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Croquignol, Filochard et Ribouldingue n'ont qu'à bien se tenir. L'OM compte dans ses rangs leurs héritiers. Une bande de losers avec ses leaders, qui tirent l'ensemble du groupe olympien vers le bas, malgré le sursaut d'orgueil de quelques (rares) irréductibles du maillot blanc, comme André Ayew. Vendredi soir, devant les Merlus, les Olympiens ont quasiment anéanti leurs chances de retrouver la Ligue des champions la saison prochaine. Mais s'en soucient-ils vraiment ? Entre les pépites en toc, les cadres qui s'écroulent et les mercenaires sans fierté (certains sont parfois les trois à la fois), la maison bleue et blanche est servie... Revue d'effectif.
Thauvin, symbole décadent
Ils incarnaient le "projet Dortmund", ce concept lumineux qui a germé dans l'esprit de Vincent Labrune à l'été 2013 : Benjamin Mendy, Mario Lemina, Giannelli Imbula et Florian Thauvin. Le prodige orléanais, recruté pour 15 M€ dans des conditions rocambolesques, symbolise l'échec de ce casting. Avec un but en 2015, son bilan est famélique. Depuis qu'il a signé à l'OM, l'ex-Bastiais a compilé 13 buts et 6 passes en 64 matches de L1. Loin, très loin des performances attendues pour celui que VLB (sur)vendait comme le futur Franck Ribéry. Pire, au fil des rencontres, l'éphémère Lillois dégringole inexorablement. A-t-il fait un vrai bon match sous les couleurs de l'OM ? Pas sûr. Cette saison, le "Chris Waddle du Loiret" chouchouté à l'excès par Labrune, puis Bielsa, a plus fait parler de lui en dévoilant sa relation avec Miss Côte d'Azur qu'en dribblant ses adversaires. Même ses coéquipiers ne le supportent plus. C'est dire...
Comme Thauvin, Mario Lemina fait partie de cette génération dorée, sacrée championne du monde U20. Et comme Thauvin, l'ancien Merlu enchaîne les prestations mièvres. Recruté pour 5 M€ avec Raffidine Abdullah dans la balance, utilisé comme un couteau suisse par Bielsa, tantôt à droite, tantôt au milieu, celui qu'Élie Baup ne voulait pas à l'OM et que Christian Gourcuff souhaitait conserver à Lorient donne surtout l'impression d'aimer se regarder jouer.
Même s'il s'est davantage affirmé cette saison après un premier exercice difficile, Giannelli Imbula -ou Gilbert Imbula Wanga selon la LFP- demeure un mystère. "Imboulard", entend-on à son propos dans les couloirs du club olympien, tant il a parfois du mal à passer les portes. Ses prestations restent en dents de scie, mais sa nonchalance est d'une constance effarante. Son entourage le couve, ses nombreux amis sont autour de lui. Comme vendredi, où l'un d'entre eux, serveur dans un bar marseillais très apprécié des joueurs et qui n'avait rien à faire à cet endroit du stade, voulait en découdre avec un journaliste radio qui a eu l'audace d'interroger la pépite guingampaise. Qui, à l'instar de ses petits camarades, n'a pas souhaité s'exprimer.
Benjamin Mendy est dans le même sac qu'Imbula, même s'il était absent à Nantes puis contre Lorient. Meilleur que la saison dernière - l'inverse aurait été une réelle prouesse -, le latéral gauche reste un joueur friable défensivement, dont l'impact offensif est branché sur courant alternatif. Effectivement, il fait des centres, un domaine où l'OM est en tête du classement de Ligue 1. Mais combien arrivent à destination ? C'est une autre question.
GignaC déjà sur le tarmac
"APG" est ambivalent. Un jour, il porte l'OM à bout de bras ; un autre, il disparaît. Difficile, donc, de situer son vrai niveau. Seule certitude : le Fosséen se repose un peu trop sur ses lauriers et sur des statistiques finalement sans relief (74 buts en 184 matches) si on les compare à celles des grands attaquants de la légende olympienne. Individualiste, il est allergique au banc de touche. En cinq ans passés au club, le N.9 de l'OM a épuisé nombre de ses entraîneurs et partenaires par ses sautes d'humeur dignes d'un adolescent puéril et capricieux. Durant les années Gignac, le palmarès du club ne s'est pourtant enrichi que de deux coupes de la Ligue (2011 et 2012)... Et encore, l'ex-Toulousain n'a disputé que la première des deux finales. Dans sa tête, le buteur provençal, en fin de contrat dans un mois, n'est déjà plus olympien. À 29 ans, il tente le tout pour le tout pour décrocher un dernier gros contrat. Seuls des clubs étrangers de contrées lointaines (Russie, Turquie, Grèce) peuvent être intéressés. Mais mieux vaut pour lui que leurs émissaires aient zappé les déroutes face à Nantes et Lorient.
Des cadres sans caractère
Demandez-lui de briser des montagnes, d'aller plonger dans la gueule des attaquants. Tout lui paraît réalisable, et pourtant... Steve Mandanda est un géant de papier. Un capitaine, régulièrement abandonné, qui a du mal à s'imposer et à affirmer son autorité sur le groupe. Bien sûr, le gardien olympien est l'un des meilleurs spécialistes de Ligue 1 à son poste. Mais, s'il a souvent sauvé son escouade de situations périlleuses, il n'est absolument pas le leader dont a besoin l'OM pour franchir le palier européen. Le brassard ne lui est jamais allé comme un gant.
Nicolas Nkoulou, lui, revient de blessure. Ceci explique cela. Le Camerounais est un très bon défenseur. Mais il peine à devenir LE taulier de la défense. Quand il lâche prise, l'ancien Monégasque ne le fait pas à moitié. Il était sur la pelouse du stade Vélodrome quand l'OM a encaissé cinq buts face à Nice (4-5), en coupe de France, en janvier 2014. Il l'était encore vendredi contre les Merlus (3-5). Difficile dans ces conditions de le considérer comme un cadre inébranlable. Ce que ne sont pas non plus Jérémy Morel et Alaixys Romao, qui plafonnent après avoir été reformés tactiquement par Marcelo Bielsa.
L'imposture ocampos
Pas mécontent d'enfin satisfaire un souhait de Bielsa, Vincent Labrune se gargarisait d'avoir réalisé le coup du siècle avec Lucas Ocampos quand l'ASM lui a prêté l'Argentin, à la fin du mercato hivernal. Aujourd'hui, on doit bien se marrer sur le Rocher. Car si l'Argentin a marqué dès son premier match, à Rennes, depuis, plus rien... Heureusement que l'OM s'éloigne de la Ligue des champions car VLB aurait pu lâcher les 11M€ de son option d'achat... Pour une telle imposture, ça fait cher payé.
Ayew et les exceptions
Le minot de l'OM, fils d'une ancienne gloire olympienne, est le symbole de ce club, celui que les supporters veulent voir rester à tout prix. Hélas, André Ayew quittera Marseille à la fin de la saison. Hier, il a démenti tout accord avec l'AS Rome, mais il ne fait aucun doute qu'il ne restera pas dans son club formateur.
Dimitri Payet réalise aussi une bonne saison (6 buts, 12 passes) sans toutefois être décisif contre les grosses équipes.
Autre Olympien exempt de tout reproche, Michy Batshuayi, qui, pour sa première année à l'OM, a inscrit 9 buts en 23 matches (dont 6 titularisations) de L1. Des débuts réussis qui laissent augurer de belles choses quand il sera à la pointe de l'attaque la saison prochaine.
Idem, mais dans une moindre mesure pour Romain Alessandrini, qui a alterné les rentrées décisives et les matches intéressants. Difficile de reprocher quoi que ce soit à Rod Fanni quand on sait le traitement qu'il a subi cet été (envoyé dans le loft) et qu'il continue à se battre malgré sa fin de contrat en juin prochain.
Pareil pour Brice Dja Djédjé, dont l'engagement est sans faille en dépit de limites évidentes.
Le célèbre chant "Mouille le maillot ou casse toi" a retenti, vendredi, dans les virages du stade Vélodrome. De quoi faire siffler les oreilles des Olympiens.
Des joueurs transfigurés en première partie de saison et qui sont défigurés depuis janvier. Des enfants gâtés qui faisaient les efforts les uns pour les autres jusqu'à Noël et qui sont aujourd'hui fatigués de jouer un match par semaine. Peuchère ! Des capricieux qui luttaient pour le titre et ne saisissent pas l'intérêt d'arracher le podium. Des bras cassés dont on a loué la force de caractère et qui nous éclaboussent de leur faiblesse mentale.
Des pieds nickelés qui ont quitté le Vel' sans piper mot, mais qui ne manquent jamais à l'appel quand il faut encaisser les buts et leur salaire. Des "figures de pain sucé" qui embrassent l'écusson de l'OM mais sont surtout à l'agachon pour gérer leur patrimoine personnel. Bref, des déguns qui se prennent pour quelqu'un, comme leur rabâche l'adulé Marcelo Bielsa. Et comme l'a souligné André Ayew après la déroute lorientaise...
Au vrai, leur nullité rivalise avec l'incompétence de leurs dirigeants. Comment va s'en sortir le grand marionnettiste Vincent Labrune ? Ce président communicant, flanqué de ses fantoches Perez et Laboz, qui s'est glorifié de la venue du gourou argentin sans lui fournir les hommes qu'il désirait. Ce génie de l'économie adepte du déficit, qui achète Thauvin et Lemina pour 20 M€ quand il vend les minots marseillais, Abdullah et Jordan Ayew, pour 3,5M€. Ce stratège de salons, moqué par les boss de Chelsea quand il a bradé Azpi, qui laisse filer ses joueurs en fin de contrat. Cet homme de réseau qui crie au complot alors qu'il tire les ficelles à l'OM depuis 2008.
À eux, joueurs et dirigeants, on a presque envie de leur dire, trivialement : "Mouillez le maillot ET cassez-vous".