Information
JUSTICE LE TRIBUNAL CORRECTIONNEL A RENDU SON VERDICT SUR D'ANCIENS TRANSFERTS DE L'OM ; Prison avec sursis pour Karim Aklil
Tout ça pour ça... En juillet 2011, l'ouverture d'une information judiciaire portant sur des liens supposés entre le banditisme corso-marseillais et l'OM faisait l'effet d'un tremblement de terre. Déclenchée à la suite de l'assassinat de Jacques Buttafoghi à Calenzana, en Corse, l'enquête s'était nourrie d'écoutes téléphoniques laissant imaginer que des voyous évoluant dans la région aixoise prélevaient une "dîme" sur nombre de transferts, des prolongations de contrat, ou encore, sur des salaires artificiellement gonflés au préjudice du club olympien.
Les uns après les autres, le banc et l'arrière-banc des dirigeants étaient placés en garde à vue et/ou mis en examen : Vincent Labrune, Jean-Claude Dassier, Pape Diouf, José Anigo, Antoine Veyrat, Philippe Perez... Étaient également visés par les juges d'instruction, un agent "se trouvant à la croisée de plusieurs sphères criminelles", Jean-Luc Barresi, et son associé sur plusieurs des transactions, Karim Aklil.
Seulement, après des investigations poussées, l'accusation s'était écroulée de toute sa hauteur. Rendue sans publicité en mai 2022, l'ordonnance de renvoi n'avait ramené que deux petits poissons restant poursuivis pour exercice illégal de la profession d'agent de joueurs, passible d'un an de détention et de 15 000 euros d'amende. Le premier, Farid Ayad, a sagement reconnu sa responsabilité et a accepté la procédure accélérée du plaider-coupable. Il a été condamné à 6 mois avec sursis. Le second, Karim Aklil, s'est entêté à plaider sa bonne foi et a été jugé, le 7 mars dernier, devant le tribunal correctionnel de Marseille.
À l'heure du jugement, rendu hier, l'ex-agent n'en sort pas gagnant : il a écopé de 6 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende pour avoir signé quatre contrats, dont trois avec l'OM, alors qu'il ne disposait pas de la carte professionnelle délivrée par la Fédération française de football. Dans le détail, le Marseillais de 46 ans est reconnu coupable d'exercice illégal de la profession d'agent sur les transferts, en 2009, de Ziani de l'OM à Wolfsburg et de Diawara de Bordeaux à Marseille, ainsi que des prolongations de contrat de Niang et de Chafni à l'AJ Auxerre. Pour sa défense, Karim Aklil, qui a ensuite obtenu le fameux sésame, avait martelé que ces opérations avaient été réalisées par sa société, dans laquelle un actionnaire minoritaire, Didier Girard, détenait bien une licence d'agent. Il s'était également présenté comme la victime d'une cabale montée par Jean-Pierre Bernès. Un ancien dirigeant, époque Tapie, reconverti en agent puissant, auteur, selon lui, d'une "dénonciation calomnieuse", dans le but "d'éliminer la concurrence". Le tribunal ne l'a pas entendu de cette oreille : "Karim Aklil était l'interlocuteur direct des joueurs mais aussi des clubs et des autres agents intervenus, Didier Girard n'intervenant qu'en fin de processus et signant les contrats", ont tranché les magistrats en s'appuyant sur les auditions d'anciens cadres de l'OM ayant confirmé que "lui-même démarchait et traitait avec eux". Dans son réquisitoire, en mars, le procureur Jean-Yves Lourgouilloux avait estimé, grinçant, que "pendant des années, l'OM a été la poule aux oeufs d'or. Il fallait faire un maximum de transactions pour que tous puissent se payer sur la bête."
Aujourd'hui retiré du monde du football, Karim Aklil a également été condamné à verser un euro symbolique à la FFF et à la Ligue (LFP), qui s'étaient constituées partie civile. De son côté, l'OM réclamait l'intégralité du remboursement des commissions réglées, soit 2,8 millions d'euros. Toutefois, a sévèrement taclé le tribunal, en visant les dirigeants de l'époque, le club aurait "eu les moyens de vérifier la qualité" d'agent de Karim Aklil. À défaut, il a fait preuve d'une "négligence fautive" entraînant partage des responsabilités à hauteur de 50 %. Le montant des dommages et intérêts sera arrêté lors d'une audience fixée le 10 novembre prochain.
La Provence