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26 Mar 2004, 14:44
[JDD, pascal nouma]
A 32 ans, l'ancien Parisien mène une fin de carrière paisible au Qatar.
Il ne lui manque la folle agitation de la Turquie...
On le croise parfois vêtu d'un tee-shirt bordeaux aux couleurs du Qatar,
dans le hall de l'hôtel Ritz Carlton de Doha. On le salue au bar aussi,
où il vient déguster une bière sans crainte des photographes. Les
journées sont parfois longues pour Pascal Nouma, émigré dans le Golfe et
attaquant du club anonyme d'AlKhor. A 32 ans, l'ancien Parisien poursuit
une carrière cabossée au sein d'un championnat argenté où il fréquente
Gabriel Batistuta, Stefan Effenberg ou encore Frank Leboeuf et son
impayable maillot floqué... n°1. « On a joué il y a un mois l'un contre
l’autre, c'était le match où il fallait se montrer. » Résultat: partie
interrompue à 2-2 après huit expulsions, une anecdote de plus dans la
vie mouvementée de Pascal Nouma.
Reparlez-nous de ce match complètement fou...
Il a fallu qu'on vienne au Qatar pour vivre ça avec Frank ! A la pause,
on menait 2-1 et puis tout a explosé. Moi, je me. suis fait pourrir par
mon entraîneur, il m'a insulté et voulait me faire sortir en deuxième
période. C'est le manager du club qui m'a dit de retourner sur le
terrain. Après, on a fini à six, l'arbitre a dû arrêter le jeu et
ensuite, mes coéquipiers se sont battus entré eux dans le vestiaire !
A part l'argent, qu'êtes-vous venu chercher au Qatar ?
La tranquillité. Après ma suspension avec Besiktas (sept mois pour avoir
fêté un but la main dans le short, le 20 avril 2003, une décision cassée
par la Fifa fin octobre), j'ai eu la possibilité d'évoluer dans d'autres
clubs. Mais je n'avais rien fait pendant cinq mois. Ici, je me refais
une condition physique.
De la fureur de Besiktas au calme de Doha, quel contraste !
Les dirigeants sont obligés de faire des tombolas pour faire venir le
public. Il nous arrive de jouer dans des stades de 35.000 places avec
dix supporters. En Turquie, j'étais le numéro 1 dans mon club. J'étais
le roi. Si vous demandez aux gens quel est le meilleur joueur étranger
de toute l'histoire du championnat turc, on va vous dire Nouma. Une
fois, j'ai traîné un mec sur le capot de mon Range Rover pendant un
kilomètre. Il voulait juste m'embrasser. Je me suis arrêté, je lui ai
tendu la joue, il m' a pris par la main et l’a baisé. Il m'a dit que
c'était le plus beau jour de sa vie.
Vous avez aussi fait de la garde à vue à Istanbul, après une bagarre
avec quatre journalistes en août 2000.
J'étais aussi aimé pour ça. J'étais fou, comme les Turcs. C'était la
première fois qu'un subissait des pressions pareilles. Celles de la
police, des médias... J'étais en cellule avec un mec, on était deux pour
un lit en béton. Comme il était arrivé avant moi, il m'a fait comprendre
que je devais dormir par terre. Je me suis dit: "Si je veux dormir
tranquillement, il faut que je le frappe." Je l'ai frappé. Après, je lui
ai proposé de venir s'asseoir. Il m'a répondu : "Non. Le lit, c'est le
tien." Le lendemain, je suis chez le juge, pour la confrontation. A un
moment, il fait sortir tout le monde et me lance : "Ecoute, je suis fan
du Besiktas, mais la procédure est lancée, je ne peux rien faire. Voilà
ce que je te propose: si tu marques au prochain match, l'affaire est
classée. Sinon..." On part jouer à Adanaspor, on prend un but après deux
minutes. J'ai regardé le ciel, je me suis dit: "Après le match, je pars
en prison." Et là j’ai marqué à la 94ème minute! Dans le vestiaire, le
manager a reçu un coup de fil du Juge. L’affaire était classée. Voilà
comment Ça se passe en Turquie. Sinon, on m'aurait emmené à la prison de
Bayram Pacha ! Je préférais me tuer.
Etes-vous toujours aussi amoureux de ce pays?
J'étais prêt à y vivre jusqu'au bout de ma carrière. Des sponsors
m’appellent encore aujourd'hui pour tourner des spots de pub. Pour eux,
je représente la Turquie. J’ai été rayé de la carte car j’étais devenu
gênant pour la popularité de mon président. C’est le chef de la police
d’Istanbul qui a demandé que je parte (près sa suspension de sept mois).
Il m’a envoyé deux flics chez moi : ils se sont excusés en ma passant
les menottes. On a même pris une photo ensemble (il montre le cliché
archivé sur son portable). On a résilié mon contrat, et on m’a expulsé
du pays.
Vous voudriez revenir au Besiktas ?
Oui, comme président. Ou manager général. Je veux y retourner par
vengeance personnelle. Avec les gens de mon "parti", on s’arrangerait
pour me mettre dans un bureau tranquille. Manager général en Turquie,
c’est pas dur : aller au bureau, passer trois coups de fil, s’asseoir
sur le banc et parler à l’arbitre, ça, je peux le faire pendant 25 ans