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La grande histoire de l'OM regorge d'épisodes surréalistes, de coups de théâtre stupéfiants, d'anecdotes ahurissantes. Mais depuis la nuit de dimanche à lundi, les annales olympiennes comportent un nouveau chapitre burlesque. Le divorce entre Didier Deschamps et le club marseillais a été officiellement prononcé à 1h49. Au terme de plusieurs semaines de tractations douloureuses, le Bayonnais a donc quitté son poste. Guy Stephan, son adjoint, Antonio Pintus, le préparateur physique, et Nicolas Dehon, l'entraîneur des gardiens, l'ont suivi. Un staff quasiment complet désormais contraint de se taire en vertu d'une clause de confidentialité.
Du coup, l'OM s'est retrouvé sans entraîneur hier matin au moment de la reprise. Une situation ubuesque. La direction du club avait demandé à Franck Passi, coach de la réserve, de rester dans les starting-blocks, au cas où. L'ancien milieu défensif avait donc annulé ses vacances pour assurer l'intérim en attendant la nomination d'un nouveau technicien. Dans un tel contexte, les supporters ont boudé La Commanderie. Ils n'étaient qu'une petite dizaine hier, quand une colonie de 200 personnes avait investi le parvis du centre RLD l'an dernier. La passion s'éteint au rythme des secousses qui ébranlent l'édifice bleu et blanc.
Les supporters désertent
Ce n'était pas La Commanderie, mais plutôt le désert de Gobi ! Hier, la poignée de supporters présente sur place pour la reprise officielle ne pouvait masquer le désamour entre le club et sa base. Le contingent de journalistes - plus élevé que le nombre de joueurs pros convoqués - était même deux fois supérieur au nombre des fidèles. C'est dire. Et c'est dans l'indifférence quasi-générale que les Olympiens ont fait leur entrée sur le parking du centre d'entraînement.
Cette frange de supporters a même eu du mal à reconnaître ses idoles. Et pour cause : on a bien aperçu une rutilante berline ou un massif 4x4, de marques allemandes, mais pas de vrombissements intempestifs. Par contre, l'intégration importante de jeunes pousses dans le groupe a entraîné un véritable défilé de voitures flanquées d'un "A" (comme apprentis, Ndlr) sur leurs pare-brises. Signe que les temps changent. Au final, Gignac était le premier à pointer le bout de son nez, aux alentours de 9 h ; Bracigliano, Fanni, Amalfitano, Diawara, Cheyrou, Morel et Rémy l'ont imité dans la foulée.
Des minots et des hommes
Convoqués pour 9 h 30, les Olympiens sont arrivés par vagues, jusqu'à 10 h. Seul absent de marque, André Ayew (lire aussi en page 27), alors que les pros cités plus haut ont tous répondu présent à l'appel. Les minots Aloé, Abdullah, Bangoura, Azouni, Diop, Fabri, Sy, Ammari, Anani et Jobello (presque 18 ans de moyenne d'âge), ont retrouvé les "anciens" que sont Leyti N'Diaye, Senah Mango et Pape M'Bow, mais aussi Kevin Osei, Chris Gadi et Billel Omrani (près de 22 ans de moyenne d'âge). Sans oublier un petit-déjeuner avec le staff.
Labrune est "Carbo"
Son bureau est resté allumé si tard dans la nuit de dimanche à lundi, que Vincent Labrune n'a finalement jamais quitté La Commanderie, où il a dormi. Après une saison éreintante psychologiquement, le président de l'OM vit des jours encore plus compliqués cet été. Dans son entourage, on le dit même "carbo" ces derniers temps.
Une intervention publique de sa part aurait néanmoins été la bienvenue hier. Elle aurait au moins servi à dédramatiser la situation. Le boss a pourtant continué d'observer la ligne de conduite fixée par Margarita Louis-Dreyfus. L'actionnaire majoritaire du club a en effet interdit temporairement aux dirigeants de s'exprimer.
Anigo en première ligne
Depuis le clash avec Didier Deschamps, à l'automne 2011, le directeur sportif olympien se tenait à l'écart de l'équipe première. Il travaillait néanmoins dans l'ombre pour bâtir les contours du futur OM. DD parti, José Anigo a repris le commandement des opérations et se retrouve à nouveau en pleine lumière. Il ressort donc plus puissant de ce conflit qui a gangréné le club ces derniers mois. Hier matin, il a suivi la séance au bord de la pelouse du centre RLD, ce qui ne lui était plus arrivé depuis presque un an. C'est également à lui que revient la charge de dénicher le futur entraîneur de l'OM.
Certains de ses proches ressortent par ailleurs du placard. Écarté par l'ancien capitaine des Bleus, Christophe Manouvrier, très apprécié des joueurs, retrouve son poste de préparateur physique auprès des pros. Une place qu'il occupait notamment en 2010, l'année du titre de champion de France. Laurent Spinosi - absent hier - est également de retour dans le staff de l'équipe première pour coacher les gardiens. L'ex-entraîneur de la réserve, Michel Flos, réintègre le club au sein de la cellule de recrutement. D'autres remaniements dans la maison olympienne sont également attendus au cours des prochains jours.
Alexandre JACQUIN et Jean-Claude LEBLOIS