Des écoutes accablantesLe Canard Enchaîné révèle, mercredi, les écoutes téléphoniques qui ont conduit les agents du Service central des courses et jeux de la Direction centrale de la police judiciaire à soupçonner certains dirigeants de L2 (notamment ceux de Nîmes, Caen et Dijon) de «corruption sportive». En voici quelques extraits.
11 avril : Cercle athlétique bastiais-Nîmes, «c'est compliqué»La veille du match, Serge Kasparian, actionnaire de Nîmes, glisse à Jean-Marc Conrad, président du club : «C’est bon, normalement, c’est bon.» Après un repas entre Conrad et son homologue corse, Antoine Emmanuelli, le dirigeant rappelle Kasparian pour lui faire part de l’échec des négociations : «C’est compliqué… Demain, il y a le maire de Bastia qui sera là, le président du conseil régional, c’est un nationaliste ! On a bien discuté… Mais ils ont eu des problèmes avec la brigade des jeux sur des paris.» Réponse de Kasparian : «On trouvera autre chose». Les Nîmois étaient prêts à verser 50 000 euros au club et la même chose aux onze joueurs.
25 avril : Dijon-Nîmes, «c'est sûr, ils lâchent le match»Kasparian est sûr de son coup. Suffisamment pour fanfaronner avec son fils, troisième gardien chez les Crocos, au téléphone : «C’est sûr, ils lâchent le match. Enfin, ils le lâchent gentiment, je veux dire.» La veille du match, Michel Moulin, ancien dirigeant du PSG et du Mans, très proche de l’entraîneur du DFCO Olivier Dall'Oglio, confirme les dires de l’actionnaire à Conrad : «J’ai fait passer le message, ils vont pas jouer le match de leur vie. Par contre, arranger un match, c’est toujours compliqué (…) Maintenant, c’est une question de motivation. Toi, tu joues ta vie, Eux, ils jouent rien (…) Ils sont faibles dans l’axe. Il m’a dit : "Tu joues là-dessus, voilà, c’est à vous de prendre le match à 3000%"». Résultat ? Nîmes s’incline 5-1. Commentaire de Kasparian : «Franchement, on avait tout préparé pour qu’ils jouent tranquilles. Mais bon, à un moment donné, ils étaient tous seuls face au gardien. Il fallait bien qu’ils marquent !»
13 mai : Caen-Nîmes, «si on n'est pas trop cons... »Caen et Nîmes n’ont tous les deux besoin que d’un point : l’un pour monter en L1, l’autre pour se sauver. Le jour du match, le président du SMC Jean-François Fortin et Conrad s’entretiennent au téléphone.
Fortin : «Toi, c’est un point aussi ?»
Conrad : «Ouais, il nous faut un point, voilà.»
Fortin : «Ben, si on n’est pas trop cons, hein ?»
Conrad : «Dis-toi bien que le nouveau président de Nîmes, il n’est pas trop con. Il s’est même bonifié et a amené un cadeau pour tout le monde».
Les deux équipes se sont quittées sur un score de 1-1. Selon France 3, des caisses de vin de la région de Nîmes auraient été livrées dans le vestiaire caennais par le club gardois pendant le match.
Rédaction
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