Un défi indéfendable pour l'OM ?
Privé de Nicolas Nkoulou pendant au moins six semaines, l'OM devra composer en défense et le bricolage pourrait peser lourd dans la course au titre.
PUISQUE MARCELO BIELSA est légèrement susceptible sur le sujet, on ne prendra pas le risque de lui demander s'il regrette que Doria ne soit plus là, aujourd'hui, en conférence de presse. Le Brésilien, c'est vrai, ne lui était pas d'un recours très précieux, avec zéro minute de jeu en Ligue 1 mais, à la lumière des événements récents, Bielsa repense peut-être à l'affaire avec une once d'amertume. Lundi matin, Nicolas Nkoulou a été opéré de son genou gauche douloureux par le professeur Jean-Pierre Franceschi, comme il l'avait décidé en fin de semaine dernière, et voilà l'Argentin contraint à bricoler encore en défense pour plusieurs semaines.
Pendant des mois, en début de saison, Nkoulou a serré les dents pour jouer malgré la douleur. Un choc à la CAN a abîmé un peu plus son cartilage, et il a préféré régler le problème une fois pour toutes, histoire de ne rien compromettre pour l'avenir.
L'intervention n'a pas été trop lourde, elle a eu lieu par arthroscopie, et la durée d'indisponibilité ne devrait pas excéder deux mois. Dans le meilleur des cas, le Camerounais pourra reprendre le footing d'ici à trois semaines, et la compétition d'ici à six semaines. Si sa récupération est un peu plus longue, son absence pourrait s'étirer à huit semaines. Il manquera le choc contre Lyon (le 14 mars) et, très probablement, celui contre le PSG (le 4 avril). Ce n'est pas une très bonne nouvelle pour l'OM si l'on se fie au poids de l'ex-Monégasque dans les statistiques défensives de l'équipe (voir ci-contre).
LES SOLUTIONS ? ALOÉ ET SPARAGNA
Nkoulou, qui reste plein d'espoirs pour la fin de saison, veut revenir à 100 % pour le sprint final. Mais il faudra voir, d'ici là, d'où l'OM va s'élancer dans la dernière ligne droite, privé du patron de sa défense. Discret et peu bavard dans le vestiaire, le Camerounais est un leader de terrain, qui n'hésite pas à replacer les uns ou secouer les autres quand l'attention est un peu lâche. Dans l'axe, il est la valeur sûre de l'équipe, mais c'est un peu normal, en même temps : c'est son poste. Un défenseur central de formation, c'est une denrée rare, à l'OM, où Morel, latéral gauche, et Fanni, latéral droit, ont dû se recentrer un peu.
L'absence de Nkoulou jette une lumière crue sur les déséquilibres de l'effectif, où les solutions sont beaucoup plus rares en défense qu'en attaque. Lucas Mendes est parti, cet été, et si le club a réalisé une jolie plus-value sur le Brésilien, il s'est surtout privé d'un recours précieux dans l'axe. Bielsa n'avait pas vraiment goûté le départ de Mendes, dont il mesurait sans doute l'utilité potentielle. Il ne voulait pas de Doria, recruté sans son aval, et le Brésilien a été prêté cet hiver. Un mercato où la seule arrivée, Lucas Ocampos, n'a pas vraiment le profil pour renforcer la défense, pourtant chantier prioritaire, d'autant que les inquiétudes autour de Nkoulou remontent à plusieurs semaines. Restent les jeunes Aloé et Sparagna, vingt ans chacun et une expérience plutôt légère : les solutions semblent un peu minces pour un prétendant au titre. Les trois derniers champions de France, Montpellier puis le PSG deux fois, ont été sacrés avec la meilleure défense du pays, et ce n'est sans doute pas un hasard. L'OM, lui, affiche aujourd'hui la huitième de L 1.
Dimanche, à Saint-Étienne (2-2), la défense marseillaise a encore régulièrement tangué, mais l'équipe a été réveillée par le coaching audacieux de Bielsa. L'Argentin pourra-t-il faire de nouveaux miracles ?
Pour lui, le casse-tête s'annonce épineux dès la semaine prochaine, à Toulouse, où Dja Djédjé et Fanni seront tous deux suspendus.