selfmade footix, je suis désolé mon cher, mais c'est contre ma volonté.
Tout comme toi, je suis amoureux. Amoureux de l'OM, de son histoire et des grands joueurs qui y sont passés. C'est une maladie affreuse, probablement incurable et pour laquelle il n'existe ni le Téléthon, ni d'autres oeuvres caritatives, mais seulement OMlive comme remède. C'est mon exutoire. Mon exutoire à mes nuits d'insomnie, à mes ongles à 3/4 rongés et à mes 15.4 de tension les jours de match. Je viens faire ma thérapie ici, et je viens y panser un vieux stigmate datant de l'été 2010.
Je suis né en 1988, exactement un 21 septembre, je fais donc partie de cette génération bâtarde qui pendant des années n'a entendu parler du succès qu'à l'imparfait. J'ai grandi dans les tourmentes du début des années 2000, des Marchand, des Clemente, des Bakayoko. J'ai essuyé les échecs des finales en CDF, du grand 8 huit face au PSG, des accessits en L1, sinon le maintien, avec comme seul argument pour me défendre des moqueries un passé vieux de plus de 10 ans. J'ai été dépité, désabusé, j'ai pleuré un soir d'avril 2000 et d'une défaite à Strasbourg, je me suis battu dans la cour de récréation pour défendre mes couleurs, j'ai cassé 2 radios et pas loin d'une télévision. Je me suis fâché avec la Terre entière. J'ai vécu un enfer de frustrations et de déconvenues pendant toute la construction de mon adolescence. Horrible.
Puis un petit basque légèrement antipathique est arrivée à la tête de l'équipe. Une éclaircie dans cet océan de merde. Je me suis mis à y croire de nouveau, j'ai cru à la fin de cette malédiction, je me suis pris à rêver: rêver d'un retour de l'OM au premier plan, rêver de vivre enfin ce que mes aînés me contaient, rêver de mettre enfin des images sur un succès de l'OM.
C'est arrivé, enfin, un soir de mai 2010, après 17 ans de disette. Je n'osais pas y croire. C'était la délivrance. J'ai chialé comme un môme. J'étais persuadé que l'orage venait de passer, que le sort était conjuré et que le plus beau allait arriver. Dès le lendemain, je me tenais prêt à en découdre avec les grands d'Europe: le Réal, Manchester, Barcelone, le Milan. Je me suis repassé durant tout l'été les campagnes des années 90 (les buts de Papin et Waddle contre Milan, la tête de Boli en finale, les larmes de Tapie, la présentation du trophée contre le PSG...) avec le doux fantasme de pouvoir à mon tour vivre de tels moments. Ce n'était pas impossible. Mais pour ça, il nous fallait un
GRANTATAQUANT. Les rumeurs ont fusé pendant deux mois, même les plus utopistes, c'était invivable: Forlan, Gilardino, Santa Cruz, Drogba, Amauri, et bien d'autres, mais qui ça allait être ? Je ne quittais jamais mon portable, même pour aller à la plage. Suspens, suspens, [roulement de tambours], début Août Deschamps annonce que ce sera ni plus ni moins que le numéro 9 de la Seleçao: Luis Fabiano. Mon dieu, qui pouvait-on espérer de mieux à associer à l'infernal duo Niang-Lucho ? Je m'envoie la cuite de ma vie sur le port du Cap d'Agde. Fabiano, c'était la panacée. J'en étais convaincu. Tremblez l'Europe, on arrive !
Et puis là, sans sommation, au moment je m'y attendais le moins, alors que je marchais droit comme un coq dans la rue et fier comme un texan, j'ai pris un grand coup de poignard assassin dans le dos.
Un coup de Jarnac. Je me suis fait crucifier, sans préavis, à l'apogée de mon accomplissement de supporter, avec l'effroyable sentiment que tout venait de s'effondrer. Que tout ce que j'avais projeté, mes idylles, mes fantasmes, venaient d'être réduits à néant par une cohorte d'incompétents malveillants et mafieux dont André-Pierre Gignac allait devenir le symbole. J'étais pire qu'un gosse qui venait d'apprendre que le Père Noël n'existait pas. Je me suis senti trahi, sali, j'étais meurtri.
Depuis ce jour là, j'ai toujours associé André-Pierre Gignac à cet instant, à cette douleur. Il restera à jamais pour moi la raison de la haine viscérale que je voue au trio Anigo-Dassier-Veyrat, la raison de cette blessure profonde dont je peine à me débarrasser depuis 4 ans et aussi la raison qu'aujourd'hui encore je n'arrive pas à m'emballer devant l'OM tellement j'ai peur d'essuyer un nouvel affront. De fait, je ne lui pardonnerai d'avoir été ce qu'il a été et d'avoir fait ce qu'il a fait. Je ne lui pardonnerai jamais de ne pas avoir faire les efforts minimums pour être un sportif professionnel décent. Je ne lui pardonnerai jamais de s'être à ce point foutu de notre gueule en se négligeant malgré 330 fois ma rémunération actuelle. Je lui en voudrai toujours de ne pas avoir fait le nécessaire professionnel pour être le Fabiano français. Je lui en voudrai toujours d'avoir orchestré la chute de Deschamps et l'intronisation aux premières loges du cancer. Je lui en voudrai toujours d'avoir été l'un des fers de lance du déclin de notre club, qu'on ait dû l'envoyer à Merano, d'avoir insulté Deschamps, d'avoir pris l'OM pour sa pute en y signant un contrat honteux, d'avoir ruiné les finances du club et d'avoir mis, par tous ces biais, une fin à toute possibilité de voir l'OM, mon OM, truster le Top 8 comme je le rêvais depuis gamin.
C'est quelque chose que je ne digérerai jamais. Jamais, jamais, jamais. Ça m'est impossible. Il pourrait mettre 41 buts cette année et qu'on soit champions, je garderais toujours en mémoire la période 2010-2012 où il aura été, au même titre qu'Anigo, le cancer du club. Alors je prends OMlive comme otage pour me défouler comme je ne peux pas extérioriser cette haine au quotidien sans nuire au grand nombre. C'est pourquoi mon loulou, je te demande de m'excuser et de faire preuve d'empathie, en somme plus d'intelligence que moi, tout comme je demande aux autres OMlivers et aux modos de m'excuser. Je suis pénible, je le sais, mais j'ai besoin de me soulager. Je traîne cet été 2010 comme un fardeaux.
C'est l'excès de passion qui veut ça.