gaby a écrit:Le stakhanovisme effréné prôné par Bielsa rappelle étrangement les méthodes utilisées par certains coachs de Basket dans les grands clubs d'Europe de l'Est. On peut y voir par exemple dans un Intérieur Sport consacré au Partizan Belgrade un joueur restant après l'entraînement, sur injonction de son entraîneur, et devant réaliser 1000 tirs à 3 points ou un autre devant réussir 10 tirs primés consécutifs. Des séances pouvant durer jusqu'à 4h avec des joueurs finissant au bord de l'évanouissement et du vomi.
Il en était de même à l'époque du CSP et j'invite ceux qui auraient du temps à tuer à regarder le reportage de l'Equipe 21 sur les 20 ans du titre de champion d'Europe paru l'an dernier. Vous y verrez la nécessité d'avoir un entraîneur de ce style et une philosophie qui se résume à: travail, travail, et encore travail.
Tous les joueurs du CSP sont unanimes sur le sujet: jamais ils n'auraient pu décrocher la timbale sans cet entraîneur.
Et pourtant, les entraînements étaient de véritables supplices, certains en étaient même malades à l'idée d'aller s'entraîner, d'autres craquaient totalement au point de tomber en pleine séance mais cette méthode avait formé un groupe au mental d'acier, infaillible, inébranlable et extrêmement soudé par la difficulté.
Il y a comme autre exemple la Juve de la fin des années 90 qui faisait endurer à ses joueurs une préparation physique hors du commun dont Zidane se souvient encore.
Bref, tout ça pour dire, que le travail prévaut sur le talent brut et que ce n'est pas moi qui vais reprocher à un entraîneur de pousser ses joueurs à bout. D'autant plus que ça serait un juste retour des choses pour certains de nos CGTiste satisfaits de se branler la nouille depuis des années. Une sanction des plus légitimes, ni plus ni moins. Et s'ils ne sont pas contents, qu'ils aillent palper leurs gros salaires ailleurs, on ne leur en voudra pas !
Tu cites des exemples intéressants : l'Europe de l'Est et la Juve, deux endroits où la préparation physique intense s'accompagnait d'une "pharmacopée" bien dosée.
Perso, qu'on passe d'un encadrement comme celui que l'on a à un staff hyper pro, ça ne peut que me réjouir. On a vu avec Deschamps qu'il n'y a que comme ça que ça peut porter ses fruits. Et puis, si ça permet aux mecs qui arrivent au club de se dire qu'ils vont VRAIMENT travailler et non pas se croire arrivés parce qu'ils sont dans un grand club, avec le soleil et le pognon, on ne va pas se plaindre non plus.
Ce qu'il faut prendre en compte, par contre, c'est que :
1) il y a des limites physiologiques à ne pas dépasser. Les mecs ont beau être grassement payés pour transpirer, ce n'est pas forcément en étant assommés de travail qu'ils seront meilleurs le week-end. Ravanelli, par exemple, a essayé d'importer cette culture de la préparation foncière à l'italienne à Ajaccio et ça n'a pas collé pour autant : la plupart des mecs avouaient être cramés en match.
Je pense qu'il faut accepter qu'il n'y a rien de moins prévisible que la forme physique.
2) Il y a aussi des limites psychologiques à respecter. Le foot, c'est un sport co, Il y a donc une dynamique de groupe à chercher et des motivations individuelles à cultiver.
Considérer qu'un joueur n'est qu'un joueur et qu'il ne fait partie que d'un groupe qui n'est là que pour obéir, je ne suis vraiment pas sûr que ça contribue à l'épanouissement personnel et collectif.
Et en foot, on voit très fréquemment que quand la tête flanche, le reste ne suit plus du tout. Remember les derniers matches de Rémy chez nous et la différence après son exil en Premier League.
Ce n'est pas pour jouer les pisse-froids que je dis ça. Je suis même enthousiaste à l'idée de la venue de Bielsa. Ne serait-ce que pour le choc culturel qu'il peut apporter près des années d'Anigo. Mais j'espère que dans l'enthousiasme, on en vienne à célébrer du dogmatisme quand on a juste besoin de rigueur professionnelle. Sinon, ça pètera forcément un jour ou l'autre.