Deschamps, c’est brûlant
À moins d’un revirement de situation, qui paraissait improbable hier soir, l’ex-entraîneur de Marseille doit succéder à Laurent Blanc, aujourd’hui, à la tête de l’équipe de France.
Didier Deschamps, qui a mis fin à ses fonctions d’entraîneur de Marseille (2009-2012) dans la nuit de dimanche à lundi dernier, a rencontré le président de la Fédération française Noël Le Graët, hier à Paris, pour évoquer la succession de Laurent Blanc à la tête de l’équipe de France. Après une semaine de réflexion, le Basque (43 ans) se sent finalement prêt à relever le défi. Il reste quelques modalités à régler dans la journée.
SI LES NÉGOCIATIONS avancent aussi bien aujourd’hui qu’hier, la vacance à la tête de l’équipe de France aura duré une semaine. Dans la journée, Didier Deschamps devrait être officiellement nommé à la tête des Bleus, en remplacement de Laurent Blanc, qui, il y a huit jours, avait préféré décliner la proposition de renouvellement que lui avait formulée Noël Le Graët.
Hier matin, celui qui n’est plus l’entraîneur de Marseille depuis le début de la semaine s’est rapproché du président de la Fédération, comme les deux hommes en étaient convenus quand ils se sont rencontrés lundi dernier, pour lui dire qu’il était d’accord pour négocier les modalités d’une collaboration. Après une semaine de repos et de réflexion, Deschamps a donc dépassé les réticences de certains de ses proches qui lui conseillaient de prendre une année sabbatique et décidé d’accepter le job que lui proposait le patron de la FFF. Il s’en sent les forces, il en a surtout envie. Même en convalescence, l’équipe de France reste l’équipe de France. Et aux yeux de Deschamps, qui a été champion du monde et champion d’Europe avec les Bleus en 1998 et 2000, ce n’est pas rien, évidemment.
Le Basque, qui n’a jamais fait mystère de son désir de s’asseoir un jour sur le banc des Bleus, n’a pas voulu laisser filer l’occasion qui se présentait. Après tout, le train ne serait pas forcément repassé une autre fois. Deschamps est bien placé pour le savoir, lui qui était intéressé par la fonction en 2008 avant que le conseil fédéral, avec Noël Le Graët comme vice-président, ne choisisse de reconduire Raymond Domenech, après un piteux Euro qui précédera le désastre de la Coupe du monde 2010.
Deux années renouvelables, mais sur quels critères ?
Cet épisode lui avait ouvert un peu plus les yeux sur ses rapports un peu trop compliqués avec certains pontes de la FFF mais aussi avec le toujours très influent Michel Platini, qu’il était allé rencontrer, quelques mois plus tard, pour aplanir leurs différends. La semaine dernière, le président de l’UEFA a d’ailleurs souligné que « DD » ferait un bon sélectionneur. Un petit événement après tant d’années de piques à son endroit.
À la FFF, Deschamps n’a plus que des alliés. À commencer par Le Graët, qui a fait appel à ses services par choix, après avoir été contraint de cohabiter avec Blanc en qui il ne croyait pas vraiment. Hier, le dirigeant breton a donc reçu Deschamps à Paris pour évoquer les contours de leur collaboration. L’entraîneur était accompagné de son avocat mais aussi de son agent, Jean-Pierre Bernès, avec lequel Le Graët était donc prêt à discuter.
Dans la soirée, la FFF a d’ailleurs confirmé sur son site Internet que les discussions étaient engagées. « DD » avait déjà regagné le sud de la France. Les négociations doivent reprendre dans la journée mais il n’est même pas dit que le technicien et le président de la Fédération aient besoin de se rencontrer physiquement pour lever les derniers obstacles à un accord, qui porterait sur un contrat de deux années renouvelables en fonction de critères sportifs qui restaient à déterminer hier soir. Si tout est réglé aujourd’hui, le nouveau sélectionneur pourrait donner une conférence de presse demain, au siège de la Fédération, à Paris.
Concernant la composition du staff technique, Deschamps semble s’être fait à l’idée de travailler avec moins de personnel que son prédécesseur. Ce n’est plus un secret, Le Graët trouvait l’encadrement des Bleus surdimensionné. Il entend donc profiter du changement de sélectionneur pour réduire la voilure. Deschamps, qui, à l’origine, souhaitait recomposer son staff technique marseillais, va pouvoir compter sur les services de son adjoint, Guy Stéphan. En revanche, il n’est pas dit qu’Antonio Pintus et Nicolas Dehon, respectivement préparateur physique et des gardiens, soient de l’aventure. Philippe Lambert et Franck Raviot, qui œuvraient avec Laurent Blanc, bénéficient d’un contrat à durée indéterminée à la Direction technique nationale. Vu la courte durée des premiers rassemblements, il n’est d’ailleurs pas exclu que Deschamps fonctionne sans préparateur physique dans un premier temps.
Une fois son contrat signé, ce qui pourrait être le cas dans la journée, Deschamps aura le temps de se lancer dans une sorte d’audit, notamment auprès du service médical sortant, pour finaliser la composition de son équipe. Il sera alors temps pour lui d’observer les Bleus, avec lesquels il devrait étrenner son costume de sélectionneur le 15 août, au Havre, en amical, contre l’Uruguay.
RAPHAËL RAYMOND
@L'Equipe papier