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Les insultes de Florian Thauvin à l'encontre de Dimitri Payet à Rennes samedi dernier (1-1) l'ont mis en lumière : les Marseillais sont loin d'être tous copains et se regroupent logiquement par affinités.
SAMEDI DERNIER à Rennes (1-1), Dimitri Payet a invité vertement Florian Thauvin à lâcher son ballon plus rapidement. Sur ce coup-là, il pouvait passer pour le porte-parole d'un groupe lui aussi agacé parfois par l'ex-Bastiais. Mais la seule chose lâchée par Thauvin a été une grosse insulte à l'encontre du Réunionnais. Il paraît que ça fait partie de la vie d'un vestiaire. Pourtant, entre footballeurs, comme dans la vraie vie d'ailleurs, on n'insulte pas tous les jours les mamans de ses collègues de travail. En fait, les caméras de télévision du stade de la Route-de-Lorient ont révélé au grand jour ce qui était dans l'air depuis la saison dernière déjà : Thauvin et Payet ne s'apprécient guère, comme ils n'aimaient pas vraiment Mathieu Valbuena et vice versa. Est-ce si grave, docteur ? Deux fortes personnalités du vestiaire marseillais, André Ayew et André-Pierre Gignac, qui a souvent soupçonné le Ghanéen de faire du lobbying pour son frère Jordan quand il était à Marseille, ne sont pas les meilleurs amis du monde non plus. Mais, après cinq ans de vie commune au club, jamais ils ne se sont envoyé des noms d'oiseaux à la figure en public. En exposant sa colère devant les caméras, ce que n'avait pas fait Payet quand il avait insulté Valbuena dans le vestiaire à la mi-temps le 29 mars 2014 à Sochaux, Thauvin a ouvert l'air de la suspicion... et tout le monde ne verra plus la chose du même oeil quand l'un oubliera de faire la passe à l'autre.
Mais la vérité est qu'ils ne s'appréciaient pas plus quand l'OM écrasait tout sur son passage à l'automne 2014. Au coeur de cette période, d'ailleurs, Brice Dja Djédjé, plutôt proche de Nicolas Nkoulou, d'Ayew ou des jeunes Bangoura et Ndoumbou, s'était fait agresser par Gignac à la cantine du club. C'était le 30 octobre, au lendemain d'un autre déplacement à Rennes, pour le compte de la Coupe de la Ligue (1-2) – un voyage en Ille-et-Vilaine qui réveille décidément de vieilles rancoeurs. Le défenseur ivoirien et l'avant-centre avaient en effet déjà failli en venir aux mains sous l'ère José Anigo la saison dernière.
THAUVIN ISOLÉ MAIS PAS EXCLU
Le quotidien à l'OM ressemble donc parfois à une cour de récréation. Pas étonnant donc d'entendre le professeur Marcelo Bielsa évoquer les notes qu'il distribue à chacun de ses élèves, après chaque match, en concertation avec les autres profs, ses adjoints. Il serait réducteur pourtant de croire que le quotidien du vestiaire marseillais, où il y a des clans, comme partout, en fonction des affinités (voir ci-dessus), est rythmé par les conflits. Il y a aussi des amitiés et de belles histoires.
Steve Mandanda est un capitaine écouté et respecté. Mais pas forcément l'homme le plus sociable du vestiaire, au contraire de Gignac, qui, hormis ses soucis avec Dja Djédjé, papillonne d'un groupe à l'autre. Le gardien marseillais, plutôt proche au départ de Jérémy Morel ou d'André Ayew, avec lequel il a partagé longtemps le même agent, s'est pris d'amitié pour Thauvin. L'attaquant avait passé la nuit à l'hôpital avec l'international après son choc à la tête lors de la dernière journée la saison dernière contre Guingamp (1-0). Mandanda n'a jamais oublié ce geste. Thauvin, parfois jalousé en interne pour ses rapports privilégiés avec son président, Vincent Labrune, et son image de chouchou de Bielsa, semble parfois isolé. Mais il n'est pas exclu de la vie de groupe. Après le déplacement à Monaco (0-1, le 14 décembre), il était même resté en Principauté pour dîner avec beaucoup d'autres joueurs, dont… Payet et aussi Mario Lemina, un des rares jeunes de sa génération avec lequel il échange. Avant l'OM, les deux partageaient leur chambre lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans en Turquie, à l'été 2013. Et la colocation s'est reformée un temps la saison dernière lorsque Thauvin, en plein divorce avec son ex-conseiller, « Tonton » Adil, venait parfois dormir chez lui. Chez les autres jeunes de l'effectif, il y a les solitaires, comme Giannelli Imbula, plutôt casanier, et les inséparables – Benjamin Mendy, Samba, Batshuayi, dont les tweets d'adieu à Doria (*) ont pris de cours la communication du club dans les derniers jours du mercato. Proche de ce trio, on retrouve Payet et Alaixys Romao, dont les femmes s'apprécient et qui louent ensemble une loge au Vélodrome. Enfin, il y a les gars du cru, comme Rod Fanni et Romain Alessandrini, qui s'est rapproché de Gignac dès son arrivée, à l'été 2014. Tous les trois sont nés dans la région et ils y ont beaucoup de connaissances en dehors du foot. Une respiration qui ne doit pas être désagréable parfois.
BAPTISTE CHAUMIER et VINCENT GARCIA