Tahiice a écrit:" Loco ", oui, mais pas magicien
L'équipe
Spoiler: montrerInformationSi tout réussissait à Marcelo Bielsa en début de saison, l'Argentin est aujourd'hui confronté aux limites de l'effectif marseillais.
IL Y A tout juste un mois, alors que la trêve de Noël posait une courte parenthèse sur la Ligue 1, les Marseillais avaient encore une belle allure de vainqueurs. Ils étaient leaders, installés à la première place depuis plus de trois mois, et ils avaient essaimé des images fortes au fil de leur première moitié de saison : une glacière bleue posée devant le banc de touche, bien sûr, mais surtout un ballet parfaitement organisé sur le terrain, étouffant l'adversaire dans un pressing permanent dès la perte du ballon pour mieux se lancer dans des offensives redoutables.
Dans le vestiaire, les objectifs étaient revus à la hausse, et le titre un mirage un peu moins utopique, à la lueur des préceptes efficaces de Marcelo Bielsa. On a tout écrit, sur l'Argentin, et tout était vrai : il a métamorphosé une équipe à la peine quelques mois plus tôt, regonflé la confiance et le rendement des cadres, imposé une autorité et une rigueur bienvenues, insufflé un état d'esprit nouveau, conquérant et ambitieux, qui semblait prêt à tout balayer sur son passage.
Mais voilà que, peu à peu, la dynamique s'est brisée et, dans la course au titre, l'OM n'a plus tout à fait le même élan. En 2015, il a perdu trois matches sur quatre et, si Lyon gagne aujourd'hui contre Metz, il s'échappera, quatre points devant. Depuis sa défaite à Gerland (0-1, le 26 octobre), d'ailleurs, Marseille a changé de tempo : il restait sur huit victoires d'affilée, mais il n'a gagné qu'un match sur deux en douze journées, ensuite.
L'effet Bielsa, alors, n'était-il qu'un feu de paille ? Pas tout à fait, quand même : dans les intentions de jeu, dans les prises de risques offensives, l'équipe reste un cas à part dans le paysage, capable d'attaquer la surface de réparation adverse à six ou sept joueurs même sans être menée au score. Dans ce passage compliqué, l'Argentin n'est pas complètement exempt de responsabilités, bien sûr, et sa nervosité, cette semaine en conférence de presse, traduisait sans doute aussi une forme d'impuissance. Ses choix ont pu surprendre, ces derniers temps, en défense comme en attaque, où Gignac, auteur d'un excellent début de saison comme avant-centre, se retrouve exilé à droite.
À NICE, LE BANC « CUMULAIT » 174 MINUTES DE L 1
Mais, tout « Loco » qu'il est, l'Argentin n'est pas encore capable de phénomènes surnaturels. Il se heurte, aujourd'hui, aux limites de son effectif, moins profond que ceux de ses deux principaux rivaux pour le titre. Quand le Parisien Laurent Blanc veut faire un remplacement et se tourne vers son banc de touche, il trouve des internationaux aguerris. Hubert Fournier, lui, s'appuie sur la richesse de la formation lyonnaise, qui produit des joueurs jeunes, certes, mais au niveau, surtout.
À Nice, Bielsa avait le choix entre six gamins de seize à vingt et un ans qui, à eux tous, cumulaient 174 minutes de Ligue 1, soit moins d'une demi-heure par personne, en moyenne ! Dans ces conditions, le coaching est forcément limité : le petit Bilel Boutobba, seize ans et un maillot qui flotte sur ses frêles épaules d'adolescent, ne va pas se transformer en Ezequiel Lavezzi en trois séances de musculation. Et la performance de Doria, hier, avec la réserve, valide plutôt les réticences de l'entraîneur à lancer le Brésilien en L 1 (voir ci-dessous).
Le ressort est-il brisé ? Le match contre l'Évian-TG, samedi prochain, offrira une première occasion de rebond et, pour écarter la grisaille, l'OM ferait bien de le gagner. Contre des Lyonnais sans pression et des Parisiens obligés à la victoire, Marseille va aussi devoir tester ses ressources morales et, si la première place s'éloignait vraiment, les objectifs individuels pourraient polluer les prochains mois.
Pour certains cadres du vestiaire, en fin de contrat (Gignac, Ayew, Morel, Fanni), le titre représente une motivation plus excitante que la deuxième place et une qualification en Ligue des champions pour un club qu'ils devraient quitter. Vendredi soir, Bielsa balayait l'idée d'une crise, satisfait du contenu et des intentions de ses joueurs. Mais ses sourcils froncés et son air soucieux disaient aussi que les difficultés de son équipe ne lui avaient pas échappé.
Mon Dieu, enfin un article sensé de L'Equipe sur Bielsa. Ça fait du bien de lire ça.