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Vente du club OM : la piste de Dubaï La Provence des Sports
Le club marseillais intéresse des investisseurs emmenés par le banquier italo-suisse Pablo Dana. S'il ne s'agit pour l'instant que d'une phase d'approche, les prochaines semaines devraient être animées en coulisses
OM - OM : la piste de Dubaï
Après avoir convaincu Vincent Labrune, l'offre portée par Pablo Dana séduira-t-elle Margarita Louis-Dreyfus ?
Qu’on ne s’y méprenne pas. Si un groupe d’investisseurs a bien fait acte de candidature, si Vincent Labrune et ses acolytes semblent l’avoir validée, la vente de l’OM est encore loin d’être acquise... Offre concrète ou simple écran de fumée ? La réponse ne devrait pas tarder. En attendant, le futur de l’OM s’est peut-être écrit là, dans un restaurant étoilé de Marseille, lors d’un simple dîner... Une issue pour le moins ubuesque pour la maison bleue et blanche mais finalement pas plus improbable que cette saison chaotique où le pathétique a allègrement succédé au médiocre, plongeant le club dans une profonde crise sportive et structurelle, tandis que ses supporters sombraient dans une douleur lancinante. L’OM a plus que jamais besoin d’un sursaut. D’un véritable renouveau dont le premier pas a peut-être été franchi, mardi soir, dans le prestigieux restaurant Le Petit Nice Passédat. Là, Vincent Labrune a donc été aperçu avec Pablo Dana. Pas pour discuter gastronomie ou admirer la mer, même si l’Italo-Suisse, qui parle français couramment, était aussi à Marseille pour des raisons d’ordre privé. Les deux hommes ont surtout parlé d’une offre de reprise de l’OM. Depuis plusieurs mois déjà, ce rapporteur d’affaires dont la société est située à Dubaï, travaille à réunir un consortium d’investisseurs. Mais qui est vraiment ce Pablo Dana? Margarita Louis-Dreyfus sera-t-elle réceptive? Quelles incidences sur l’avenir de l’OM? Vincent Labrune peut-il faire partie du projet ? Décryptage.
Qui est Pablo Dana ?
Il ne faut pas s'y tromper : derrière les sourires et la légèreté des photos qu'il s'amuse à poster sur Twitter, se cache un redoutable homme d'affaires. Un banquier formé dès son plus jeune âge du côté de Ferrare, entre Padoue et Bologne, où son père, Victor Carlos Dana, membre éminent du Rotary Club local, dirige toujours son entreprise de consulting financier et commercial. Pablo Dana, 49 ans, aime se mettre en scène sans pour autant se dévoiler. Aussi bien son parcours que ses activités restent teintés de mystère. Ancien dirigeant d'une banque internationale, il s'est depuis tourné vers le secteur obscur des titres non-cotés - private equity -, oeuvrant désormais à Dubaï pour le compte de Heritage Wealth. Une société qui, parmi ses attributions, est spécialisée en "facilitation" d'opérations financières, via son réseau de partenaires. Cela va de l'acquisition d'entreprises à des levées de fonds... en passant par la vente de clubs sportifs. Un domaine où excelle Pablo Dana, connaissance de longue date de Vincent Labrune.
Passionné de sport et de grosses cylindrées, Dana s'était lié d'amitié avec un certain Michael Schumacher. L'homme de l'ombre aime se mêler aux stars ; fondateur duGlobal Legends Series - organisation à but caritatif qui fédère les anciennes gloires -, il y côtoie aux quatre coins du monde (riche) Figo, Scholes, Cannavaro, Materazzi, Shevchenko, Del Piero, Seedorf, Kluivert ou encore Christian Karembeu et Robert Pirès. Mais Pablo Dana s'est surtout fait connaître en 2015 lors du projet - toujours non abouti - d'entrée dans le capital de l'AC Milan, club dont il est tifoso, d'un consortium d'investisseurs conduit par le Thaïlandais Bee Taechaubol. Il agissait en rapporteur d'affaires, déjà adepte des réseaux sociaux où il aime prendre la température du contexte ambiant.
Quel rôle pour Vincent Labrune ?
Il est quasiment acquis que si l'OM reste en l'état, le président olympien quittera ses fonctions dans quelques mois. Touché par les critiques de la presse et la fronde des supporters, fragilisé par l'entourage de Margarita Louis-Dreyfus, l'Orléanais n'imagine pas poursuivre son aventure olympienne si de l'argent frais n'entre pas dans les caisses. Il est inconcevable pour lui de revivre le même été que celui de l'an dernier et d'être à nouveau contraint de céder tous les joueurs de valeur de l'effectif pour franchir le cap de la DNCG (Payet et Imbula l'ont été à ce titre en juin 2015, Batshuayi pourrait l'être dans trois mois...) Repreneur ou pas, le tandem MLD-VLB dans sa configuration actuelle ne survivra donc vraisemblablement pas à cette saison. Mais Labrune resterait-il au club si celui-ci était repris par le consortium d'investisseurs mené par Pablo Dana ? Possible dans un premier temps, histoire d'assurer la transition durant quelques semaines, voire quelques mois...
Après avoir été le conseiller de RLD, puis de sa veuve à partir de 2009, après avoir dirigé le conseil de surveillance de l'OM, puis être passé de l'ombre à la lumière en 2011 en prenant la tête du club, l'ancien attaché de presse de France Télévisions abat sa dernière carte avec ce dossier-là. Ça passe ou ça casse. La propriétaire lui a demandé de créer les conditions d'une vente et de réorienter vers elle les éventuels candidats au rachat, dans l'hypothèse où il serait directement contacté à ce sujet. Ce qu'il a donc fait dans le cas Dana.
Les prochaines semaines permettront d'y voir plus clair dans le jeu de rôles que se livrent les uns et les autres. Car, au-delà des hommes et des luttes de pouvoir, c'est bien d'un club de football dont on parle. Un club où les supporters ne demandent qu'à voir des buts et du spectacle. Rien d'autre.
C L'OM dans le sang
Quelles incidences sur l'OM ?
Depuis plusieurs semaines, de nombreuses rumeurs circulent autour du projet de rachat de l'OM. Si la plupart demeurent farfelus et sans fondement, les contacts concrets que nous avons pu confirmer entre Vincent Labrune et un consortium d'investisseurs représentés par Pablo Dana démontrent que les choses s'activent en coulisses. D'autres dossiers sont-ils entre les mains d'Igor Levin, l'avocat de Margarita Louis-Dreyfus ? À voir...
Cependant, l'approche de Dana va au-delà de la simple prise de température. Selon nos informations, les discussions courent depuis plusieurs mois. S'il représentait un consortium asiatique dans le projet de l'AC Milan, Dana conduirait cette fois-ci des investisseurs basés à Dubaï même, qui auraient trouvé avec Marseille une façon d'entrer dans le milieu du football.
Si aucun chiffre n'a filtré, l'investissement serait cependant moindre que celui consenti par QSI dans le PSG. Mais suffisant quand même pour réaliser un bon mercato, avec toujours Sampaoli en priorité sur le banc, et un ou deux renforts de choix pour redonner la foi aux supporters marseillais en même temps que de l'ambition au club. Si elle venait à être validée par MLD, l'opération prendrait toutefois un certain temps à être finalisée, étant donné les nombreux paramètres à prendre en compte dans la négociation du prix global (location du stade, prise en charge ou pas du passif...). Un laps de temps pendant lequel l'OM serait figé, aussi bien structurellement que sportivement. Un stand-by qui devrait permettre à Michel de terminer la saison sur le banc olympien. À moins qu'une nouvelle déroute, dimanche à Bastia, n'oblige l'actuelle direction à agir malgré tout.
Qu'en pense Margarita ?
Longtemps au beau fixe, les rapports entre la propriétaire et le président de l’OM se sont détériorés ces derniers mois, comme révélé par La Provence dimanche. Margarita Louis-Dreyfus est désormais davantage attentive aux recommandations de son avocat Igor Levin et de Mehdi ElGlaoui (à la tête du conseil de surveillance jusqu’en 2008) qu’à celles de Vincent Labrune. Elle n’a d’ailleurs pas vraiment apprécié d’entendre celui-ci dire au micro d’Infosport +, après l’humiliation contre Rennes (2-5, le 18 mars), qu’il se battait pour "la survie" de l’Olympique de Marseille et que le club n’avait "pas d’argent". Dans le nouveau cercle d’intimes de l’actionnaire, on réfléchit d’ailleurs à une refonte en profondeur de l’organigramme en vue de la saison prochaine, histoire de remettre tout à plat au sein de l’institution. Certaines sources indiquent même que VLB est sur la sellette depuis l’éviction de Philippe Perez, début février, et qu’il pourrait être remplacé d’ici l’été. Dans ces conditions, quel crédit MLD accorderait-elle aux investisseurs conseillés par l’Orléanais? La question se pose inévitablement. D’autant que son clan pourrait tout aussi bien avoir reçu d’autres marques d’intérêt de la part de potentiels repreneurs. La veuve de Robert Louis-Dreyfus reste en tout cas la seule et unique décisionnaire concernant l’avenir de son bien (pour rappel, l’OM, dont elle a hérité à la mort de son mari, lui appartient à titre personnel). Depuis cinq ans, elle ne s’exprime qu’à travers de brefs communiqués publiés sur le site officiel du club. Ses intentions sont souvent difficiles à cerner. Ce flou et ce silence ont mené la maison bleue et blanche vers la situation actuelle. Il est grand temps que la femme d’affaires russe fasse connaître sa position à haute et intelligible voix.