Information
Six mois après nos révélations ("La Provence"
du 3 juillet) sur l’ouverture d’une information
judiciaire contre X pour "extorsion de
fonds en bande organisée, blanchiment, abus
de biens sociaux, recel et association de malfaiteurs",
une dizaine de policiers venus de
Paris ont perquisitionné hier pendant plusieurs
heures dans les locaux de l’OM.
Tout part de l’enquête sur les rackets commis
au préjudice de plusieurs discothèques
aixoises et de l’assassinat de Jacques Buttafoghi
le 19 novembre 2009, à Calenzana (Haute-
Corse), un proche du clan corse Federici.
Des écoutes téléphoniques vont mettre au
jour quelques suspicions d’extorsions de
fonds. Le parquet de Marseille avait ouvert
une enquête préliminaire incidente dès le
4 mai 2011 pour faire la lumière sur
d’éventuels liens entre des actes de grand
banditisme et le club marseillais. "On
s’intéresse effectivement à l’OM", nous confirme
alors une source proche de l’enquête.
Les deux juges en charge de la lutte contre
le crime organisé, Christophe Perruaux et
Thierry Azéma, préparent une opération. Plusieurs
écoutes ciblent des pressions et menaces
sur fond de transferts à l’OM, et notamment
autour du recrutement de l’attaquant
André-Pierre Gignac de Toulouse à l’OM au
mois d’août 2010, et du défenseur Souleymane
Diawara en 2009. Thierry D’Amico, proche
de Gignac et gérant de discothèque, est entendu.
Lors de sa garde à vue en février 2012, il
aurait évoqué le rôle d’un intermédiaire qui,
en 2007, serait venu le voir pour lui dire qu’il
serait bon que Jean-Luc Barresi, agent de
joueurs de profession, devienne l’agent de Gignac.
Il est aussi question d’un "clan corse"
qui aurait refusé la proposition de Barresi et
deux rendez-vous successifs, dont un au Sofitel
Vieux-Port, qui n’auraient rien donné. De
source proche de l’enquête, on évoque alors
"une liste de tentatives d’extorsions de fonds
ou de menaces avérées et des noms".
La justice soupçonne "une forte influence
de Jean-Luc Barresi dans la gestion de certains
transferts". En gros, pour être recruté à
l’OM, mieux vaut passer par Barresi et ses proches...
Une écoute livre quelques clés de compréhension.
L’un de ces agents s’y plaint de
ne pouvoir "récupérer" le joueur, au prétexte
qu’il serait "la propriété des frères Barresi et
de leurs proches". Une tierce personne serait
même intervenue pour le compte des Barresi.
C’est pour vérifier tout cela que les policiers
parisiens, assistés de quelques collègues
marseillais, ont visité hier les bureaux
de la présidence de l’OM, de la direction générale,
de la sécurité, de la direction sportive,
dont celui de José Anigo, de l’intendance et de
la cellule recrutement, et emporté des documents.
La justice disposerait aussi, selon nos sources,
de certains éléments lui laissant penser
que l’acquisition de certains joueurs a pu être
surcotée, afin que le "milieu" y prenne sa
part... D’où l’intérêt éventuel d’approcher certains
joueurs et non d’autres, et d’éloigner
certains agents de joueurs pour leur préférer
les "siens", plus malléables... Des rétro-commissions
ont-elles servi à rémunérer des gens
qui n’avaient rien à voir avec les transferts
des joueurs à l’OM? En dépit de nos efforts,
Jean-Luc Barresi n’a pu être joint hier.
Interrogé en juillet, M.Barresi ne niait pas
les rendez-vous, mais il contestait "toute extorsion
de fonds ou tentative de quoi que ce
soit". "C’est complètement faux", nous
avait-il alors confié.
La Provence