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#OM : La recette du succès ?
Alors que la nomination de Bielsa sera effective dans quelques heures, état des lieux de ce que son arrivée va changer dans la philosophie et le fonctionnement du club. En positif comme négatif.
Par sa philosophie du jeu qui prône l’attaque, inspirée du grand Ajax et ses déclinaisons offensives, il a inventé le 3-1-3-3, l’Argentin a été pris pour modèle par de grands noms. À ses débuts, Pep Guardiola qui en est fan s’est rendu à Rosario pour apprendre de Bielsa qu’il définit comme « le meilleur entraîneur de la planète. Bielsa m’a beaucoup appris. Je l’admire énormément. Il peut diriger n’importe quelle équipe au monde et je suis sûr qu’il la rendrait meilleure ». Tata Martino a été à bonne école avec lui aux Newell’s Old Boys, Diego Simeone le prend comme exemple, et techniquement, Lucho Gonzalez a beaucoup appris à ses côtés.
L’OM en version camp militaire, adieu dilettante
Prêt à vivre ses journées 100% foot, il en attend de même sur le terrain de ses joueurs qui vont apprendre ce que veut dire mouiller le maillot. De quoi séduire les supporters qu’il respecte au plus haut point. Moins les journalistes, il préfère réserver les causeries à ses joueurs et refuse toute interview individuelle. Mais lors des conférences, il peut-être insatiable quand il s’agit de parler tactique, technique et foot avec passion.
C’est son côté psychorigide qui fait peur. Il est directif. Son perfectionnisme poussé à l’extrême risque de donner des courbatures aux Olympiens qui devront assimiler sa méthode, ses séances qui s’éternisent pour répéter à l’infini les gestes jusqu’à leur parfaite exécution. C’est ainsi qu’il a gagné le championnat d’Argentine 98 avec 60 % des buts inscrits sur coups francs. Extrait : « C’est comme ça qu’on met des buts sur coups de pied arrêtés, dit-il. Sur les 220, cinq seulement vont arriver à destination, mais j’oblige le joueur à tous aller les prendre. Une opportunité, c’est un but. Si le type ne va pas sur l’un des 220 centres que je lui fais, je le tue. Parce que ce ballon qu’il n’est pas allé chercher nous a enlevé notre argent, notre victoire, notre gloire et notre vie. » Oups.
Bielsa a une vision centralisée du pouvoir. Du recrutement, à l’organigramme, au terrain, au matériel, aux déplacements, à la pelouse au centre de formation... il veut tout contrôler. Lors des mises au vert, le confort ne sera plus Le critère. On peut même imaginer qu’il demande que ces veillées d’armes se fassent à la Commanderie. Finis les parties de cartes, les smartphones, les joueurs seront placés dans une bulle, sans contact avec le monde extérieur, en mode commando avec pour seul objectif se concentrer sur le match. C’est ce qu’il a fait avec les Newell’s Old Boys, retranchés dans une base militaire dotée d’un seul téléphone. « Ma femme est enceinte et il y a des complications. Je lui ai dit d’appeler ses parents au cas où il y aurait un problème. Vous ne pourrez utiliser le téléphone que si vous en avez besoin pour une situation plus extrême que celle-là » avait-il exigé à l’époque de ses joueurs. Une méthode qui a conduit plusieurs fois son équipe au titre, puis l’Argentine à la médaille d’or aux JO de 2004. Pas sûr que ce climat "militaro-sportif" ne plaise à la classe biberon de l’OM, même si Bielsa entend s’appuyer sur Thauvin, Mendy, Imbula, Lémina et vite les mettre au diapason. Enfin, la hiérarchie est pour lui aléatoire, c’est pour cela qu’il requiert les pleins pouvoirs. D’où la question légitime de l’avenir de José Anigo.
Ce caractère bien trempé lui a souvent valu des fins de règne houleuses en sélections ou en clubs, choisissant de claquer la porte plutôt que d’abandonner ses prérogatives. Souhaitons que tous ces ingrédients s’accordent à l’OM et que la mayonnaise prenne.