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Revigoré par l'arrivée de son nouvel entraîneur, Marcelo Bielsa, l'OM nourrit de grandes ambitions cette saison. La greffe va-t-elle prendre ?
IL FAUT se souvenir de l'atmosphère insurrectionnelle en tribunes, début avril contre l'AC Ajaccio (3-1) au Vélodrome, et de l'ambiance délétère sur le terrain, à peu près toute la saison dernière, pour mesurer le chemin parcouru par l'OM en quelques mois. Aujourd'hui, les supporters marseillais sont déjà – tous ou presque – fanatiques de Marcelo Bielsa, le nouvel entraîneur. Et les joueurs, transfigurés par les nouvelles méthodes d'« el Loco » (voir par ailleurs), semblent avoir décidé, enfin, de jouer en équipe. L'image qu'ils renvoient durant cette campagne de matches amicaux (3 victoires, 1 nul) est celle d'un collectif et ça faisait plus d'un an – depuis la première saison d'Élie Baup en 2012-2013 – qu'on n'avait pas vu ça à Marseille.
Cette tendance ne présage en rien de la saison qui vient mais c'est déjà un bon préalable à une réussite sportive même si – ne l'oublions pas, dans l'euphorie ambiante –, le palmarès de Bielsa n'est pas celui de Carlo Ancelotti ou de José Mourinho. Avant de penser à des titres, sa mission sera d'abord de remettre un peu d'ordre dans la maison, de structurer ce club si particulier et d'arriver à tirer enfin le meilleur d'un effectif où le mélange de jeunes talents et de vieux briscards a été explosif, dans le mauvais sens du terme, la saison dernière. Un objectif sur lequel Baup, limogé en décembre, et José Anigo, son successeur jusqu'à la fin de saison, s'étaient cassé les dents. « Vous allez enfin arrêter d'écrire que mes jeunes sont nuls !, se délecte Vincent Labrune, le président olympien, qui assure déjà le service après-vente. On a mis en place un système comme il y en a dans tous les plus grands clubs européens. »
Mais le commissaire Bielsa n'est pas venu uniquement pour faire la police et il est attendu au coin du bois sur les résultats, alors que le club ne disputera pas de Coupe d'Europe pour la première fois depuis dix ans. Les milieux de semaine vont être un peu tristounets à Marseille et l'ambition est évidemment de revenir très vite fréquenter le gratin européen. Par rapport à l'histoire du club, bien sûr, mais aussi pour soulager son portefeuille, amputé cette saison des 30 M€ environ de recettes générées par la C 1.
En recrutant Romain Alessandrini (5 M€) et la nouvelle pépite belge Michy Batshuayi (7 M€) en début de mercato, Labrune a pris tout le monde de court, après avoir pleuré toute la fin de saison sur l'état de ses finances. Il n'a pas réussi ces deux coups par magie mais en demandant, comme beaucoup de ses prédécesseurs, une rallonge d'environ 20 M€ à sa patronne, Margarita Louis-Dreyfus. MLD s'est exécutée pour assurer à la fois le recrutement et le passage devant la DNCG en juin. La propriétaire de l'OM demandera des comptes en retour.
Labrune en première ligne
Pour l'instant, seul Florian Raspentino a été vendu à Caen pour un montant dérisoire (environ 500 000 euros). La cession de Jordan Ayew, qui a filé à Lorient, ressemble à une opération blanche car Labrune a demandé à son ami Loïc Féry d'annuler sa dette pour le transfert, l'été dernier, de Mario Lemina (soit environ 4 M€). Le départ imminent de l'icône locale, Mathieu Valbuena, pour le Dynamo Moscou (voir par ailleurs), devrait rapporter 7 M€ et économiser un très gros salaire. Il en faudra d'autres. André Ayew ? Nicolas Nkoulou ? Steve Mandanda ? Dimitri Payet ? Les joueurs marseillais coûtent très cher, surtout en salaire, et leur cote à l'étranger n'est pas extraordinaire.
Entre ceux qui ne veulent pas partir (Payet) et ceux qui ne trouvent rien, la mission est difficile pour Labrune, qui s'active comme un fou depuis le mois de mars sur ces dossiers, mandatant des agents aux quatre coins de l'Europe, de la Russie à QPR, en Angleterre. Après des négociations difficiles pour le loyer du Stade-Vélodrome (voir par ailleurs), le président de l'OM est proche du burn-out, comme il le confie en privé. Cette saison, il envisage de donner plus de poids à Philippe Pérez, son directeur général, envoyé au feu sur le dossier du stade, et à Luc Laboz, son directeur de communication. Mais si le nouvel OM de Bielsa, à qui il a confié, seul, les clés du club, échoue, Labrune ne pourra pas se cacher derrière eux.
VINCENT GARCIA (avec BAPTISTE CHAUMIER)
Les quatre punis
Ce sont ceux sur lesquels Marcelo Bielsa, qui a analysé tout son effectif sur vidéo, ne compte pas cette saison. Dès la reprise, ils ont été priés de s'entraîner en marge du groupe professionnel avec Thomas Fernandez, le coach de la réserve olympienne. Si Florian Raspentino a été transféré à Caen et Saber Khalifa prêté au Club Africain, en Tunisie, les bannis sont désormais au nombre de quatre : Rod Fanni (32 ans, sous contrat jusqu'en 2015), Modou Sougou (29 ans, 2015), Foued Kadir (30 ans, 2016) et Billel Omrani (21 ans, 2016). Et les offres de transferts ne se bousculent pas. Fanni, le latéral droit et international français, pourrait être libéré de sa dernière année de contrat. Sougou, lui, n'a qu'une offre de prêt de l'Évian-TG, mais l'OM se refuse à payer une partie de son salaire comme le demandent les dirigeants haut-savoyards.
Pour l'instant, pour ne pas se mettre à la faute, on n'entend pas beaucoup ces joueurs, mais nul doute que la plupart d'entre eux ne vivent pas très bien cette mise à l'écart. Si le club ne trouve pas de solution pour eux, il sera obligé de les réintégrer au groupe pro à la fin du mercato. Mais rien n'empêche Bielsa de les envoyer jouer en CFA 2 toute la saison... V. G.