Information
ANALYSE|La défense à trois, c’est tendance
Cette saison plus que jamais, l’organisation à trois défenseurs centraux s’impose comme un système incontournable en France et en Europe. A l’image de Galtier à Paris ou Tudor à Marseille, les coachs y voient de plus en plus d’avantages.
Edgar Groleau
Le week-end dernier, lors de la 2 e journée de Ligue 1, seules deux rencontres ne permettaient pas d’observer une équipe aligner trois défenseurs centraux. Plus qu’une mode, un véritable changement tactique, appelé à perdurer.
En 1993, l’OM déjà…
La défense à 3, pourtant si compatible avec le football moderne, n’est pas une nouveauté. À plus petites doses, elle a déjà été mise en place par les entraîneurs depuis des décennies. En 1992, l’iconique Barça entraîné par Johan Cruyff alignait déjà 3 centraux, et remportait la première Ligue des champions de son histoire. L’année d’après, l’Olympique de Marseille lui succédait, avec sa légendaire charnière Desailly-Boli-Angloma. Les exemples s’accumulent au fil des années. En 2021, Thomas Tuchel a également misé sur ce système pour remporter la Ligue des champions avec Chelsea.
En attaque, ça peut tout changer
Certains diront qu’il s’agit d’une défense à 3, d’autres à 5. Mais peu importe. L’essentiel, c’est que 3 centraux composent la charnière de l’équipe. Sur les côtés, deux pistons, des latéraux au rôle bien différent par rapport à un système classique.
Si de nombreux entraîneurs ont adopté ce schéma, c’est notamment car il peut permettre d’attaquer en nombre, grâce à ces pistons qui montent sur les ailes. En témoignent, à Paris, les rôles d’Achraf Hakimi et de Nuno Mendes, bien souvent aux avant-postes, qui déboulent sur les côtés à toute vitesse. Leur fonction importante permet à des joueurs offensifs comme Neymar ou Lionel Messi d’être plus au cœur du jeu, entre les lignes.
Sur les phases offensives, trois joueurs restent donc derrière. Une aubaine pour les entraîneurs, qui bénéficient donc souvent d’un surnombre à la relance, avec 3 centraux pour se défaire du pressing de 2 attaquants.
En défense, ce positionnement permet de rassurer par son nombre. Avec le repli défensif des pistons, l’arrière-garde compte alors 5 joueurs. « C’est un avantage de jouer avec 3 centraux, parce que ça nous donne une solidité, une stabilité et un équilibre défensif très élevé. Cela transmet beaucoup de sécurité aux attaquants sur les contre-attaques, ils peuvent revenir un peu plus lentement », expliquait Sergio Ramos début août.
Un style qui envahit l’Europe
Reims, Troyes, Nantes, Strasbourg, Lens, Marseille et même Paris. En Ligue 1, plus d’un tiers des équipes ont débuté la saison avec une défense à 3. Mais la tendance se confirme également dans toute l’Europe.
Dimanche dernier, le choc explosif entre Chelsea et Tottenham opposait deux dispositifs de la sorte. « Être à 3, ça permet à un défenseur plus âgé comme Thiago Silva d’avoir moins d’espace à couvrir sans ballon », analyse Jordan Kujundzic, membre de l’agence de conseil et d’analyse tactique Tacompo. En Premier League, 45 % des équipes jouent à 3 derrière en ce début de saison.
C’est toujours moins qu’en Italie, où l’Atalanta, l’Inter, la Roma et plus d’une équipe sur deux ont adopté cette formation. En Allemagne, la moitié des clubs de Bundesliga sont concernés, et la liste des écuries européennes converties n’en finit pas, comme l’Atlético de Madrid qui a lancé sa saison ainsi.
Pas que des avantages
Comme tous choix tactiques dans le football, la défense à 3 présente forcément des faiblesses. La plus évidente est l’obligation d’avoir un profil de joueur précis au poste de piston. S’il n’a pas assez de coffre, et qu’il n’est pas capable de faire les courses nécessaires, alors le système ne fonctionnera pas.
La France en a fait les frais au dernier Euro contre la Suisse. Avec Benjamin Pavard et Adrien Rabiot, deux joueurs complètement indisposés au poste de piston, difficile d’exploiter les forces du dispositif. Didier Deschamps semble pourtant l’avoir définitivement adopté car cela lui permet d’harmoniser la relation technique entre Mbappé, Benzema et Griezmann.
Si les espaces sont mal gérés par les pistons, alors des brèches immenses peuvent se former. Chez les centraux, la qualité de relance est quant à elle essentielle pour pouvoir profiter de la supériorité numérique. Alors une défense 3 régnera-t-elle sur l’Europe cette année ? Galtier, Tuchel et Simeone veulent en tout cas y croire. Rendez-vous en fin d’exercice pour le savoir.
Le Parisien