Rentré en Argentine, Marcelo Bielsa doit donner sa réponse au président de l'OM. Le suspense va finalement durer jusqu'en fin de semaine
Aujourd'hui, José Anigo fête ses 53 ans. Le 15 avril. Un jour que Vincent Labrune a avancé, il y a quelques semaines, pour fixer la date butoir de l'annonce du futur entraîneur. Mais si le président de l'OM a communiqué sur ce délai (sans aucun lien, bien sûr, avec l'anniversaire de l'ancien Minot), c'était surtout une manière habile d'évacuer la question, face à l'insistance des médias, et un moyen évident de se donner du temps en attendant la réponse - positive ou négative - de Marcelo Bielsa.
Tant que l'Argentin n'aura pas apposé sa signature au bas du contrat, l'OM n'officialisera pas. Avec sa dégaine de professeur de collège en roue libre, qui ne correspond en rien à son caractère extrêmement pointilleux, l'ex-coach de l'Athletic Bilbao est un être à part dans l'univers du football.
Un obstiné, intransigeant, capable de ne dormir qu'une demi-heure par nuit pendant des semaines, histoire de décortiquer le jeu de son équipe et de préparer avec minutie ses séances, comme de claquer la porte du jour au lendemain si quelque chose ne lui convient pas au sein du club, et ne plus mettre le nez dehors durant plusieurs mois.
"Il a tout examiné, dans les moindres détails"
L'affaire est complexe, et ne se résume pas à une question de gros sous, puisque Vincent Labrune et le technicien argentin seraient déjà tombés d'accord sur le sujet depuis plusieurs jours. Alors, quel est le souci ? "Il a tout examiné, dans les moindres détails. Désormais, il connaît mieux l'OM que bon nombre de salariés", explique-t-on de source proche du dossier.
Le noeud du problème se situerait plutôt dans la situation familiale de l'ancien sélectionneur de l'Albiceleste, qui doit d'abord consulter son entourage, très important pour lui, avant de se laisser tenter par une aventure dans un pays qu'il connaît peu et dont il ne maîtrise pas la langue. Pour le reste, le Sud-Américain a son plan en tête.
S'il s'engage, il contrôlera le domaine sportif de A à Z,en ayant même un regard permanent sur la politique menée au centre de formation et sur le recrutement des jeunes. "El Loco" ("Le Fou") deviendra"El Jefe" ("Le Chef"). Et comme il n'est pas du genre à se laisser dicter quoi que ce soit, son arrivée sera synonyme de révolution dans la maison blanche.
Etudier "une bonne proposition"
Au terme de celle-ci, "Bielsa le Fada" aura les pleins pouvoirs. Ceux qui n'adhéreront pas (joueurs et staff compris) seront écartés et poussés vers la sortie. Voilà le décor planté, sachant que s'il refusait finalement l'offre, son remplaçant (VLB a, depuis le début, un troisième nom en tête - Laudrup, Allegri ou Quique Flores ? - après l'échec de la piste Villas-Boas) bénéficierait d'une marge de manoeuvre similaire.
La semaine dernière, l'Argentin a confié à l'un de ses amis, Harold Mayne-Nicholls, ancien président de la Fédération chilienne, qu'il était en France afin d'étudier "une bonne proposition". Il a mené son audit sans faire de bruit, aidé par son fidèle bras droit, Diego Reyes, et Manuel Amoros, missionné par l'état-major olympien pour l'accueillir et le guider dans sa prospection.
Vincent Labrune, lui, a passé de longues heures à ses côtés, entre le centre RLD et un hôtel de standing de la cité phocéenne. S'il n'est pas bilingue, comme peut l'être l'ancien latéral droit champion d'Europe, l'homme de confiance de Margarita Louis-Dreyfus a en revanche des notions en espagnol. Il saisira tout de suite la réponse de Bielsa lorsque celle-ci viendra.
"El Loco", lui, réfléchit toujours
Le futur de l'OM est donc actuellement suspendu à un coup de fil, qui ne pourrait intervenir qu'en fin de semaine, voire plus tard. Entre les deux parties, un modus operandi a en effet été établi depuis le début, bien avant que la légende des Newell's Old Boys débarque dans l'Hexagone. À l'issue de son séjour, chaque camp devait se laisser une semaine de réflexion. Côté olympien, la messe est dite : le tapis rouge sera déroulé à l'Argentin, déjà considéré par beaucoup de supporters comme LE sauveur (ce qui est un tantinet exagéré...).
"El Loco", lui, réfléchit toujours. Il a passé du temps en toute discrétion à La Commanderie, d'où il serait ressorti bluffé, d'après les rares personnes qui ont pu en discuter avec lui. Il a aussi beaucoup circulé dans la région (entre les Bouches-du-Rhône et le Var notamment), et a apprécié le coin. Suffisant pour dire oui ? Pas sûr. Car Bielsa se remet constamment en cause.
Selon son ami Mayne-Nicholls, les trois mots qui le caractérisent le mieux sont "professionnalisme, engagement et passion". "Il actualise constamment ses idées et son travail, détaille le Chilien. Il ne laisse rien au hasard."
Préparer son plan de bataille
En sera-t-il de même concernant le timing de sa réponse ? Sans doute. Le club marseillais est toujours dans les délais fixés au début de l'hiver concernant l'arrivée du futur entraîneur.
Si le dénouement intervient avant OM-Lille, dimanche soir (21 h), l'échéance sera respectée et Bielsa aura tout le temps de préparer son plan de bataille. Si le dossier est encore en branle la semaine prochaine, il risque en revanche de se compliquer très sérieusement...
http://www.laprovence.com/article/om/28 ... ielsa.html