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Avec Bielsa, l'OM s'attend à de la sueur, des larmes et du vomi
Obsédé par la discipline et la tactique, celui qui est pressenti pour entraîner l'Olympique de Marseille pourrait bousculer les habitudes d'un club qui plonge depuis des mois dans la léthargie.
Marcelo Bielsa, alors entraîneur de l'Athletic Bilbao, crie sur ses joueurs lors d'un match contre Barcelone, le 1er décembre 2012 au Camp Nou.
Marcelo Bielsa sera-t-il le prochain entraîneur de l'Olympique de Marseille ? Le prestigieux technicien argentin, qui a observé le match de l'OM vendredi dans les tribunes du stade de la Mosson à Montpellier (Hérault), dispose d'une offre de contrat ferme de la part du club. Il doit donner sa réponse d'ici la fin de la semaine, indique L'Equipe lundi 14 avril. D'ici là, les supporters vont devoir retenir leur souffle.
Après une saison soporifique (six défaites en autant de matchs en Ligue des champions, terne sixième place en Ligue 1), la venue de l'ancien entraîneur de l'Argentine et de l'Athletic Bilbao pourrait donner un sérieux coup de fouet à l'OM. Voici pourquoi.
Il ferait vomir les joueurs qui se croient au "Club Med"
Si Marcelo Bielsa a gagné au cours de sa carrière de coach le surnom explicite d'"El Loco" (le fou), il le doit en partie à l'organisation de ses séances d'entraînement. "Elles sont très dures", explique à 20 Minutes le défenseur français de Bilbao, Aymeric Laporte, qui l'a côtoyé entre 2011 et 2013. "Il peut te faire refaire un exercice 100 fois s'il n'est pas satisfait. À chaque entraînement, il y avait des ordinateurs pour nous montrer ce qu’il fallait faire." Cité par Le Parisien (article payant), un ancien attaquant argentin passé par la Ligue 1 indique même que les joueurs de Bielsa "finissent parfois l'entraînement en vomissant".
Ce boulimique de foot à l'allure de prof de sport approchant de la retraite assume sans ciller cette méthode quasi-militaire. "A l'entraînement, on va faire 220 centres sur un joueur. (...) Sur les 220, cinq seulement vont arriver à destination, mais j'oblige le joueur à tous aller les prendre. Si le type ne va pas sur l'un des 220 centres que je lui fais, je le tue", expliquait-il au début de sa carrière d'entraîneur, selon des propos relayés par SoFoot.com. "Je dois lui faire sentir que c'est comme s'il avait violé une femme. Parce que ce ballon qu'il n’est pas allé chercher nous a enlevé notre argent, notre victoire, notre gloire et notre vie."
Reste à savoir si Bielsa arriverait à imposer sa méthode dans un club où le manque d'implication des joueurs est souvent montré du doigt. Un futur entraîneur belge, venu fin mars observer le fonctionnement de l'OM dans le cadre de sa formation, s'est ainsi déclaré "très surpris par les problèmes de mentalité et de discipline" qui concernent l'effectif. "C'est un peu le Club Med", ajoute-t-il sur le site officiel du RAEC Mons (première division belge). "Sur place, une personne m'a confié que c'était comme ça : les joueurs viennent chercher leur argent, ils s'entraînent un peu, repartent au volant de leur grosse voiture et vont ensuite prendre le soleil à Cassis. Incroyable." Le choc des cultures promet d'être rude.
Pour lui, la meilleure défense, c'est l'attaque
Côté terrain, Marcelo Bielsa prône un football offensif, basé sur la possession de balle et les passes courtes plutôt que sur les contre-attaques et les longs ballons envoyés vers les attaquants. "El Loco" exige de ses joueurs qu'ils proposent en permanence trois solutions à leur coéquipier qui a la balle aux pieds, note ainsi le blog Lucarne Opposée, qui dissèque le système de jeu chéri par l'Argentin.
Pas question pour lui de regrouper tous ses joueurs en défense lorsque son équipe est en difficulté. Sa philosophie consiste à récupérer la maîtrise du jeu le plus haut possible dans le camp adverse en harcelant le porteur du ballon. Une méthode qui ne lui assure pas le succès, mais qui lui vaut d'être admiré par ses pairs : après le Mondial 2002, pendant lequel l'Argentine de Bielsa se fait éliminer dès le premier tour, l'entraîneur des champions brésiliens confie avoir copié la tactique d'"El Loco", rapporte le quotidien argentin Olé (en espagnol). Lorsqu'il occupait le banc du FC Barcelone, Pep Guardiola a même jugé que l'Argentin était "le meilleur entraîneur de la planète".
Autant dire qu'un tel projet de jeu fait rêver les supporters marseillais, qui ont cette saison rarement autant donné de la voix que lorsqu'il s'agissait d'ordonner à leur équipe de "mouiller le maillot".
Les psychodrames sont garantis
Au cours de sa carrière d'entraîneur, entamée il y a près d'un quart de siècle, Marcelo Bielsa s'est autant illustré par son intransigeance envers ses joueurs que par ses nombreux coups de gueule. Les plus récents sont les plus marquants : lorsque le chantier du centre d'entraînement de l'Athletic Bilbao prend du retard, à l'été 2012, il n'hésite pas à dénoncer devant la presse espagnole "une escroquerie, un vol et une tromperie" de la part du responsable des travaux. "Je ne respecte pas ce monsieur, parce qu'il a fait du mauvais travail, et qu'il le sait. (...) Il a laissé dire que je l'avais frappé. Mais il n'a pas déposé plainte..."
"El Loco" n'hésite pas non plus à écarter les joueurs qui lui posent problème, fussent-ils des stars du vestiaire. Pendant la saison 2012-2013, il n'a ainsi pas hésité à reléguer sur le banc des remplaçants Fernando Llorente, l'attaquant vedette de l'Athletic Bilbao. Une manière de lui faire payer son refus de prolonger son contrat pour pouvoir partir gratuitement dans l'équipe de son choix au mercato. Bielsa "suit son propre chemin et celui qui ne le suit pas reste à côté", raconte à La Provence un journaliste espagnol qui le suivait à l'Athletic. "La pression qu'il met peut s'avérer fabuleuse quand elle est acceptée par les joueurs". Ceux de l'OM savent à quoi s'en tenir.