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BIELSA À L'HEURE DU CHOIX
Priorité du club marseillais, l'entraîneur argentin étudie la proposition de l'OM. Avant de se décider, l'ex-technicien de l'Athletic Bilbao, fidèle à sa réputation, ne laisse rien au hasard.
Non, Marcelo Bielsa n'est pas fou. Pas assez en tout cas pour prendre la moindre décision à la légère. L'entraîneur argentin, qui dispose d'une offre pour prendre en main l'Olympique de Marseille, est en phase de réflexion. Et fidèle à sa méthode, il récolte un maximum d'informations sur ce club qui le courtise ardemment. Bielsa ne cèdera pas sur un coup de coeur. Ces derniers mois, il a étudié en profondeur de nombreuses propositions (au Mexique, au Paraguay, en Arabie Saoudite...) sans jamais donné suite. L'OM va-t-il emporter le morceau ?
Son fidèle adjoint est francophile
La semaine dernière, Marcelo Bielsa a atterri en France. Le technicien a assisté à plusieurs matchs à Paris, Lyon, Monaco (qu'il a rallié dans une voiture mise à disposition par l'OM) et bien sûr à Marseille où il assisté au succès contre Ajaccio aux côtés de Manuel Amoros pressenti pour devenir son adjoint. Samedi, il a visité tous les recoins le centre d'entraînement Robert-Louis-Dreyfus. Dimanche, il aurait même découvert un golf de la région... Depuis quelques jours, son fidèle adjoint, Diego Reyes, installé dans un hôtel luxueux de la cité phocéenne, s'est mis au boulot. Sa mission : établir un rapport détaillé pour celui qu'il appelle "El Profe" (le prof'). Diego Reyes travaille à ses côtés depuis 2009 lorsqu'il intégra le staff de la sélection chilienne. A l'époque, Reyes postulait pour une bourse afin d'intégrer la direction technique nationale... à Clairefontaine ! Admirateur de la formation à la française, Reyes (33 ans) a renoncé au dernier moment quand Bielsa lui a offert l'occasion de venir renforcer son équipe au sein de laquelle l'ex-Olympien Eduardo Berizzo était adjoint. Professeur d'éducation physique de formation, Reyes a d'abord réalisé des montages vidéos avant de prendre du poids dans le staff. Preuve de son importance, c'est le seul qui a suivi Bielsa à l'Athletic Bilbao en 2011. S'il est à Marseille ce n'est pas pour prendre le soleil en terrasse.
Tout l'OM est passé au peigne fin
Diego Reyes passe au peigne fin l'effectif de l'OM. Chaque match et chaque joueur est décortiqué. Cet audit servira à planifier la préparation d'avant-saison si Marcelo Bielsa accepte de diriger l'OM. Le duo avait déjà réalisé ce travail il y a trois ans avant de débarquer au Pays Basque.
Alors que Bielsa n'était qu'une promesse électorale du futur président de l'Athletic Josu Urrutia, Reyes et lui avaient réalisé un travail colossal. Ils avaient visionné deux fois chaque match de la saison précédente y compris les amicaux. Schémas, remplacements, positionnements de la formation basque et de l'adversaire, caractéristiques de chaque joueur avec montage vidéo individualisé de deux heures, tout était compilé sur ordinateur. Les éléments prêtés et les jeunes prometteurs du centre n'échappent pas au microscope. Avant de se lancer, Bielsa avait aussi étudié l'histoire du club, ses anciens joueurs, ses présidents, ses supporters. Ce travail méticuleux est en cours pour l'OM. Les installations de la commanderie l'ont séduit car Bielsa apprécie de garder ses joueurs sur place quand il programme deux séances quotidiennes. Idem pour... sa chambre où il devrait loger très souvent !
L'ex-Olympien Berrizzo consulté ?
En 2007, lorsque le président de la fédération chilienne avait obtenu un rendez-vous pour lui offrir le poste de sélectionneur, Marcelo Bielsa l'avait reçu chez lui en Argentine. Quelle ne fut la stupeur du patron chilien lorsqu'il découvrit l'ordinateur du technicien avec toutes les fiches de joueurs sélectionnables pour "la Roja". Même les éléments jamais appelés en A ou apparus dans les sélections de jeunes faisaient l'objet d'une enquête approfondie. Bielsa avait exigé de visiter le centre technique national. Avant d'accepter, il avait réclamé des modifications.
Depuis plusieurs jours, Marcelo Bielsa étudie la proposition olympienne dans ses moindres aspects du rectangle vert (la tonte de la pelouse est primordiale à ses yeux) au bâtiment administratif en passant par le secteur sportif et son organisation. Au-delà de l'aspect financier qui entre en ligne de compte (il percevait 2,5 millions d'euros bruts annuels à Bilbao) sera-t-il séduit par le challenge marseillais ? A 58 ans, Bielsa, qui a perdu son père Rafael (90 ans) il y a un mois, va consulter son épouse, Laura Braccalenti, une grande architecte, et ses deux filles Ines (24 ans) et Mercedes (22 ans). Bosser pour la première fois de sa carrière dans un pays dont il ne parle pas encore la langue n'est pas un choix anodin. On imagine que Bielsa passera un coup de fil (si ce n'est pas déjà fait) à Eduardo Berizzo. Après l'avoir formé puis lancé en première division à Newell's Old Boys, Bielsa avait fait de l'ex-défenseur central son adjoint au Chili. Passé par l'OM en 1999-2000, Berizzo sera de bon conseil même s'il ne garde pas un grand souvenir de son passage sur la Canebière.
Pas la carte bleue mais carte blanche
Pourquoi l'OM ferait basculer Bielsa ? "El Loco" aime les défis. Il avait accepté la sélection chilienne qui était en pleine déconfiture pour la porter en trois saisons jusqu'au huitième de finale de la coupe du monde en Afrique du sud. Alors qu'il avait une offre de l'Inter Milan, il a préféré Bilbao car la promotion des jeunes était au centre du projet. Comme à l'OM. Autre point commun avec l'entité basque, Labrune ne lui promet pas des millions pour recruter. Ça tombe bien, Bielsa ne réclamera pas des renforts intouchables. Pour lui, l'adhésion de toute l'institution à son idée de jeu passe avant tout. C'est justement ce que lui offre Labrune. Le président ne donne pas la carte bleue mais carte blanche à Bielsa. Outre Reyes et Amoros, deux ou trois autres adjoints devraient le suivre pour composer un staff élargi capable de prendre en charge chaque ligne.
En revanche, le discours de VL comptera. Avant de suivre Josu Urrutia dans son aventure, Bielsa avait passé des heures (parfois tard dans la nuit) au téléphone à parler de football lui demandant son avis sur tel ou tel joueur. Labrune n'a pas disputé 300 matchs en pro comme Urrutia, ancien milieu de terrain, mais il saura répondre si Bielsa lui demande si Rod Fanni est latéral ou défenseur central comme il le fit avec son futur boss basque pour le jeune Jon Aurtenetxe...
Avec tous ces éléments en sa possession, que décidera Marcelo Bielsa ? Devenir le premier entraîneur à se poser sur le banc du nouveau stade vélodrome ou tourner le dos à l'OM qui salive déjà à l'idée d'en faire une idole ? Bielsa, qui n'a pas répondu à l'invitation de la fédération marocaine, devait reprende l'avion hier soir direction l'Amérique du sud après son séjour exclusivement consacrée à l'OM. Conformément au désir de Labrune, il livrera son verdict cette semaine.