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es. Dimanche soir, Franck Haise, 51 ans, fêtera son centième match sur le banc des Sang et or. Une nouvelle étape au plus haut niveau dans une carrière d'entraîneur débutée en 2003, au Stade mayennais, en qualité d'entraîneur-joueur.lire aussiFranck Haise, un passionné spécialiste du vin« Il s'est très vite mis sur le banc, raconte Olivier Rebours, que Haise a remplacé les trois saisons suivantes pour assurer le maintien en milieu amateur. Ce club correspondait bien à ses valeurs rurales, la fierté de représenter un territoire. Il te serrait la main ferme en te regardant dans les yeux. N'écrasait pas les autres. Avec sa mémoire, après quinze jours, il connaissait par coeur le prénom de tous les joueurs et éducateurs.
C'est le genre de personne que l'on rencontre deux ou trois fois dans sa vie. Un bon vivant qui aime bien profiter de ses passions, le jeu, le vin. Il n'avait pas beaucoup de moyens à sa disposition mais une pédagogie qui lui a permis de développer l'esprit de groupe, de le transcender. »Les relations humaines au centre de son managementC'est Patrick Rampillon, directeur de la formation du Stade rennais, qui le débauche en 2006. Il restera six années auprès des jeunes en Ille-et-Vilaine. « Il avait déjà cette relation particulière avec les joueurs et des principes qui sont restés les mêmes, se souvient le directeur. Avec cette faculté de pouvoir tirer 100 % de leur potentiel, l'envie de les faire progresser. C'était une étape importante de sa carrière mais je ne peux pas vous dire que je le voyais entraîner au plus haut niveau même s'il en avait l'ambition. Il n'y a qu'une place de numéro un dans un club de L1. »Est-ce pour cette raison que Franck Haise revient ensuite dans le monde amateur, lors de la saison 2012-13, à l'US Changéenne (R1) ? « Pour nous, c'était du pain béni du fait de ses compétences, raconte Bertrand Girard, qui a pris sa suite. Son gros point fort, c'était l'ambition dans le jeu. Et la connaissance des hommes avec une manière adaptée à chaque interlocuteur. Il était toujours dans l'apprentissage mais savait qui était qui. Les gens l'appréciaient car il les faisait grandir sur plein de sujets. Quand il n'était pas d'accord, il ne se privait pas pour le dire. Mais sans toucher l'homme. »Bernard Casoni, ancien entraîneur du FC Lorient.« Il voulait émerger mais il n'avait pas les dents qui rayent le parquet. »À Lorient, le Normand réintègre le monde pro (2013-15), dirige l'équipe réserve avant de devenir l'adjoint de Sylvain Ripoll (*) puis de Bernard Casoni en équipe A. « Il était très précis, très compétent dans ses entraînements, développe l'ancien coach de l'OM ou de Valenciennes. Il voulait émerger mais il n'avait pas les dents qui rayent le parquet. J'ai appris auprès de lui. C'était clair et net. J'aimais bien son approche, sa notion de bloc équipe. Il savait ce qu'il voulait. Il était vrai, cash. Quand je regarde Lens, je revois ses sorties de balle. Il a passé un cap dans l'intensité et la récupération. Il a compris que l'on peut imposer son jeu. Bien défendre en avançant. Son équipe met de l'impact. Fait des courses vers l'avant. C'est un entraîneur complet qui donne de l'importance à chacun dans son domaine. Et est très loyal. Il fallait qu'il prenne son temps. Digérer son savoir, son vécu. »(*) Il n'a pas souhaité aborder le sujet en notre compagnie.Sylvain Matrisciano, directeur de la formation, débauche Haise pour Lens dès 2017 à la post-formation. Il accompagne la deuxième équipe avant de succéder à Philipe Montanier en février 2020 en A. « Il s'est bonifié en vieillissant, confirme Matrisciano, aujourd'hui à Nancy (N). Il n'était pas satisfait quand il n'avait pas appris quelque chose à la fin de la semaine. Avec Éric Roy (ex-directeur sportif) et Philippe Montanier, on lui avait donné l'autorisation de suivre le brevet d'entraîneur professionnel de football (BEPF, mené par Franck Thivillier, Francis Gillot et Lionel Rouxel). »Francis Gillot, entraîneur national en charge de la formation des cadres, sur la nomination de Frank Haise à la tête du RC Lens.« Quand il a été nommé, il était déjà très mûr. C'est un homme intelligent qui ne va pas se mettre à dos des gens. »« Il est tombé à Lens sur des dirigeants qui lui ont fait confiance, résume Franck Thivillier. Il était préparé. Il saisit aujourd'hui l'environnement et les attentes. Je ne suis pas surpris de sa réussite. Il met très peu de temps à se faire comprendre et reste actuel. En un mot, il est cohérent. »Durant son année d'immersion BEPF (2019-20) en club, Haise a décroché sa légitimité. « Il sait s'entourer, déléguer et ne se prend pas trop la tête, conclut Francis Gillot, entraîneur national en charge de la formation des cadres. Il a connu des galères, des choses moins marrantes. Mais il n'a pas changé. Il se fixait peut-être des limites mais se sentait capable. Quand il a été nommé, il était déjà très mûr. C'est un homme intelligent qui ne va pas se mettre à dos des gens. On sent quelque chose autour de lui au niveau humain, une convivialité. »
L'Equipe