Il cultive son mystère
Installé à Monaco, l'oligarque russe a le dernier mot dans les décisions qui concernent le club. Mais il se fait discret sur le Rocher et contrôle sa communication.
Il est aujourd'hui l'un des hommes les + jalousés du foot français. La fortune de l'homme d'affaires russe Dimitri Rybolovlev (la 119e mondiale, selon le magazine américain Forbes, où il apparaissait au 79e rang en 2010) et les avantages fiscaux dont bénéficie l'AS Monaco, promue après 2 saisons en L2, crispent les dirigeants de L1 et lui ont permis d'attirer l'un des attaquants les + talentueux du moment, le Colombien Radamel Falcao. En décembre 2011, quand il avait acheté 66,7 % des parts de l'ASM pour un euro via une société, Monaco Sport Invest, le club était dernier de L2. Aujourd'hui, il fait figure de concurrent numéro 1 du PSG qatarien pour le prochain titre de champion de France.
Son président, âgé de 46 ans - comme Roman Abramovitch - reste, lui, un homme mystérieux. S'il refuse les contacts directs avec les médias et tient à contrôler sa communication, l'homme, né à Perm, au pied de l'Oural, reste également très discret en Principauté, où il habite dans une résidence de 1 600 mètres carrés. Introduit auprès du prince Albert par le Belge Willy De Bruyn, administrateur de la Société des bains de mer, il entretient de bons rapports avec le souverain. Souvent en voyage d'affaires, il manque pourtant rarement un match au stade Louis-II. Au club, il s'est entouré de nombreux collaborateurs mais il veille à toujours avoir le dernier mot, notamment sur les transferts. Ceux qui le côtoient le décrivent comme exigeant, tout en assurant qu'il préfère l'échange à l'autoritarisme.
Son hobby : le surf à Hawaii
Dans le milieu du foot, Rybolovlev a fait la connaissance de Michel Platini, le président de l'UEFA, et celle de Jean-Michel Aulas, le patron de l'OL. Et il n'est pas prêt d'oublier son entrevue avec Noël Le Graët. Le 3 mai, le président de la FFF s'est rendu à Monaco, dans le cadre de la négociation sur les avantages fiscaux dont bénéficie l'ASM, et lui a proposé de verser 200 M€ sur 5 ou 6 ans, en échange du maintien du siège social de son club en Principauté. Le dirigeant russe a rapidement quitté la réunion et claqué la porte.
Plusieurs zones d'ombre entourent la vie de l'oligarque russe, diplômé en cardiologie, qui doit sa fortune aux engrais minéraux. Dans un pays passé à l'économie de marché au début des années 1990, il a monté diverses sociétés avant de développer Ouralkali, puissant groupe de production de potasse. En 1996, il fut soupçonné du meutre du directeur général d'une entreprise dont il détenait 40 % des parts. Emprisonné pendant plusieurs mois, il fut blanchi en 1998, son accusateur s'étant rétracté. En 2010, quelques années après l'effondrement d'une mine, il cédait ses parts dans Ouralkali et voyait sa fortune s'envoler.
Aujourd'hui, il vit donc loin de la Russie, aime surfer à Hawaii, possède des parts dans la Banque de Chypre, de nombreux biens immobiliers aux Etats-Unis et en Europe, mais aussi un yacht et deux avions. Engagé dans une coûteuse procédure de divorce avec son épouse Elena, dont il a eu 2 filles, Ekaterina (24 ans) et Anna (12 ans), Rybolovlev, d'ordinaire si discet, ne refuse pas d'évoquer le sujet publiquement. "J'ai tout fait pour assurer le futur de nos deux filles et je ne fais que défendre leurs intérêts, nous a-t-il assuré. J'ai toute confiance en la justice. Mais je ne serais pas surpris si quelques informations apparaissaient dans la presse. Aucun chantage n'est acceptable pour moi."
- J.Ri.