Vendredi 13 février 2015 22:00
Ngolo Kanté : "Je suis le même joueur qu'avant"
Dire que les interventions médiatiques rebutent Ngolo Kanté est presque un euphémisme. « Je suis discret, je préfère rester en retrait, j'ai toujours été comme ça... » On a longuement insisté, et finalement la pépite caennaise a choisi Ouest-France pour sa première interview depuis une éternité. Avec une condition au préalable, vue avec le club : qu'on
ne lui cause pas avenir et Mercato (lire plus bas)...
Vous êtes né dans le 10e arrondissement de Paris, avez grandi à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine : que vous évoque le PSG ?
Cela reste le club que tout le monde supporte là-bas, mais je n'ai jamais été un grand suiveur du PSG, je ne suis même jamais allé les voir jouer au Parc des Princes ! Je n'ai jamais été supporteur d'une équipe en particulier, et je ne me sens pas plus impressionné que ça à l'idée de jouer là-bas. Une partie de mes proches sera en tribunes, d'autres regarderont le match à la télé, voilà...
C'est forcément un match particulier, excitant à jouer ?
On va y aller pour essayer de gagner, parce que ça reste possible ! Surtout, il va falloir jouer pour ne rien regretter, prendre des risques.
Quels souvenirs gardez-vous de votre 1er club, Suresnes, où vous avez débuté à 10 ans ?
C'était une belle époque, je jouais avec mes copains... Les éducateurs ont toujours été derrière moi, ils ont cru en moi pour qu'un jour je devienne pro, alors qu'au départ je n'y pensais pas vraiment. Ils m'ont poussé à faire des essais dans des centres de formation.
Votre petite taille a été un obstacle à une éclosion plus rapide, un complexe ?
Non ! Beaucoup de joueurs percent avec un gabarit comme le mien, et on m'a toujours surclassé dans les différentes catégories d'âge. Si je ne suis pas arrivé à intégrer un centre de formation, j'ai toujours considéré que c'était à cause d'un déficit de performance à ce moment-là.
Vous êtes issu d'une famille modeste de 8 frères et soeurs, il a fallu vous battre très jeune pour réussir ?
Mon père était éboueur, ma mère femme de ménage, mais je n'ai jamais manqué de rien. Je suis très proche de ma famille, parfois elle me rend visite sur Caen, d'autres fois je vais la voir à Paris, c'est très important.
Revenons au jeu : vous ressentez l'attente par rapport à votre potentiel, la pression du haut niveau ?
Forcément un peu, mais ça n'est pas insurmontable non plus, ça n'est que du foot ! J'entends ce qui se dit mais je n'écoute pas trop. Ça ne change rien au fait que j'essaye à chaque fois d'être meilleur sur le terrain.
Le National il y a deux ans, la L1 aujourd'hui : ça va vite quand même...
C'est sûr, mais j'ai bien vécu les transitions, déjà parce que je suis passé de la L2 à la L1 avec le même club, les mêmes partenaires, dans un environnement où je me sens bien.
Pourquoi avoir prolongé cet hiver votre contrat jusqu'en 2018 ?
Justement parce je suis bien à Caen. On discutait depuis longtemps, ça s'est fait naturellement, mais je ne me sens redevable de personne : j'avais choisi Caen alors que j'avais d'autres possibilités, je suis simplement heureux ici.
Comment avez-vous vécu la période difficile traversée par le club ?
Moi aussi j'ai senti à un moment que j'étais moins bien, mais le coach m'a fait confiance, et je ne me suis pas pris la tête. Il ne fallait pas se décourager, et on s'est dit qu'on était capable de faire beaucoup mieux.
Comment expliquer le changement de visage de l'équipe en 2015 ?
On s'est beaucoup parlé, chacun a su se remobiliser, mais on reste prudent, parce qu'on peut vite se faire rattraper !
Dans quels domaines devez-vous encore progresser ?
Comme l'année dernière, dans la dernière passe, prendre plus d'initiatives dans les frappes... Je dois aussi arriver à être plus régulier sur une saison ou au cours d'un même match. Je suis le même joueur qu'avant, c'est surtout le niveau dans lequel j'évolue qui a changé !
Vos anciens coaches ou éducateurs disent que vous leur rappelez Tigana ou Makélélé...
J'ai entendu ça, après... Je n'ai pas connu le premier, et j'ai vu quelques matches du second quand il était en fin de carrière, mais je ne suis ni l'un ni l'autre ! J'ai admiré des grands joueurs comme Ronaldo ou Maradona, mais je n'ai jamais eu d'idole ou de modèle.
Vous affichez beaucoup de détachement...
Je prends pas mal de recul sur ce que je vis actuellement, mais je ne me force pas. C'est dans ma nature, j'ai toujours fonctionné comme ça !
Vous avez la double nationalité française et malienne : dans laquelle des deux sélections aimeriez-vous jouer ?
Le Mali m'a approché avant la Coupe d'Afrique des Nations, mais je leur ai dit que je préférais terminer ma saison en L1, me concentrer sur mon club avant d'envisager une carrière internationale. Entre la France et la Mali, je n'ai pas vraiment choisi, et je ne cherche pas non plus à choisir pour le moment.
Guillaume LAINÉ.
Recueilli par Ouest-France
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