18 Avr 2013, 13:01
A l'unisson du "peuple jaune", Florian Le Teuff célèbre cette année le soixante-dixième anniversaire du FC Nantes. Mais ce fervent supporter n'a guère envie de sourire en dépit du retour probable, l'été prochain, des Canaris parmi l'élite. Las de la dégringolade sportive inhérente au règne du président Waldemar Kita, cet avenant professeur de français a créé, en mai 2010, l'association A la nantaise (ALN), structure censée promouvoir les valeurs qui ont sous-tendu le glorieux passé de la formation de Loire-Atlantique. Ces notions de "collectif", "d'intelligence", de "formation" et "d'éducation" sont recensées dans la charte dite Arribas, du nom du mythique entraîneur (1960-1976) et inventeur du fameux "jeu à la nantaise".
Comptant 2000 adhérents à ce jour, ALN prône l'actionnariat populaire et a initié une levée de fonds afin "d'accueillir le futur repreneur du club lorsque le jour viendra", selon Florian Le Teuff. Baptisé "Yes, we Canaris !", ce projet a été présenté aux médias, mercredi, lors d'une conférence de presse organisée à La Maison de la Bretagne, le bâtiment situé à une centaine de mètres de la Tour Montparnasse.
En invitant ses adhérents et les "amoureux du FC Nantes" à verser une cotisation de 100 euros, le jeune président d'ALN entend constituer un "trésor de guerre afin d'obtenir un ou deux sièges au futur conseil d'administration du club et ainsi participer aux décisions." "On veut participer au tour de table et avoir le droit à la parole, explique le trentenaire. Nous ne serons en aucun cas un mouvement de blocage. On veut soutenir un président-propriétaire qui reste dans la lignée des dirigeants historiques du FCN. Ceux qui laissaient travailler librement les entraîneurs. Sous Kita, il y a eu trop d'interventionnisme sur le plan sportif."
L'EXEMPLE DE PORTSMOUTH
En se projetant dans "l'après-Kita", Florian Le Teuff pointe directement la gouvernance controversée de l'homme d'affaires franco-polonais, propriétaire des Canaris depuis 2007. A son actif, l'ex-magnat de la lentille intraoculaire a changé huit fois d'entraîneurs, sa conception dirigiste du pouvoir et ses décisions hasardeuses ayant contribué à l'embourbement d'un club agglutiné au purgatoire de la Ligue 2 depuis août 2009.
"Le dialogue n'a jamais pu se faire avec le propriétaire actuel qui n'a jamais voulu nous rencontrer, prolonge Florian Le Teuff. Sa fortune n'est pas illimitée. Un jour, il vendra. En attendant, on souhaite étendre notre réseau. On sait que Waldemar Kita est impulsif. Il peut partir du jour au lendemain."
Dépeignant le tableau noir de l'ère Kita, le conseiller d'ALN Olivier Sieuzac cite pêle-mêle les "20 millions d'euros de pertes accumulées depuis six ans dont 12 cette saison." "14 entraîneurs se sont succédés depuis le dernier titre de champion acquis en 2001, précise-t-il. Il y a une crise des valeurs et une instabilité chronique. Aujourd'hui, on est revenu au niveau où était le club en 1959."
Dans sa démarche, ALN est appuyé par la fondation anglaise, Supporters Direct, leader dans le domaine de l'actionnariat populaire, soutenue par la Commission européenne. "A travers A La Nantaise, on veut promouvoir en France ce modèle d'actionnariat, explique Antonia Hagemann, chargée du développement européen de Supporters Direct. On a contribué à sauver 30 clubs dans 20 pays. Face à la crise financière et aux problèmes de gouvernance des équipes, l'action des supporteurs a payé en Espagne, Suède et en Angleterre." La jeune femme cite en exemple la reprise du club de Portsmouth, vainqueur de la Cup en 2008, placé sous contrôle financier au gré des dirigeants successifs, puis racheté le 10 avril 2013 par ses supporteurs.
LE SOUTIEN DE LA MUNICIPALITÉ
Parmi les 18 membres du conseil d'administration d'ANL siège notamment Jean-René Toumelin, ex-dirigeant du FCN (1996-1998). Cette figure historique des Canaris a rejoint le mouvement, guidé par une certaine "nostalgie". "Notre modèle de formation a été copié par plusieurs clubs, confie l'ancien président nantais. J'ai dirigé le FCN sous les entraîneurs Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix et je les laissais travailler librement. J'espère que le club redeviendra ce qu'il a été."
En mars 2012, les 65 conseillers municipaux de la ville de Nantes ont décidé à l'unanimité de soutenir l'association de Florian Le Teuff. "On avait beaucoup observé avec l'ancien maire Jean-Marc Ayrault l'évolution du club. L'actuel propriétaire le considère comme une entreprise privée de spectacle. Pour les élus, c'est un patrimoine collectif et un des éléments identitaires de la ville, développe Yannick Guin, conseiller municipal. La gestion du FCN nous inquiète et nous avons pu avoir des tensions avec le président actuel. Nous partageons donc la philosophie d'ALN et souhaitons que cette opération réussisse en cas de changement de propriétaire."
NANCY, LENS, GRENOBLE... INTÉRESSÉS
Membre du conseil d'administration de l'association, le juriste Jean-Pierre Clavier réfute toute "idée irréaliste de rachat du club." "On veut transférer le fruit de cette levée de fonds pour entrer au capital de la société qui gérera le FCN. On veut infléchir les décisions. En cas de cession, le nouveau propriétaire pourra se reposer sur notre structure qui sera une courroie de transmission vers les supporters", indique-t-il. Censée refléter la diversité des tifosi jaunes et verts, ALN est accompagnée par 25 sociétés oeuvrant dans divers domaines d'activité. Chef d'entreprise, Olivier Tardiveau souhaite ainsi "aider le nouveau propriétaire à s'intégrer dans le tissu économique nantais." "Les adhérents représentent autant de clients potentiels pour le sponsoring, l'animation des tribunes, la gestion des loges du stade", plaide le quinquagénaire.
En initiant le projet " Yes, we Canaris ", Florian Le Teuff est également désireux d'ancrer dans l'Hexagone du football un débat sur l'actionnariat populaire. "Les supporters de clubs en crise tels Nancy, Lens, Grenoble, Strasbourg, Le Mans s'intéressent à notre association ", glisse-t-il.
Dans son travail de prospection, le président d'ALN a ainsi rencontré plusieurs éventuels repreneurs du FCN. Qui sont-ils ? "No comment si on veut que ça marche", soutient-il. "C'est comme pour les joueurs sur le marché des transferts. Ils sont d'autant plus facilement achetés et à bon prix si on n'en parle pas aux médias", observe Olivier Sieuzac.
Soutenue par une myriade d'ex-joueurs et illustres figures du club ( Christian Karembeu, Patrice Loko, Japhet N'Doram, Nestor Fabri), ALN compte parmi ses adhérents un certain... Michel Der Zakarian, actuel entraîneur des Canaris. Evincé par Waldemar Kita il y a 5 ans après avoir pourtant promu la formation jaune et verte en Ligue 1, le technicien avait rejoint l'association au nom de la défense des valeurs du FCN. "Cela ne le dérange pas d'apparaître parmi les adhérents, note Florian Le Teuff. Mais il ne tient pas à ce qu'on en fasse la publicité."
18 Avr 2013, 13:15
18 Avr 2013, 13:28
18 Avr 2013, 13:50
18 Avr 2013, 13:59
negrOM a écrit:Arles-Avignon voudrait se lancer dans un projet hybride. Un investissement financier des supporters dans le club mais avec un faible pouvoir de decision. L'idée étant de fideliser une frange assez importante de supporters aux idées et valeurs du club.
Pour le FCNA, et tout autre club, ça peut etre une bonne solution mais en cas d'entrée au capital ils font comment pour élire leurs représentants? Des idées divergentes vont apparaitre et leur belle unité risque de s'évaporer.
18 Avr 2013, 14:17
18 Avr 2013, 14:25
18 Avr 2013, 15:03
19 Avr 2013, 12:43
21 Avr 2013, 21:39
21 Avr 2013, 21:46
21 Avr 2013, 22:15
21 Avr 2013, 23:17
22 Avr 2013, 04:54
gigi a écrit:Vous êtes dingues? Les gorilles des SW pratiqueraient le bourrage d'urnes pour faire élire Anigo président
22 Avr 2013, 10:14
22 Avr 2013, 15:07