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«Petit Vélo» et gros sous : pourquoi Valbuena attaque l’OM
L’ancien meneur de jeu de Marseille estime que la commission de son ex-agent doit être réglée par le club, et non par ses soins.
Le sens du timing de Mathieu Valbuena est aiguisé sur le terrain, un peu moins en dehors. A quatre jours de son retour au Vélodrome sous les couleurs de l’Olympique lyonnais, l’AFP nous apprend ce mercredi que le «Petit Vélo» est en plein litige financier avec l’Olympique de Marseille, le club où il a régalé pendant huit saisons (2006-2014). Il estime que son ancien club doit être condamné à lui verser 568 000 euros, et a porté cette affaire devant le juge des référés de la cité phocéenne.
Cette somme, l’international l’a réglée en mai à son agent historique, Christophe Hutteau, tout en bougonnant sévèrement. Il s’agissait d’indemniser Hutteau pour une rupture brutale de contrat, début 2014. Valbuena décide de divorcer avec celui qui l’a cornaqué pendant toute sa carrière, avant même ses débuts en National, à Libourne Saint-Seurin. Le joueur est excédé par des mauvais investissements financiers, notamment l’achat d’un camping au pied de la dune du Pilat, supposément sur les conseils de Hutteau. Alors que Valbuena aspire à un départ à l’été 2014, le président marseillais, Vincent Labrune, lui fait aussi remarquer que son représentant lui a fait beaucoup de promesses, mais ne lui a jamais trouvé de grand club européen pour s’illustrer.
Bernès, les Russes et «le vendeur de rêve»
Labrune a déjà tenu ce discours à Steve Mandanda ou André Ayew, les éloignant de leur imprésario de toujours. A Valbuena, il promet aussi de faire jouer son réseau d’agents européens. Le «Petit Vélo» est séduit, il largue Hutteau, qu’il commence à surnommer «le vendeur de rêve». Premier petit accroc au passage, il choisit de travailler avec Jean-Pierre Bernès, l’ennemi intime de Labrune et de José Anigo, l’entraîneur de l’OM à l’époque. Le plus gros hic concerne le contrat d’Hutteau, «le vendeur de rêve». Il faudra le dédommager en cas de transfert. Selon Valbuena, l’OM s’est alors engagé à régler la future commission de Hutteau. Pour le club, il y a bien eu une convention tripartite, mais seulement en cas de départ avant le 30 juin 2014.
Le 2 août 2014, Valbuena s’engage pour trois saisons avec le club russe du Dynamo Moscou. L’indemnité de transfert est de 7,5 millions d'euros pour l’OM, le salaire annuel du joueur s’élève à 3,3 millions d'euros net. Plusieurs intermédiaires français et russes sont payés par l’OM et le Dynamo Moscou. Ecarté des négociations jusqu’à la dernière semaine de pourparlers, Jean-Pierre Bernès reçoit une somme confortable alors qu’il a failli faire capoter le transfert : lors d’ultimes rendez-vous à l’hôtel Intercontinental de Marseille, puis au restaurant la Villa Madie à Cassis, il a demandé des sommes exorbitantes aux émissaires du Dynamo. Les Russes lui proposent 8% sur les rémunérations du joueur, en une fois. Bernès veut beaucoup plus, et ne transmet pas les propositions réelles à Valbuena. Il fâchera jusqu’à la direction du Dynamo. Puis, le jour même de la signature, l'avocat de Valbuena, Me Domat, envoie par mail à l'OM un récapitulatif des sommes à verser à Hutteau. Le club marseillais reste interdit.
Une Lamborghini qui joue à cache-cache
Christophe Hutteau regarde tout ce barnum de loin. Depuis le printemps 2014, ses avocats se sont mis en relation avec les conseils de Valbuena et de Bernès. Ignoré par tous, il est convaincu de son bon droit et assigne Valbuena en justice. En novembre 2014, la décision est favorable à l’agent: Valbuena doit lui régler 568 000 euros. Le «Petit Vélo» renâcle, il fait le mort dans sa tour d’ivoire moscovite, estime que c’est à l’OM de payer Hutteau. Des huissiers vont saisir une Porsche Cayenne à son domicile, dans la banlieue d’Aix-en-Provence, où vit sa compagne Fanny. Elle regarde, impuissante, ce puissant véhicule qui s’éloigne, tracté par une dépanneuse. En revanche, le clan Valbuena s’en va planquer une sublime Lamborghini dans un des parkings souterrains d’Aix. Finalement, le joueur se rendra à l’évidence et dédommagera Hutteau en mai. Avant de se retourner vers l’OM.
Sur l’accord du printemps 2014, il dispose de textos du président Labrune, selon son avocate Hedi Verdet, jointe par l’AFP. L’un des avocats de l’OM, Henri Labi, juge ce deal caduc et s’étonne : «Avec cette procédure, on satisfait le caprice d’une diva, mais il va bien falloir qu’un juge lui dise : "Mathieu gagne des matches! Le reste, on s’en occupe." Il va bien falloir qu’il assume qu’il va perdre ce match.» Décision le 7 octobre.