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Un langage commun
Lorsque l'OM et le PSG parlaient le même langage, les rencontres entre les deux clubs avaient quelque chose de spécial. Le même langage pourquoi ? Parce qu'ils jouaient tout d'abord avec les mêmes hommes. On ne compte plus en effet les joueurs ayant emprunté la passerelle reliant les deux clubs : Frédéric Déhu, Peter Luccin, Stéphane Dalmat, Jérôme Leroy, Lorik Cana, Zoumana Camara, Modeste M'Bami, Edouard Cissé, Andre Luiz, Peguy Luyindula, Florian Maurice et plus tôt Daniel Bravo, Georges Weah, Kaba Diawara... Une liste sous forme d'ode au championnat français des années 90 et 2000 qui donnait du sel à la plus belle rivalité de ces deux décennies pour une rencontre cinématographique où les sentiments en tout genre se mêlaient : amour, haine et rancœur.Le même langage aussi parce que ces deux clubs se ressemblaient finalement beaucoup derrière le triptyque instabilité/passion/rêve. Instabilité parce que les deux clubs démarraient très souvent des nouveaux cycles. Pour le meilleur, pour le pire et surtout pour ne jamais les terminer. Avec quelques statistiques éloquentes : en 13 ans, l'OM a connu 16 coachs. Sur la même période, le PSG en a connu 7. Passion ensuite parce que les rencontres entre les deux clubs étaient avant tout des beaux moments de fait-divers en tout genre, en dehors et sur le terrain. Rêve enfin puisque empêtrés dans leurs marasmes respectifs, les deux clubs pouvaient être sujets aux projections et aux fantasmes les plus fous. Les mercatos estivaux en étaient d'ailleurs les plus beaux exemples. Deux clubs qui existaient donc à l'ombre du très rationnel Olympique Lyonnais tout en étant son inverse : excessifs, poussifs, irréguliers au possible. Quand les saisons moyennes s'enchaînaient, il ne restait plus qu'un match et une rivalité pour les sauver. Normal après tout, cette rivalité, ils l'avaient construit eux-mêmes.
L'histoire a changé
Le 28 février dernier, c'est avec Ariel Wizman derrière les platines du Parc des Princes et David Beckham au poste de milieu défensif que le PSG recevait l'OM. Deux images évocatrices bien éloignées des ancestrales ambiances électriques lors desquelles les joueurs se connaissaient tous par cœur et avaient peur. La peur, le fil rouge des PSG-OM du passé, a donc été remplacée par les attributs d'un match plus banal. Julien, ancien fidèle du virage Auteuil, aujourd'hui encore abonné confirme cette tendance lourde : « On savait que la rivalité PSG-OM était une rivalité construite par Canal et Tapie mais elle faisait vraiment sens. Avec le plan Leproux et l'arrivée des Qataris, le PSG a changé et l'électricité des matchs a progressivement disparu. Le "Paris contre Marseille" a beau avoir été tourné en "fric contre valeur", c'est plus pareil. Et quand tu vois les mecs se faire la bise dans le couloir... ». Une façon de dire que les joueurs ne vivent plus le match de la même manière. Normal, ils ne sont plus les mêmes et ne parlent donc plus ce langage commun : « Des mecs comme Zlatan ou Thiago Silva n'ont pas le même rapport à l'Olympique de Marseille que les joueurs des générations précédentes. L'OM est d'ailleurs un club qui ne veut finalement pas dire grand chose pour eux. Et on se rend bien compte qu'ils ne s'impliquent pas de la même manière, - consciemment ou inconsciemment - lorsqu'ils jouent la Ligue des Champions ou des matchs de championnat... », ajoute Julien, avant de se reprendre : « Quoique l'an passé, Zlatan a été énorme, les très grands joueurs, si tu leur expliques le contexte, ils répondent présents ». Et les supporters ? « De moins en moins de supporters du PSG font le déplacement au Vélodrome, et j'observe le même phénomène à Marseille où l'engouement diminue. Aussi parce que les deux sont liés et s'enrichissent l'un et l'autre », précise-t-il. Au moment de se pencher sur le calendrier de la saison à venir, plutôt que de cocher les deux week-ends du "clasico" français, c'est désormais vers les dates de Ligue des Champions que dirigeants et supporters du PSG se tournent en premier. L'ex feuilleton préféré de la Ligue 1 et ses problématiques hexagonales a perdu une partie de son emprise sur le PSG. Car l'ambition du PSG est désormais planétaire.