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Richard Laaban et le mystère de l'arme du parrain; Déféré pour détention d'arme, il a été placé sous contrôle judiciaire hier soir
C'est un renseignement anonyme qui serait à l'origine de cette singulière procédure. Une information de premier rang parvenue aux services de police et leur conseillant utilement de se rendre au domicile de Richard Laaban, 73 ans, un individu bien connu des services de police et de justice, fiché au grand banditisme, proche d'André Cermolacce, dit "Gros Dédé".
Aiguillonnés, les enquêteurs ont donc foncé mardi à l'adresse dite, qualifiée dans le procès-verbal de police de "résidence de standing", sise dans le 8e arrondissement.
Ils ont perquisitionné et découvert le pot aux roses : une arme de calibre 9 mm, un chargeur, une ceinture destinée à porter et transporter l'arme mais aussi un lot de montres de luxe, cinq Audemars Piguet, deux Rolex et une Chopard, ainsi que des numéraires. Pour quelqu'un qui se dit "retraité", à 800 euros par mois, les trouvailles ne correspondaient pas tout à fait au standing constaté.
L'enquête principale qui le cible et qui a été ouverte pour des faits présumés de faux, usage de faux et escroquerie, se poursuit, mais dès hier Richard Laaban a été présenté, au terme de sa garde à vue, en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Marseille.
L'homme jouit d'un palmarès judiciaire, puisqu'il a déjà été condamné à 4 ans de prison ferme pour corruption policière. Il est toujours mis en examen à ce jour pour des faits d'extorsion de fonds sur la personne de l'agent de joueurs Jean-Pierre Bernès. Mais il est aussi connu pour avoir été le propriétaire de la Boutique de l'OM.
Le vice-procureur Audrey Jouaneton s'est déplacé en personne pour réclamer le placement en détention de M. Laaban. Pour évoquer le cas d'un individu qu'elle a décrit comme "dangereux". Pour ironiser aussi sur ce prévenu, peu habitué, de part de son statut dans la délinquance organisée, aux audiences de comparutions immédiates...
Mais le plus intéressant porte sur l'arme retrouvée. Une arme qui aurait appartenu à Paul Mondoloni, un ex-parrain marseillais, figure du casse de la Begum mais aussi de la French Connection, abattu en haut de la Canebière le 29 juillet 1985. Une arme que Mondoloni aurait oubliée dans sa brasserie et que M. Laaban aurait récupérée sans avoir jamais, au grand jamais, l'intention de s'en servir.
Une expertise très attendue
Mais en défense, Me Chehid Selmi ne l'entendait pas de cette oreille. Il livrera une autre lecture du dossier, exigeant qu'il soit procédé à une expertise de l'arme et sollicitant le renvoi de l'affaire sur le fond. Il déplorera aussi "la fausse colère" du parquet destinée à "masquer la faiblesse de son accusation". Que dira l'expertise ?La défense a obtenu la remise en liberté de Richard Laaban, assortie toutefois d'un contrôle judiciaire strict, avec interdiction de quitter le territoire et obligation de pointer au commissariat.
La Provence