspendu contre le PSG, et celui, probable, de Nicolas Nkoulou en défense centrale. « Il est en condition pour jouer », a assuré Bielsa. Le Camerounais, parti à la CAN puis opéré d'un genou en février, n'a plus disputé un match avec l'OM depuis l'élimination en trente-deuxièmes de finale de Coupe de France à Grenoble (3-3, 4-5 aux t. a. b., le 4 janvier). Ce camouflet était trompeur et ne dit pas l'importance du défenseur pour son équipe. Avec lui, Marseille encaissait 0,9 but par match et a fini champion d'automne. Sans lui, le club a pris 1,4 but par rencontre cette saison et se trouve aujourd'hui au pied du podium.
Les Marseillais ont laissé beaucoup d'énergie ces dernières semaines, autant d'ailleurs dans leurs confrontations face à des adversaires directs que face aux décisions arbitrales défavorables. Sans trop de réussite dans les deux cas. Jeudi, devant la commission de discipline, Dimitri Payet a écopé de deux matches de suspension et manquera le déplacement à Nantes ainsi que la réception de Lorient. Aujourd'hui, c'est André Ayew qui sera absent après avoir été expulsé après le coup de sifflet final contre Paris. Il devrait être remplacé par Romain Alessandrini.
Dans ce contexte tendu, il ne faudrait pas non plus, à quelques journées de la fin, que les situations personnelles prennent le pas sur l'intérêt collectif. Les propos de l'agent d'André-Pierre Gignac contre les dirigeants de l'OM cette semaine – une sortie au timing soigneusement choisi après le doublé de l'attaquant contre le PSG – rappellent que l'équilibre est fragile. « Le coach nous a parlé , a raconté Michy Batshuayi. Il a senti beaucoup de joueurs déçus, qui se sont relâchés à l'entraînement cette semaine. Il a rappelé qu'il fallait rester concentrés. Il y a encore des objectifs à atteindre . » Le premier, vital, est de reprendre cette troisième place.