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L'OM repasse à l'attaque
Avec Marcelo Bielsa, qui prône un football offensif à l'extrême, l'Olympique de Marseille devrait renouer avec sa devise : "Droit au but".
Entre un club dont la devise est "Droit au but" et un entraîneur qui se définit par "mon football c'est attaquer", le mariage était probablement inévitable. Avec Marcelo Bielsa, l'Olympique de Marseille vient sans doute d'engager l'entraîneur au monde qui correspond le mieux à sa longue tradition offensive. On ne saura que plus tard si cette union accouche d'un immense bonheur ou d'une frustration terrible. Mais la promesse est excitante.
"Mon équipe n'attend jamais. Je ne spécule pas."
Avec Marcelo Bielsa aux commandes, on ne devrait plus entendre la fameuse formule ressortie plusieurs fois par saison après un nul géré en regardant la montre ou une défaite subie dans les derniers instants : "Quand on ne peut pas gagner un match, il faut savoir ne pas le perdre." L'entraîneur argentin, lui, explicite ainsi son projet de jeu : "Jamais je ne pense à jouer le contre. Pour moi, il faut toujours être acteur d'un match. Mon équipe n'attend jamais. Je ne spécule pas."
Marcelo Bielsa exige du pressing incessant dans toutes les parties du terrain, du mouvement et du jeu au sol. S'il apprécie la défense à trois, elle n'est pas un dogme immuable. En revanche, le technicien abhorre la défense à cinq. Habituellement, il installe une sentinelle au milieu. Les joueurs de couloir multiplient les montées pour adresser des centres. "Avec lui, les équipes doivent être agressives et presser l'adversaire le plus proche de son but. Il privilégie la possession sur la récupération et il veut qu'on passe sur les côtés. Il aligne toujours trois joueurs offensifs, deux ailiers et un avant-centre", détaille Diego Torrente son ancien adjoint en sélection argentine.
Le football de Bielsa se joue à terre. "Il veut que son équipe aille à mille à l'heure ! Elle te presse sur tout le terrain", explique Javier Mascherano qui a joué sous ses ordres et l'a affronté avec le FC Barcelone. L'esthète Jorge Valdano dit de Bielsa que "c'est l'un des entraîneurs les plus généreux. Il attaque et quand il mène, il continue à attaquer comme si la fin du monde en dépendait."
Une débauche d'énergie importante
Pour appliquer un plan de jeu aussi ambitieux, Marcelo Bielsa prône une débauche d'énergie constante. "Pour moi, défendre c'est courir. Donc c'est de la volonté. Pour chaque joueur, je trouve une raison pour courir. A aucun moment, je ne vois une excuse pour être arrêté. Le foot c'est le mouvement. Il faut sans cesse bouger." Lors de son premier poste à Newell's Old Boys, il avait remis en question son meneur de jeu coupable de ne pas assez défendre... un certain Gerardo Martino, l'ex-coach du FC Barcelone qui considère Bielsa comme son mentor. Quelques semaines après, la star de NOB, pour ne pas perdre sa place, se dépensait sans compter pour mener son club au titre en 1992. Cette exigence joue aussi des tours à Bielsa. Avec un effectif très restreint, l'Athletic Bilbao a payé ses efforts en terminant les deux saisons de l'Argentin sur les rotules.
A Bilbao, Bielsa a opéré une révolution culturelle pour faire muter un club vacciné au "kick and rush". A force de travail et de persuasion, il est parvenu à transformer l'idée ancestrale du club basque en un jeu créatif et chatoyant qu'un choc de 2011 face au FC Barcelone soldé par un 2-2 mémorable avait symbolisé. Ce jour-là, Pep Guardiola en personne avait qualifié ce moment d'ode au football".
Une leçon de football total à Ferguson
Battu deux fois (3-2, 2-1) et éliminé par Bilbao en huitième de finale de l'Europa League, Alex Ferguson s'est incliné devant la leçon de football total reçue par Manchester United : "C'est un régal de les voir jouer, un hommage à l'effort, imprégné par leur entraîneur." En deux ans avec lui, Bilbao a inscrit 157 buts en 116 rencontres toutes compétitions confondues (1,3 but par match).
Finalement, le plus beau des compliments provient d'un de ses détracteurs. Entraîneur historique de l'Athletic Bilbao, Javier Clemente, réputé pour son jeu austère, a déclaré à son sujet : "Bielsa n'était pas l'entraîneur idéal pour l'Athletic. Son projet de jeu n'était pas bon. Il a fait de bonnes choses mais il a fait croire aux joueurs qu'ils étaient capables de jouer au ballon alors qu'ils n'en avaient pas les qualités."
L'OM, qui a souvent basé son plan de jeu sur la solidité ces dernières années, doit se préparer à changer de vision. Son nouvel entraîneur va pousser ses joueurs à regarder vers l'avant sans se retourner. La prise de risque sera maximale. C'est aussi ça la révolution Bielsa.