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OM : Bielsa les attend déjà...
L'Argentin doit arriver à Marseille dans les prochaines heures pour parapher son contrat et préparer la reprise. Le chantier est colossal après le fiasco de cette saison
Heureusement pour lui, Marcelo Bielsa n'a pas dirigé l'OM pendant les travaux du stade Vélodrome. "Le Fou" serait sans doute devenu hystérique en constatant quelques aberrations.
Un intendant (débordé samedi) qui se transforme en portier physionomiste après les matches pour contrôler l'accès des (innombrables) proches des joueurs aux salons VIP, une membre influente d'un groupe de supporters qui a l'autorisation d'accueillir et d'embrasser les Olympiens à leur sortie du car quand toutes les autres personnes sont priées de faire place nette, un ballet de voiturettes qui vont et viennent dans tous les sens, des agents de sécurité submergés par une foule d'invités (ou pas) du club s'agglutinant pour claquer la bise à Gignac et sa bande... Voilà pour le bref aperçu des coulisses, ce monde sous-terrain qui ne devrait pas manquer de surprendre l'Argentin, adepte d'une organisation carrée. Mais il n'y aura sans doute pas que ça. Et, finalement, tout ceci est presque anecdotique.
Acceptera-t-il en revanche de voir Giannelli Imbula débarquer sur la pelouse du Vel', une heure et demie avant un match, en claquettes (mais chaussettes), et avec une veste de survêtement à même la peau ? En terme de je-m'en-foutisme, difficile de faire mieux. El Loco ne supportera pas une telle désinvolture. L'ex-technicien de l'Athletic Bilbao est intransigeant et ne tolère pas le manque d'implication de ses ouailles. Depuis la semaine dernière, Diego Reyes, l'un de ses soldats du staff, est déjà entré dans l'arène (lire ci-dessous). Il note tout. Marcelo Bielsa, lui, débarquera à La Commanderie dans les prochaines heures. À ce sujet, le plus grand mystère est toutefois entretenu par le club qui n'a "aucune envie d'en faire un événement médiatique", précise-t-on au centre RLD.
"Il ne fatigue jamais"
Le Sud-Américain a pourtant déjà prévu de diriger une séance, en milieu de semaine, avec des jeunes du centre de formation triés sur le volet (ils devraient être mis au courant aujourd'hui, lire La Provence de samedi). Cela confirme donc que le Sud-Américain, adepte du jeu du chat et de la souris, n'est plus bien loin. Il a aussi fixé la reprise du groupe pro, dans la semaine du 16 juin, sans doute dès le lundi... Ce jour-là, les Olympiens découvriront enfin leur nouveau coach. Pour l'instant, ils ne le connaissent qu'à travers les éclairages qu'ils picorent dans la presse. Benoît Cheyrou, par exemple, préfère attendre de voir avant de se faire une idée sur lui. "Dans les médias, on voit tous les commentaires des témoins qui ont croisé sa route, sourit le milieu de terrain. Mais j'ai connu des entraîneurs qui dégageaient une certaine image de l'extérieur, mais qui, à l'intérieur, avaient un tout autre mode de fonctionnement... On verra comment ça se passe, mais il n'y a pas d'appréhension. Il y a beaucoup de 'on-dit'."
C'est vrai. Sauf que les observations de ceux qui ont côtoyé Bielsa dans ses expériences passées se ressemblent toutes. Que ça marche ou pas, que l'OM retrouve son lustre ou non, le dilettantisme devrait bientôt faire partie du passé. Les Olympiens, pas franchement considérés cette saison comme des bourreaux de travail (voir la page ci-contre), ont donc tout intérêt à profiter de leurs quatre semaines de vacances (pour ceux qui ne sont pas concernés par la coupe du monde et leurs obligations en sélections). Car leur été risque d'être terrible.
"Il travaille sur la répétition. Sans jamais se lasser. Il ne fatigue jamais !, relève Ricardo Lunari, entraîneur (par intérim) des Newell's Old Boys, qui a évolué sous les ordres du prochain coach de l'OM. Quand vous êtes joueurs, vous pouvez toujours arriver à un moment où vous n'en pouvez plus, mais lui, jamais. À l'entraînement, la quantité de répétition des gestes fait que tu affines les mouvements, ensuite, tu mets en pratique pendant la partie ce que tu as travaillé, et, comme tout est minutieusement étudié, ça te facilite les choses en match."
Le programme promet. Reste à savoir qui sera présent aux côtés de l'Argentin pour le faire appliquer aux Olympiens. Cette semaine permettra d'y voir plus clair sur le futur fonctionnement du staff et les noms qui le composeront. La réponse de Gabi Heinze (positive ?) devrait être dévoilée, alors que les anciens collaborateurs de José Anigo seront fixés. Pour l'instant, ils sont dans l'incertitude et "ne savent rien", comme l'ont confié plusieurs d'entre eux. Au club, tout le monde devra de toute façon aller dans le même sens que Bielsa. Ou prendre la direction de la sortie. "Quand il travaille, il se fiche de la faim, du froid, de la chaleur, ou de l'heure, et nombreux dans son entourage se sont demandés comment il faisait pour bosser autant, poursuit Lunari. Au point de le traiter de fou ! Au fil du temps, ce surnom lui est resté. Pour ma part, je pense qu'il n'a rien d'un fou mais qu'il est au contraire très raisonné. Il va sûrement lutter pour que l'OM redevienne un des clubs majeurs du foot européen, et pour cela, il est capable d'y laisser sa vie."
"Présent dans toutes les sphères d'un club"
Ce passionné, les supporters marseillais vont le découvrir très bientôt. En chair et en os. Après avoir lu tout un florilège d'histoires sur lui. "On peut dire qu'il est frontal !, s'exclame Ariel Senosiain, auteur de la biographie "Lo suficientemente loco" consacrée à Marcelo Bielsa. Et quelquefois même, extrêmement frontal ! C'est un homme viscéral, passionné et sanguin. Mais avant tout, c'est un grand professionnel, qui fait honneur à la fonction. On dit souvent que Bielsa est un fou, mais s'il a cette réputation, c'est qu'il met beaucoup de minutie et de logique dans les choses du football. "
Et l'écrivain-journaliste de poursuivre : "En plus d'être un entraîneur, il est un grand meneur d'hommes. Dans sa manière de gérer un groupe, il ne mise pas forcément tout sur l'autorité pour être écouté. Sa règle, c'est d'être présent dans toutes les sphères d'un club, formation et recrutement compris. Ce qui lui permet de trouver des joueurs prometteurs pour l'avenir et de construire de bonnes infrastructures.Pourquoi a-t-il choisi Marseille ? Je crois que son grand objectif dans ce club et dans ce métier, le même qui l'a poussé à l'Athletic Bilbao, c'est de remettre sur pied une vieille gloire..."
C'est ambitieux, mais les amoureux de l'OM n'attendent que ça.