Avant la demi-finale face au Club Guarani (dans la nuit de mardi à mercredi à 2 heures) en Copa Libertadores, Marcelo Gallardo, l'entraîneur de River Plate, évoque son nouveau rôle et sa vision du métier.
Dans la nuit de mardi à mercredi (2 heures), River Plate doit disputer sa demi-finale aller de Copa Libertadores contre les Paraguayens du Club Guarani. Avant cette rencontre très attendue, l'entraîneur Marcelo Gallardo (39 ans), l'instigateur du retour au premier plan du club argentin sur la scène internationale, a pris le temps de nous recevoir dans son bureau de «director tecnico», coincé entre la coursive et la piste d’athlétisme du stade Monumental. Avant de diriger l’entraînement des Millonarios et de saluer une autre légende du Championnat de France en la personne d’Enzo Francescoli (le manager du club), «le Poupon» évoque son nouveau rôle, influencé par le passage en sélection de Marcelo Bielsa (1998-2004). Et même s’il conserve le visage enfantin qui lui a valu son surnom, ses mots s’avèrent aussi affûtés que le pied droit qui l’a consacré champion de France et meilleur joueur de L1 à l’issue de la saison 1999-2000.
Aujourd’hui, vous êtes à la tête d’une équipe qui porte les espoirs d’une vingtaine de millions de personnes en Argentine. C’est une immense responsabilité…
«Ici les gens vivent le football de manière passionnelle, souvent excessivement… En Europe, les gens supportent leur équipe pendant quatre-vingt-dix minutes et quand ils sortent du stade, ils se déconnectent. En Argentine, on est supporter vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Parfois, les frustrations personnelles se transposent dans les tribunes. River Plate faisant partie des plus grands clubs du monde, l’exigence de victoire est décuplée. Mais j’aime cette responsabilité, et pour être franc, je me sentirais bizarre sans ce défi permanent.
«Bielsa fait partie des entraîneurs qui ont attisé cet amour du jeu en moi»
Avec deux titres internationaux et une qualification en demi-finales de la Copa Libertadores (1), vous venez de passer une première année idyllique à la tête du club…
Je suis un féru de travail, c’est mon essence. La qualité de mon staff est également fondamentale. Ensuite, je m’appuie sur un discours clair et sincère pour développer une identité de jeu qui parle aux joueurs. Quand tu arrives à convaincre ton groupe de suivre ta philosophie, c’est à ce moment-là que tu peux commencer à envisager d’obtenir des résultats. Mais sans parler de victoire ou défaite, ce qui me motive c’est de créer une dynamique à partir d’un groupe de trente joueurs de caractères et d’âges différents. Ce métier me passionne, c’est une vocation.
Votre discours rappelle fortement celui de Marcelo Bielsa…
Il fait partie des entraîneurs qui ont attisé cet amour du jeu en moi. J’ai connu de nombreux entraîneurs au fil de ma carrière, mais Bielsa a su mieux que quiconque me faire parvenir son message. Il a marqué tous les joueurs qu’il a dirigés.
Marcelo Bielsa est une source d'inspiration pour Gallardo. (L'Equipe)
Que lui avez-vous « piqué »?
Je dirais la curiosité de voir au-delà du jeu, d’essayer de comprendre ce qui gravite autour. Dans ce sport, certains ont plus de volonté que de talent et Bielsa tire profit de chaque élément. Il sait réveiller l’intérêt pour l’entraînement chez ses joueurs, en faire un outil destiné à reproduire une idée sur le terrain de jeu, en compétition.
«La plupart des équipes françaises jouaient de la même façon»
Que vous ont apportées vos saisons passées à Monaco (1999-2003) et au PSG (2007-2008)?
Mon expérience en France a été très enrichissante, j’y ai beaucoup appris, notamment en terme d’organisation. Les entraîneurs français sont très bien préparés. Mais ça ne fait pas tout, il faut savoir s’adapter aux joueurs, car c’est la matière première dont tu disposes. La variété de profils qui évoluent dans le Championnat de France complique la donne. Lors de mon passage à Paris, on travaillait de la même manière que lorsque j’ai commencé à Monaco et la plupart des équipes jouaient de la même façon. C’est pour ça que j’apprécie que Bielsa entraîne Marseille et apporte une touche nouvelle qui suscite l’intérêt du public français.
Aimeriez-vous entraîner vous aussi un club français?
Je ne ferme aucune porte, mais aujourd’hui, je suis en pleine progression en tant qu’entraîneur, heureux d’exercer cette profession et d’être là où je veux être. On verra dans le futur quelles seront les options qui me permettront d’évoluer tant personnellement que professionnellement.
Gallardo et ses joueurs lors de la victoire en Sudamericana. (L'Equipe)
Avez-vous déjà été sondé par les dirigeants du Paris Saint-Germain ou de Monaco?
Non. Je reste très attaché à mon pays et à River Plate, où je me sens valorisé. Je me concentre là-dessus pour le moment.
Comment avez-vous vécu la défaite de l’Argentine en finale de la Copa America (0-0, 4-1 aux t.a.b.)?
Je trouve le résultat triste et dur pour cette excellente génération de joueurs, qui mérite de remporter un titre. Cela fait trop longtemps que l’Argentine, qui était la grande favorite de ce tournoi, ne gagne rien. Après la finale de l’an dernier, on est reparti une fois de plus les mains vides.
Entraîner la sélection est-il l’un de vos rêves?
Oui, mais ce n’est pas une aspiration à court terme…»